vendredi 30 novembre 2012

Demain à 8h, j'ai rendez-vous avec mon dentiste

 

Oh ma pauvre Ginger, entends-je déjà des milliers de voix s'exclamer de tout l'internet mondial, c'est une bien mauvaise façon de débuter son week-end ! 

 

Que toutes ces voix se détrompent.

 

Le dentiste est le seul membre du corps médical chez qui j'aime bien aller.

 

D'abord, c'est quelqu'un qui respecte votre pudeur (et votre frilosité).

 

Il ne vous demande jamais de vous déshabiller (ou alors il est grand temps de s'inquiéter) et se contente bien gentiment d'un modeste accès à votre cavité buccale.

 

Ensuite, il vous fait des compliments.

 

En tout cas à moi.

 

Oh, pas de façon directe – il est sans doute un peu timide – mais comme ça, dans la conversation, au détour d'une réflexion anodine.

 

Cela fait 2 ans que tu n'as pas fait de visite de contrôle Ginger ? Ce n'est pas bien ! Heureusement que tu as de bonnes dents....

 

(Merci Docteur, c'est parce qu'elles ont poussé très tard à ce que m'a dit ma Maman).

 

Et enfin, parce que quand je repars de chez mon dentiste, j'ai l'impression d'avoir des dents toutes belles, blanches et rutilantes (cf. le sourire du Joker).

 

Bien sûr, c'est juste une impression (personne ne m'a encore dit Oh mais Ginger, tu ne viendrais pas de chez ton dentiste !), mais ça ne fait rien. 

 

Beaucoup d'aspects positifs, somme toute, au fait d'aller voir mon dentiste. 

 

Mais il faut savoir qu'il existe quand même un inconvénient majeur à être psychologiquement trop bien préparé à ce genre de rendez-vous médical... 

 

C'est que, comme vous ne redoutez absolument pas de vous y rendre, votre cerveau n'enregistre pas nécessairement la date à laquelle il est fixé aussi bien qu'il le ferait s'il s'agissait d'aller s'exhiber, par exemple, au hasard, chez son urologue. 

 

Dans un tel cas, l'application cérébro-intégrée "décompte des jours" (1 mois avant : c'est bon, je n'y suis pas encore ; 15 jours avant : j'ai le temps, ça va ; 1 semaine avant : ça m'embête mais il faut bien que j'y aille ; 3 jours avant : on peut décommander ou c'est trop tard ? ; 1 jour avant : si seulement une météorite pouvait s'écraser sur la maison de mon médecin et le tuer sur le coup !) ne se met pas automatiquement en marche.

 

Vous pouvez donc très bien oublier votre rendez-vous. 

 

Et là, vous avez plutôt intérêt à souhaiter que votre dentiste ne soit pas rancunier. 

 

Parce que, dans le cas contraire, il est possible que vous trouviez votre rendez-vous beaucoup moins charmant...

 

J'espère que le mien aura définitivement tourné la page, c'était en 2010 après tout ! 

 

dentiste.jpeg

Oh les jolies petites pinces ! 

 

mercredi 28 novembre 2012

C'est pas parce qu'on appartient à la même famille...

 

... qu'on est obligé d'avoir le même style. 

 

C'est vrai. 

 

Par exemple, ce n'est pas parce que ma soeur porte de temps en temps des collants gris opaque que je suis obligée de faire pareil (même si je viens de m'en acheter). 

 

Et ce n'est pas parce que mon frère n'a toujours pas sorti son manteau (parce qu'il est thermodérégulé) que je suis obligée de continuer à porter mon imperméable (je ne suis pas thermodérégulée et en plus ça me mettrait en porte à faux avec ma soeur qui, elle, a déjà sorti son manteau depuis minimum un bon mois). 

 

Certes, le poids de nos origines communes et l'éducation similaire que nous avons reçue ont inévitablement créé entre nous certains points communs - nous savons tous bouger nos oreilles et nous aimons bien les huîtres - mais nous n'en restons pas moins des individus distincts présentant leurs lots de caractéristiques propres. 

 

C'est pour ça que si un jour il me prenait l'envie de m'habiller, mettons, en legging panthère rose, je n'irais pas d'abord m'interroger sur le fait est-ce conforme au style familial ? mais plutôt sur le fait est-ce conforme au style-tout-court ? (je pense que oui, et d'ailleurs la caissière de mon Franprix ne me contredirait pas vu qu'elle en porte elle-même). 

 

Bref, comme dit la publicité, sois toi-même, fais ce qui te ressemble et basta la familia (et puis voilà).

 

Mon amie Rachel et sa soeur ont parfaitement intégré ce principe de vie. 

 

Moins sur un plan vestimentaire, certes, que nominal, mais cela revient au même. 

 

Enceintes en même temps d'une petite fille (mais attention, pas la même), il a fallu qu'elles se décident chacune pour un prénom puisque, bon à savoir, les personnes de l'état civil sont prêtes à vous faire tout un tas d'embêtements si vous n'en choisissez pas (c'est quoi ce régime dictatorial ??!). 

 

Et au lieu de se téléphoner pendant des heures pour essayer de trouver des prénoms qui s'harmonisent parfaitement ensemble, en vue des futures réunions-de-famille-à-rallonge-où-bah-en-fait-tu-te-rends-compte-que-tu-aurais-été-bien-mieux-à-rester-chez-toi-devant-une-série-multi-rediffusée-d'M6, elles ont choisi chacune de leur côté le prénom qui leur plaisait le plus. 

 

(Notez en passant que je ne parle pas des pères parce qu'outre qu'on n'est jamais sûr que ce sont bien les pères, ils est normal qu'ils n'aient pas tellement voix au chapitre dans ce domaine vu qu'ils s'investissent relativement peu, pendant 9 mois, dans les préparatifs de la naissance). 

 

Résultat des courses : les deux cousines s'appellent aujourd'hui Prudence et Zelda.

 

Zelda.

 

Prudence.

 

Prudence

 

Zelda.

 

Heureusement que l'on s'enrichit de nos différences (surtout pour Zelda)...


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Une même famille politique, deux styles différents.

lundi 26 novembre 2012

Recycler sa bouteille de Hoegaarden vide

 

Données de départ : vous vous appliquez à concocter un époustouflant waterzooï de poulet aux baies rouges pour vos invités du soir. 

 

Suivant consciencieusement votre recette, vous faites d'abord revenir dans votre sauteuse tout un tas d'ingrédients - des baies rouges, du poulet, des baies rouges et encore des baies rouges - avant d'y verser généreusement 33 centilitres de Hoegaarden

 

Une fois votre plat fini, vous vous retrouvez donc - si vous avez correctement suivi jusqu'ici - avec une bouteille de Hoegaarden vide sur les bras. 

 

(Attention, vous n'avez pas nécessairement besoin d'avoir cuisiné à la bière pour connaître une situation semblable ; vous pouvez tout aussi bien y être confronté juste parce que vous êtes un sympathique alcoolique plutôt porté sur les produits à base de houblon - soit dit sans aucun jugement).

 

Que faire donc que de cette bouteille ? 

 

Vous pouvez d'abord décider de la jeter avec les ordures ménagères.

 

Il vous faudra dans ce cas mettre vos chaussures et vous assurer que vous êtes dans une tenue décente, prendre votre bouteille vide, retrouver vos clefs, sortir de chez vous, appeler l'ascenseur, attendre l'ascenseur, risquer de tomber nez-à-nez avec un voisin qui va vous prendre pour un alcoolique (inutile de lui préciser que vous venez de cuisiner un plat à la Hoegaarden, vous ne feriez qu'aggraver les choses en passant pour un alcoolique qui ne s'assume même pas), descendre jusqu'au local à poubelles, risquer de tomber nez-à-nez avec un cambrioleur psychopathe, ne pas vous tromper entre le bac jaune et le bac vert et refaire tout le chemin à l'envers... si vous en avez encore la force.

 

Autre possibilité : laisser traîner votre bouteille vide chez vous en attendant tranquillement qu'elle trouve son utilité. 

 

Autrement dit, faire un geste d'humanité à son égard, en lui offrant une seconde vie, en lui reconnaissant une existence en soi, indépendamment de son volatile contenu...

 

L'occasion peut se présenter si, par exemple, certains des amis pour lesquels vous avez préparé ce merveilleux waterzooï arrivent avec, en plus d'un produit de saison couramment désigné sous le nom de Beaujolais nouveau, une belle fleur de tournesol, et que vous n'avez pas de soliflore chez vous. 

 

Eh bien, hop, il vous suffit de prendre votre bouteille de Hoegaarden vide (pas celle de Beaujolais nouveau puisqu'elle est pleine et que vos amis qui vous l'ont offerte pourraient se formaliser de vous voir en déverser le contenu dans l'évier, même si bon, on est d'accord, le seul mérite du Beaujolais nouveau est bien souvent d'être nouveau), vous mettez un peu d'eau dedans, vous y glissez la tige, et le tour est jouté !

 

Une déco classe et sympa qui bouscule audacieusement les codes du genre.

 

Un recyclage propre et économique qui sauve des bouteilles d'une fin à la fois brutale et indigne.

 

Bien sûr, cela n'est qu'un exemple.

 

Vous pouvez tout aussi bien faire de votre bouteille de Hoegaarden vide un cendrier, un rouleau à pâtisserie, un instrument de musique à vent, un presse papier, un collecteur de billes de cartouches, un pied de lampe, une arme de poing, une batte de base-ball, un calendrier maya...

 

Laissez libre place à votre imagination ! 

 

 Hoegaarden.jpg

J'aimerais bien me réincarner en bouteille de Hoegaarden...

lundi 19 novembre 2012

Le prochain film que je n'irai pas voir

J'aimais bien l'affiche avec son esthétique fifties assumée, à mi chemin entre Mad men et Mad men (la référence fifties incontournable du XXIe siècle pour tous les incultes des fifties).

 

Ses couleurs acidulées me donnaient presque envie de rester de bonne humeur en entendant les haut-parleurs de la RATP grésiller que "Le trafic est perturbé sur la ligne 6, cela fait suite à panne de signaux(Ils vont se décider à nous les changer un jour ces signaux ou ils attendent encore une douzaine de pannes aux heures de pointe ? Et sinon elle peut pas au moins parler français la dame au micro ? Ca l'embêterait de dire "cela fait suite à une panne de signaux" au prix qu'on paye pour le pass navigo ?).


Et puis les personnages de l'affiche aussi me plaisaient bien.

 

Elle, jeune, espiègle, charmante. Lui, la trentaine avantageuse, un air mi-sérieux mi-pas-sérieux, un peu renfrogné mais pas trop, séduisant. 

 

Avec mon flair habituel, j'ai vite deviné que derrière tout ça se cachait une bonne vieille comédie sentimentale illustrant un principe ancestral qui veut que les plus violentes antipathies débouchent sur les histoires d'amour les plus idylliques (attention, lecteur, ça ne marche que dans les livres ou les films). 

 

On l'a bien constaté dans Orgueil et préjugés, et j'avais déjà le fol espoir de pouvoir vibrer pour un nouveau Darcy avec la sortie prochaine de ce film intitulé... attendez, c'est quoi déjà le titre... comment ça, Populaire ?!

 

Oui, vous avez bien lu, Populaire

 

Aïe, le titre est mauvais. 

 

Très mauvais. 

 

On sent la comédie sentimentale qui ne s'assume pas.

 

Et une comédie sentimentale qui ne s'assume pas, c'est comme un dépressif chronique à qui l'on confie l'animation de la fête des voisins : ça ne marche pas. 

 

Je voulais en avoir le coeur net et, du coup, je suis allée jeter un coup d'oeil au synopsis du film sur Allociné

 

"Printemps 1958. Rose Pamphyle, 21 ans, vit avec son père, veuf bourru qui tient le bazar d’un petit village normand. Elle doit épouser le fils du garagiste et est promise au destin d’une femme au foyer docile et appliquée. Mais Rose ne veut pas de cette vie. Elle part pour Lisieux où Louis Echard, 36 ans, patron charismatique d’un cabinet d’assurance, cherche une secrétaire. L’entretien d’embauche est un fiasco. Mais Rose a un don : elle tape à la machine à écrire à une vitesse vertigineuse. La jeune femme réveille malgré elle le sportif ambitieux qui sommeille en Louis… Si elle veut le poste, elle devra participer à des concours de vitesse dactylographique. Qu’importent les sacrifices qu’elle devra faire pour arriver au sommet, il s’improvise entraîneur et décrète qu’il fera d’elle la fille la plus rapide du pays, voire du monde ! Et l’amour du sport ne fait pas forcément bon ménage avec l’amour tout court…"

 

Re-aïe. 

 

Pour trois raisons, rien que ça. 

 

1) Une jeune fille promise à un tragique destin de "femme [de garagiste] au foyer docile et appliquée" qui envoie tout valser, rompt avec son fiancé, se brouille à jamais avec son père, part sans ressource aucune de chez elle, tout ça pour devenir secrétaire à Lisieux, c'est un peu la montagne qui accouche d'une souris...

 

Un peu d'ambition que diable, on est au cinéma, là où everything is possible et bigger than life !

 

Pamphyle devait au moins devenir chef de service à l'Hôtel Dieu, vénéneuse espionne trilingue, danseuse au Lido... que sais-je !

 

Là, déjà, j'ai un sérieux doute sur les capacités personnelles de la Pamphyle et ça, c'est terriblement mauvais pour l'intérêt que vont susciter ses aventures chez moi...

 

Bref, passons.

 

2) "Louis Echard, 36 ans, patron charismatique d’un cabinet d’assurance".

 

Incohérence monstrueuse. 

 

Charisme / cabinet d'assurance. 

 

Inutile d'en dire plus, vous m'aurez comprise. 

 

3) "Si elle veut le poste, elle devra participer à des concours de vitesse dactylographique. [...] il s’improvise entraîneur et décrète qu’il fera d’elle la fille la plus rapide du pays, voire du monde !"


Et pourquoi pas de la galaxie pendant qu'on y est ? 

 

On devait drôlement s'embêter, dites donc, en 1958, quand on était patron à Lisieux, pour prendre en test une secrétaire avec laquelle on ne s'entend pas, juste pour en faire une bête à concours de dactylographie ! 

 

Il se serait agi de concours de lancers de fléchettes, à la limite, j'aurais compris.

 

A l'époque, il y avait peut-être des bars à Lisieux qui organisaient des tournois de fléchettes en binôme patron/secrétaire, avec à la clef une bière gratuite pour le patron, je ne sais pas....

 

Mais se démener pour un concours de rapidité à la machine à écrire, non, on ne comprend pas !

 

Ou bien Louis est lui aussi un peu borderline intellectuellement (et moi les histoires d'amour entre arriérés mentaux ça ne m'intéresse pas spécialement), ou bien Louis est un sadique qui aime torturer sa secrétaire en lui faisant faire n'importe quoi comme par exemple des concours de dactylographie (et moi les sadiques j'en connais déjà suffisamment dans la vraie vie pour ne pas me payer le luxe d'aller en plus en découvrir de nouveaux au cinéma). 

 

Autant de raisons pour lesquelles, a priori, vous ne me croiserez ni à l'avant-première, ni à la première, ni aux post-première de Populaire...

 

Ceci dit, je ne suis pas quelqu'un de définitif, rigide et borné.

 

Je réétudierai en conséquence peut-être la question si le film dépasse les 35 millions d'entrées et devient réellement... euh... bah... Populaire justement !

 

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mercredi 14 novembre 2012

Une passoire et ça repart

 

Il y a des jours comme ça où vous auriez presque l'impression que tout va mal.

 

Vous dressez la checklist et rien ne marche :

 

  • vie professionnelle : arrivée impromptue d'un énorme hippopotame qui envoie valser à peu près tout ce que vous aviez péniblement construit pendant des mois en cherchant maladroitement la porte de sortie (trop petite),

     

  • vie personnelle : invasion massive de mites qui dévorent tout ce qui vous semblait encore à peu près potable, y compris dans certains recoins que vous pensiez inaccessibles (la vie est pleine de surprises),

     

  • vie extraterrestre : encore et toujours le néant (Roswell mais où es-tu ?!).

 

Et puis, vous qui pensiez finir la journée sur une note un peu mélancolique, voilà que vous passez dans votre Monoprix et qu'au moment où vous jetez un coup d'oeil blasé au rayon cuisine en vous disant qu'avec la chance que vous avez il n'y aura même plus de passoire pour vous permettre de remplacer la vôtre qui tombe en ruine, voilà que vous découvrez que si, il en reste une.

 

Une seule.

 

Elle est là qui vous tend les bras anses.

 

Elle semble vous avoir attendu bien gentiment depuis des siècles, calée entre une pile de serpillières et un lot de bassines, juste pour que vous la trouviez ce soir-là.

 

Il n'y a pas de coïncidences dans la vie me suis-je dit en me saisissant de ma nouvelle passoire (et accessoirement nouvelle (meilleure) amie).

 

A la caisse, j'ai presque failli pleurer d'émotion.

 

Rien n'est jamais tout noir dans la vie.

 

D'ailleurs ma nouvelle passoire est blanc transparent. 

 

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Ma vieille passoire (bleue). Ca m'apprendra à acheter chinois. 

mardi 13 novembre 2012

Faire un bon Magritte en 5 minutes

 

Grâce aux Éditions Atlas et à toutes leurs collections de fiches pratiques, vous avez sans doute appris des tas de trucs très utiles pour la vie de tous les jours.

 

Comme par exemple comment démonter entièrement un moteur de 2 chevaux avec un simple tournevis / fabriquer une perruque XVIIème siècle poudrée à partir de crins de cheval / confectionner un dinosaure grandeur nature en papier carbone / installer une fausse cheminée dans son évier… le tout, bien sûr, en moins de 5 minutes, ère de l'efficacité oblige.

 

Mais avez-vous pour autant appris à faire du bon Magritte en un temps record ?

 

Moi, j'ai eu beau chercher parmi les toutes mes fiches Atlas, je n'ai rien trouvé de tel.

 

Une vraie lacune dans ma vie de tous les jours - et même un véritable obstacle à mon épanouissement de femme - que j'ai décidé de combler le week-end dernier, en me rendant au musée Magritte de Bruxelles avec mon amie Suzanne (qui, elle non plus, ça tombe bien, ne savait pas comment faire du Magritte en 5 minutes).

 

Lorsque nous sommes arrivées au musée, c'était chouette, il ne pleuvait pas.

 

La journée commençait vraiment très bien, nous n'avions pas à nous trimballer des parapluies ruisselants qui vous dégoulinent sur les jambes.  

 

Comme nous n'avions pas pris nos billets à l'avance vu que nous ne savions pas exactement à quelle heure nous allions arriver – oui, nous sommes l'une et l'autre des modèles de désorganisation assumée, par exemple il nous arrive bien deux fois par an de faire des courses sans liste de courses –, nous avons fait comme nos camarades citoyens Belges amateurs de culture : nous avons pris la queue.

 

L'attente ne s'annonçait pas trop longue heureusement.

 

Nous l'avions estimée à ¼ d'heure tout au plus.

 

Mais c'était sans compter sur le monsieur qui est venu se planter juste à notre niveau à Suzanne et moi en disant bien fort à nous et à tous ceux qui étaient derrière :

 

Holà, les gens, à partir d'ici dans la file, suivez-moi, je vous emmène à une autre queue !

 

Trop d'la chance on s'est dit avec Suzanne en marchant bien juste derrière le monsieur, histoire que personne ne nous double, on va passer en 2 secondes alors que les gens juste devant nous en ont encore pour de longues minutes d'attente les pauvres (gentil monsieur).

 

Mais lorsque nous avons constaté que le monsieur, il ne nous conduisait pas à une caisse qui venait de s'ouvrir, mais en plein dans une autre file encore plus longue que celle dans laquelle nous étions avant, nous avons un peu déchanté (méchant monsieur).

 

Hé oui, en Belgique, approcher Magritte, ça se mérite.

 

½ heure plus tard, ça y est, nous y voilà, nous achetons nos places pour le musée.

 

- Étudiantes ?

 

- Non, plus maintenant (petit rire aigre de Suzanne qui visiblement a mal vécu la transition).

 

- Vous pourrez accéder au musée à partir de 12h30.

 

- Mais il est 11h30...

 

- Oui, mais c'est comme ça, c'est un accès par tranches horaires décalées.

 

- (petit rire aigre de ma part - d'une façon générale, je vis assez mal les tranches horaires décalées)

 

- Personne suivante !

 

En Belgique, approcher Magritte, ça se mérite vraiment.

 

(Ou bien alors il faut acheter ses billets en ligne.)

 

Bien sûr, quand nous sommes ressorties avec 1 heure à tuer, il pleuvait, ce qui nous a permis de revenir 1 heure plus tard avec des parapluies ruisselants qui nous dégoulinaient sur les jambes pendant toute la visite...

 

Mais, rassurez-vous, l'expérience Magrittienne ne s'est pas trouvée compromise pour si peu. 

 

Je le clame haut et fort : je sais dorénavant comment faire un bon Magritte en 5 minutes chrono.

 

Sans aucun risque d'erreur.

 

Ginger, un peu présomptueuse ? 

 

Non, pas du tout.

 

Après m'être enfilé 200 toiles et quelques, tout s'est éclairé et j'ai compris qu'en fait, tantôt Magritte était inspiré et faisait du Magritte parcours libre, tantôt il n'était pas inspiré et il piochait dans ses basiques pour faire du bon Magritte déjà vu mais toujours apprécié.

 

Ca devait en général plutôt arriver à la fin du mois voyez-vous, quand Georgette et lui se demandaient un peu comment ils allaient bien pouvoir payer le nouveau loyer car, mon Dieu, que voulez-vous, il faut bien vivre. 

 

Bref, pas la peine de se casser la tête à faire du Magritte parcours libre, c'est bien trop compliqué.

 

Contentez-vous de la voie de la facilité (visons bas mais visons juste) et faites comme moi du bon Magritte déjà vu mais toujours apprécié.

 

Comme je suis une fille très sympa (je ne sais plus qui me le disait encore hier), je vous donne la recette de René himself

 

Attention, concentration. 

 

1) D'abord, on met un peu / beaucoup / à la folie de ciel bleu clair bien nuageux dans sa toile.

 

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2) Ensuite, on rajoute des rideaux (de préférence des rideaux rouges) quelque part, à un endroit où normalement il n'y a pas de rideaux (c'est ça le surréalisme voyez-vous). 

 

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3) Après ça, on s'assure qu'on a bien fait figurer n'importe où au bas de la toile un objet de forme sphérique (de préférence une bille grise mais ça peut aussi être une pomme verte) (la pipe non, ça c'est du Magritte inspiré). 


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4) Il ne reste alors plus qu'à assembler tous ces éléments et à donner à son tableau un titre sans rapport avec son contenu (par exemple Promenade en motocyclette ou Vision éphémère).  

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Le beau monde


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La Joconde

 

 

On récapitule :

  • du ciel nuageux,

  • des rideaux,

  • un objet de forme sphérique posé au sol,

  • un titre inattendu,

et vous êtes sûr de faire du 100% Magritte pas inspiré (mais Magritte quand même).

 

Et vous surpassez même le Maître puisque, vous, vous pouvez dire bien pédantesquement, en présentant votre toile, que Non, ceci n'est pas du Magritte (alors que pour lui, si, c'est forcément du Magritte). 

 

Merci qui ?

 

Merci Ginger !

vendredi 9 novembre 2012

Allo ?

 

Il y a des choses inexpliquées dans la vie.

 

En tout cas pour moi.

 

Et dans mon lot de choses inexpliquées, arrive en pôle position le mot « allo ».

 

Comment en est-on arrivé à tous l'employer lorsque l'on décroche le téléphone ?

 

Est-ce que le téléphone a été inventé par un certain Monsieur Allo ?

 

Est-ce que dans la notice d'utilisation des premiers téléphones, un petit farceur avait indiqué que, pour que la communication s'établisse, chaque conversation devait nécessairement commencer par un « allo » ?

 

Est-ce que le mot « allo » était très à la mode à l'époque du développement du téléphone et du coup ça faisait bien de commencer toutes ses phrases par ce mot, et notamment ses phrases téléphoniques ?

 

Je ne sais pas.

 

En fait, je refuse d'aller chercher l'explication sur Wikipedia pour préserver un des derniers pans de mystère de ma vie (avec aussi pourquoi les canards ne volent pas alors qu'ils ont des ailes ?).

 

Mais là où le début de cet article est un peu court, c'est qu'il ne précise pas que non seulement on dit « allo » au début d'une conversation téléphonique, mais également au cours de la conversation téléphonique, en cas de difficulté de connexion (téléphonique).

Moi, ça m'arrive de temps en temps.

 

Parce qu'en fait, quand je sors du travail, je me dis parfois :

 

Tiens, et si je passais un petit coup de fil à ma sister ? J'ai plein de trucs inintéressants à lui raconter, et avec les personnes qui ne sont pas de la famille je n'ose pas forcément...

 

Donc, si vous faites partie de ces nombreux espions envoyés par le KGB pour me surveiller H24, vous m'avez sans doute déjà vue, vers 19h20 – 19h30, dégainer mon portable et l'appeller.

 

Hi, soeurette, comment ça va ? Je ne te dérange pas ? Les nephews n'ont pas besoin de toi là maintenant tout de suite ? Ton husband n'est pas encore rentré ? Tu n'es pas en train de faire cuire des trucs à surveiller de très près comme du caramel ou des chipolatas ?

 

En général, ou disons dans 75% des cas, non.

 

Alors un échange s'engage.

 

On se raconte notre journée, les trucs glop, les trucs moins glop, les nouvelles des uns, des autres, pourquoi on n'a pas apprécié telle chose, ce qu'on aurait fait à la place d'untel, comment ça marche un retour gratuit chez Zalando, c'est dans quel sens le changement d'heure, etc.

 

Et moi, lorsque je suis bien lancée, que je suis vraiment en confiance avec mon interlocuteur (ce je suis avec ma sister vu qu'on se connaît depuis tellement longtemps qu'on pourrait chacune être l'autre et inversement, et même bien plus encore), je peux développer assez longuement un sujet.

 

Non, parce que tu vois (ben non, forcément tu vois pas), mon réveil est à moitié sénile maintenant, il ne s'allume plus lorsque j'appuie sur le bouton « push » du haut ce qui m'empêche de voir l'heure la nuit, il ne fait plus les changements d'heure tout seul du coup j'ai été obligée d'enlever et de remettre les piles lorsqu'il affichait une heure du matin pour qu'il se cale sur la nouvelle heure, en plus je ne peux plus le ranger dans son boîtier vu que depuis que j'ai marché dessus, il ferme beaucoup moins bien. Mais je ne veux pas en changer non plus parce qu'il marche toujours et en plus j'y suis attachée sentimentalement, c'est un réveil qui m'a accompagnée pendant des années, dans les bons moments, dans les moments plus difficiles, et je ne me vois pas...

 

A cet instant, je réalise que Tiens, ça manque quand même un peu de répondant de l'autre côté de l'appareil.

 

Trois hypothèses :

  • Est-ce que je l'ennuierais avec mes histoires de réveil pourtant ultra passionnantes ?

Non, je ne peux pas le croire, ma soeur s'est toujours montrée très concernée par les histoires de réveil en général, surtout qu'en mettant le sien à 6h30 tous les matins, soit 1 heure avant moi, ce n'est pas un sujet qui peut la laisser indifférente...

  • Est-ce qu'elle aurait fait une crise d'hyperglycémie ?

Non, on ne fait pas de crise d'hyperglycémie dans la famille même après une tarte tatin, un gâteau aux biscuits roses de Reims, un tiramisu aux speculoos, des cookies, etc...

  • Est-ce que la communication aurait été coupée ?

Plausible puisque je me rends compte à cet instant que je viens d'entrer dans la bouche de métro et que ça coupe toujours en général à ce moment là....

 

Seul moyen d'en avoir le coeur net : le fameux « allo » répété pour l'occasion entre 2 et 3 fois, avant de retirer mon portable de l'oreille pour constater que oui, nous avons bien été déconnectées.

 

Rien de grave, bien sûr, sauf que coupée dans mon élan, je laisse là mon histoire de réveil pour passer à un autre sujet de fond...

 

... et que, donc, ma pauvre soeur n'aura jamais connaissance de toute l'étendue des liens à la fois riches et complexes que j'ai noués avec mon réveil au fil des années.

 

Dommage...

 

 

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mercredi 7 novembre 2012

Comment annoncer sa grossesse à ses amies

 

Doit-on convoquer le ban et l'arrière ban pour une annonce solennelle, doit-on glisser la nouvelle comme ça, entre deux portes (au fait les filles, avant que vous ne partiez, je suis enceinte), ou doit-on laisser parler les images en publiant sans autre commentaire son échographie en photo de profil sur Facebook ?

 

Voilà une question qu'elle n'est pas évidente à (de ?) répondre...

 

Mon amie Cora, elle, a opté pour une solution originale.

 

Pour briser avec le côté toujours un peu mièvre de l'annonce d'une naissance (allons, allons, convenez-en), elle a eu l'ingénieuse idée de la noyer dans une autre information beaucoup plus impactante à court terme, pour ses destinataires, et aussi beaucoup moins bisounoursland (à tous termes).

 

Mise en situation.

 

Avec elle et Emma, nous avions prévu, depuis la fin du mois d'août, de nous retrouver pour aller passer une journée à Bruges, au cours du week-end de la Toussaint, parce que Non, décidément, il ne fallait pas laisser passer autant de temps que la dernière fois avant de nous revoir.

 

La date était donc arrêtée depuis un peu plus de deux mois.

 

Pendant ces deux mois, chacune de notre côté, nous avons vaqué à nos occupations de filles très actives et compétentes (enfin surtout moi, j'ai quand même regardé toute la saison 1 d'Urgences + une partie de la saison 2).

 

Et puis, il y a une dizaine de jours, voyant la date approcher, j'ai décidé d'envoyer un petit mail de rappel (plein d'humour et d'esprit avec tout un tas de blagues sur les Belges) pour être bien sûre que les troupes étaient toujours mobilisées.

 

Parce que, si la vie m'a appris une chose, c'est bien qu'avant une sortie, il faut envoyer des mails de rappel si on ne veut pas se retrouver tout seul le jour J (même si, nous sommes bien d'accord, ce n'est jamais une garantie).

 

La réponse d'Emma ne s'est pas faite attendre : dans les starting-blocks depuis deux mois, elle proposait gentiment qu'on prenne sa voiture pour nous rendre à Bruges et nous suggérait un bon restaurant recommandé par des amis.

 

La réponse de Cora a mis un peu plus de temps à nous parvenir...

 

(Morceaux choisis avec passages clefs en gras pour une encore meilleure compréhension)

 

« coucou les filles!!!

Bon ca y est je peux officiellement vous l'annoncer: Julien et moi attendons un bébé pour avril!
Autrement dit, je suis enceinte de bientôt 4 mois!!

J'en profite pour vous le dire maintenant car malheureusement, j'espère sincèrement que vous allez me comprendre, je ne me sens pas trop de vous suivre pour cette virée à Bruges.... 
Ouh là, j'ai conscience de plomber l'ambiance d'un coup, mais je compte sur vous pour vous mettre à ma place: nous étions en WE famille à Bruges fin septembre,  c'est à cette occasion que je l'ai annoncé à ma mère d'ailleurs. Et durant ces deux jours, nous avions déjà marché 3/4 par jour [???], ce qui n'est pas énorme surtout pour des sportives comme nous (cf les 23km à Amsterdam sans pause bière digne de ce nom), mais malgré cela, j'étais déjà bien crevée, et ça me tirait le ventre.

Voilà pourquoi que je ne me sens pas de repartir pour un tour, et il est hors de question que vous alliez à Bruges sans vous balader normalement ».

 

Sur le coup, à l'annonce de cette heureuse nouvelle, c'est bizarre, je n'ai pas sauté de joie.

 

Sans doute parce que j'avais l'esprit préoccupé par le dossier que j'étais en train de travailler.

 

Alors que, c'est vrai, il aurait été normal que je me réjouisse sans mélange de l'annonce de la venue d'un bébé au bout de quatre mois de grossesse seulement, à la faveur d'un mail de faux-bond de dernière minute...

 

Et en plus, Cora se montrait vraiment très attentionnée en insistant pour qu'Emma et moi nous y allions quand même, malgré tout, à Bruges (un peu comme dans les films d'action où le lieutenant du héros, à la suite d'une violente explosion, se retrouve avec une énorme plaque minéralogique de 4x4 fichée en plein dans la jambe et dit au héros Non, non, continue sans moi et le héros dit Non, Freddy, même si je dois y laisser ma peau, je ne t'abandonnerai pas).

 

Tout ça par écrit, dans un mail, sans risquer de me déranger par un long coup de fil inopportun.

 

Le mail 2 en 1 - je t'annonce une heureuse nouvelle / je plante ton projet - peut bien sûr se décliner dans différentes versions :

  • annonce de fiançailles / défection de dernière minute pour une mission aide au déménagement,

  • annonce de mariage / annulation de dernière minute de la participation à la soirée raclette + du prêt de l'appareil à raclette,

  • annonce du gain de 55 millions remporté au Loto / annulation de dernière minute des vacances en Creuse.

 

L'avantage, pour l'auteur, c'est aussi qu'il est à peu prêt sûr de recevoir des félicitations un tout petit peu plus retenues que le flot de celles auxquelles il aurait droit en recourant à un mode d'annonce classique. 

 

Bref, à tester à la première occasion !

 

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lundi 5 novembre 2012

Les inégalités Homme - Femme sont partout

 

Dans le titre de cet article déjà.

 

Pourquoi "Homme" avant "Femme" ?

 

Juste parce que ça sonne mieux, c'est ça ?

 

Notez que le classement par ordre alphabétique ne commandait pas cet ordre de présentation (non mais qui a écrit cet article ?!)...


 

Sur le marché matrimonial, ensuite.

 

52 % de Femmes pour 48 % d'Hommes, le jeu des chaises musicales se fait clairement au détriment des premières.

 

Pas de place pour les exigences, on prend ce qui nous tombe sous la main et on est déjà bien contentes.

 

 

Sur le marché du 4ème âge enfin.

 

Espérance de vie des femmes : 84,3 ans ; espérance de vie des hommes : 77,8 ans.

 

Sachant que dans un couple, l'homme est en moyenne âgé de 2,6 ans de plus que la femme, celle-ci reste seule à errer comme une âme en peine sur cette Terre pendant pas loin d'une dizaine d'années rien que ça.

 

Pire, alors que son époux a eu droit à ses soins attentifs au moment de passer de vie à trépas, plus personne n'est là pour l'assister dans ses derniers instants.

 

 

Nous, Femmes, pourrions nous aigrir de ce déséquilibre constant en notre défaveur.

 

Mais non, nous sommes au-dessus de ça. 

 

Pour autant, pas question de rester là, les bras croisés, à souffrir en silence.

 

J'ai bien réfléchi et voilà les solutions que je préconise pour remédier à ces inégalités patentes :

 

1- adresser une pétition à l'auteur de cet article pour exiger de lui (d'elle ?!) l'inversion de l'ordre d'apparition des mots "Homme" et "Femme" dans son titre,

 

2- enlever le surplus de 1,5 % d'hommes Chinois pour absorber le déséquilibre démographique qui plombe les chances d'union des femmes Françaises,

 

3- faire comme ma cobureau et moi : anticiper la question de l'isolement post-dissolution du lien conjugal pour cause de décès du conjoint, en se mettant dès à présent d'accord avec tout un tas d'amies pour se retrouver, une fois lâchées par nos maris, dans la même maison de retraite (Hey les filles, scrabble-thé party à 18h15 chez Jeannette, ça va envoyer du lourd !).

 

Le front de libération des Femmes est en marche, qu'on se le dise...

 

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On se dépêche, il n'y en aura pas pour tout le monde...

jeudi 1 novembre 2012

J'ai vécu une expérience tennistique forte

 

Le tennis ? 

 

Cela fait à peu près une bonne quinzaine d'années que j'y joue. 

 

J'en ai fait en club, pas en club, avec des amis, avec des ex-amis (enfin des amis qui sont devenus ex-amis depuis), avec des gens de ma famille (y compris avec mon beau-frère), avec des voisins, et même dernièrement avec un rat

 

C'est dire si j'ai fait à peu près le tour de ce sport. 

 

Mais je n'étais par contre encore jamais allée aux Masters de Paris-Bercy

 

Pas plus d'ailleurs qu'à aucun match de tennis professionnel. 

 

J'avais vaguement essayé de réserver des places pour Roland Garros, une année, mais j'avais vite compris qu'il était plus facile de devenir directement Président de la Fédération française de tennis (auquel cas on a automatiquement des places).

 

Et comme j'ai un peu plus d'ambition que ça dans la vie, j'ai laissé tomber Roland Garros et aussi tous les autres tournois de tennis. 

 

Jusqu'à lundi où j'ai reçu un texto de Sigried

 

Yo (elle ne parle pas un français extrêmement raffiné Sigried), j'ai 2 places pour ce soir pour les Masters de tennis de Bercy, ça t'intéresse ? 

 

Moi j'ai immédiatement répondu : 

 

Yo (mimétisme social), oui ça m'intéresse, c'est à quelle heure ? J'apporte quoi ? Il faut venir avec sa raquette ? Et sinon il fait froid à Bercy ?  (névrose classique)

 

En fait - je fais circuler l'information - il ne fait pas froid du tout à Bercy, c'est chauffé, donc inutile de venir avec votre couette. 

 

Et sinon, ce n'est pas la peine de venir non plus avec sa raquette puisqu'on est là pour regarder d'autres personnes jouer.

 

Le premier match, c'était Gilles Simon contre Victor Hanescu

 

Au début, j'avais décidé de soutenir à fond Gilles Simon parce qu'il fait parfois de très belles balles et qu'accessoirement j'aimais bien la couleur de son tee-shirt (vert émeraude, comme la robe seventies de Maman ). 

 

Mais Siegrid m'a vite fait renoncer : 

 

J'ai une copine qui jouait avec lui en club quand elle était petite et elle m'a raconté que c'était un garçon très sympa à l'époque, un peu timide, assez fin... Alors que maintenant c'est devenu un type hyper prétentieux, absolument insupportable ! 

 

Ah bon ? 

 

Face à cette révélation, j'ai tout de suite arrêté mon opération de supporting agressif pro Gilles Simon (en plus c'est moche Gilles comme prénom) et j'ai reporté mon attention sur le paquet de chips que nous avions acheté pour tromper notre faim. 

 

Ce qui n'a pas empêché Gilles Simon de gagner...

 

Nous sommes ensuite restées pour le second match, celui de Benoît Paire

 

Lui, je l'ai soutenu jusqu'au bout parce que Siegrid n'avait pas de ragot spécial à son sujet. 

 

J'ai même fait OUUUUUUUUUUUUH !!! à un moment où il a récupéré une balle franchement pas évidente. 

 

Mais le moment que j'ai préféré du match c'est quand certaines personnes du public, visiblement très inspirées, ont commencé à lui lancer, à titre d'encouragements, de savoureux jeux de mots fondés sur son patronyme : 

- Benoît Paire-pas !,

- Benoît Paire-siste !,

- Benoît Paire-dure !.

 

Siegrid a alors essayé de trouver d'autres jeux de mots, mais elle a lamentablement échoué et elle s'est en conséquence replongée dans notre paquet de chips. 

 

Elle n'a rien montré mais ce manque d'inspiration a dû la perturber, parce que, une fois le match fini, elle a failli partir sans le sac dans lequelle elle avait rangé son ordinateur (mais elle est habituée, ça lui est déjà arrivé il y a 5 ans). 

 

En tout cas, contre toute attente patronymique, Benoît Paire a gagné à son tour et j'en ai déduit qu'on exerçait vraiment une bonne influence sur les joueurs français, Siegrid et moi. 

 

Du coup, il n'est pas exclu que je revienne pour un prochain match. 

 

Peut-être pour celui de Gasquet d'ailleurs. 

 

Je sens qu'il a besoin de moi...

 

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Benoît Paire-Noël ! ... ah non, elle est vraiment trop nulle celle-là...

mardi 30 octobre 2012

J'ai eu une vie avant mon blog

 

Oui, c'est vrai. 

 

Je dirais même qu'il m'est arrivé pas mal de trucs avant la Gingertime

 

Mais comme c'était avant, je ne me sentais pas encore obligée d'en informer la Terre entière...

 

On aurait pu croire que tout ça resterait bien enfoui, enterré à jamais - un peu comme le passé du soldat inconnu dont il ne nous reste aujourd'hui plus que la flamme (alors qu'il tenait peut-être un blog, qui sait) (pas la flamme, le soldat inconnu). 

 

Mais en fait non, parce que, comme l'a démontré Hitchcock dans un très beau film du début de sa période anglaise à ne surtout jamais voir sauf si l'on est insomniaque ou que l'on cherche à se persuader que même si on fait des trucs nuls un jour ça ne veut pas dire qu'on en fera toujours, le passé ne meurt pas.

 

C'est vrai, il y a certaines histoires qui vous poursuivent en fourbe jusque dans votre futur pour vous claquer au visage une beau jour. 

 

Exemple concret : 

 

- 3 juin 2011 : vous laissez par mégarde mourir de faim le poisson rouge de votre amie Astrid, acheté sur les conseils de son psy comme dérivateur à sa dépression post-rupture sentimentale, poisson rouge dont elle vous a confié la garde le temps d'un déplacement professionnel à Metz.

Bien sûr, pour atténuer sa souffrance à son retour, vous lui racontez que vous l'avez découvert un beau matin, flottant sur le dos, alors que pourtant, non, je ne peux pas dire, il avait mangé normalement les jours précédents...

 

- 10 septembre 2012 : vous décidez de créer un blog pour étaler au grand jour toute l'insignifiance de votre vie (Aujourd'hui il y avait beaucoup de queue à mon Monoprix / Ca y est, on a fini toutes les bouteilles d'Evian au bureau / J'ai hâte d'être au week-end prochain parce que je vais pouvoir découvrir la nouvelle collection H&M),

 

- 12 octobre 2012 : au cours d'une soirée que vous avez organisée chez vous, votre amie So', pleine de bonnes intentions, se met en tête d'égayer cette fille-qui-n'a-vraiment-pas-l'air-jouasse-c'est-le-moins-qu'on-puisse-dire, en lui racontant l'épisode de la mort atroce que vous avez infligée à cet innocent poisson rouge qui ne demandait qu'à continuer à tourner en rond dans son bocal pendant des années encore. Pas de chance, cette fille, c'est Astrid

 

=> Eh bien si vous racontez dans votre blog comment votre soirée du 12 octobre 2012 a été plombée par la soudaine crise de démence d'Astrid, vous êtes obligé, auparavant, de faire le récit de cette bête histoire de poisson rouge du 3 septembre 2011.

 

Moi, dans ma vie d'avant, il y a notamment eu un 7 juin 2010

 

C'était un vendredi soir et Célia fêtait son emménagement dans son nouvel appartement. 

 

On ne se connaissait pas encore très bien à cette époque, depuis quelques séances de sport tout au plus, mais Célia m'avait apparemment trouvée suffisamment sympathique - peut-être parce que j'étais à peu près aussi nulle qu'elle en gymnastique suédoise - pour me faire signe à sa soirée de pendaison de crémaillère organisée sur le thème : 

 

Viens avec la tenue la plus improbable de ton placard (+ 1 bouteille de champagne parce que bon, quand même)

 

Célia m'avait expliqué que tous ses amis, ou plutôt toutes ses amies - avouons-le, c'était plutôt fait pour elle - étaient enchantées par cette idée, qu'elles avaient décidé, pour l'occasion, de sortir de leur penderie l'une une mini robe en strass, une autre une robe à franges style charleston, encore une autre une robe traditionnelle rapportée d'un voyage au Tibet... Bref, toujours des tenues inmettables !

 

Et ce thème, moi aussi, je dois dire qu'il me plaisait bien.

 

En faisant défiler mentalement ma penderie - comme toute fille bien née sait le faire - j'avais déjà en tête la robe vert émeraude à empiècement en dentelles, tout droit rescapée de la garde-robe seventies de Maman.

 

Bien sûr, j'étais excessivement fière de ma trouvaille parce que : 

1) la robe est très jolie,

2) elle me va très bien, 

3) elle est absolument inmettable - en tout cas en 2012, pour toute personne vivant un minimum en accord avec son temps,

4) j'étais sûre que personne n'aurait la même. 

 

Le soir dit, en sonnant à la porte de Célia, habillée à mi-chemin entre Laura Ingalls et Sissi l'impératrice (si vous voyez ce que je veux dire), je m'apprêtais à trouver toute une foule de froufrous, jabots, paillettes, volants, boas, pattes d'éléphants, chemises à fleurs...

 

Mais en fait - et vous l'avez déjà compris, perspicaces que vous êtes - pas du tout ! 

 

J'ai débarqué au beau milieu d'une multitude de petites robes noires du plus pur classicisme vestimentaire, parfois accessoirisées - pour les filles les plus audacieuses - d'un carré Hermès comportant vaguement une ou deux touches de couleur...

 

Mon amie Célia ne déparait pas elle-même dans cet univers uniformément sombre, avec une robe noire courte ayant pour seule particularité un décolleté plongeant dans le dos - le genre de décolleté certes délicat à mettre au travail / à l'enterrement de Tante Hortense / à la soirée vins et fromages de sa meilleure amie, mais pas d'une extravagance folle non plus pour une soirée un peu habillée...

 

En saluant tour à tour les personnes présentes - Enchantée, Ginger - j'avais à peu près la même impression que celle que j'ai eue la dernière fois que j'ai rêvé que j'arrivais à l'école en pyjama...

 

... comme un léger sentiment de malaise.

 

- Très jolie robe ! 

 

- Merci ! Bon, elle est où la cuisine que j'aille poser ma bouteille de champagne (et me cacher dans un coin en attendant que tout le monde soit parti) ? 

 

Vous comprendrez que je garde un souvenir un peu mêlé de cette soirée, même si, finalement je m'y suis à peu près amusée, mais toujours avec cette petite voix qui me soufflait Ginger, tu es sûre que tu n'es pas ridicule ?, Non mais Ginger, tu es sûre que tu n'es pas ridicule ?, Ginger, je me demande si tu n'es pas ridicule...

 

Depuis, j'ai tout fait pour essayer d'oublier.

 

D'abord, je n'en ai pas reparlé à Célia.

 

Ensuite, j'ai décidé de vivre comme si ça n'était jamais arrivé (pas de psychothérapie, de toutes façons ça coûte trop cher).     

 

Un certain jour de juin 2011, dans un moment de désoeuvrement ultime, j'ai même créé un blog.

 

Et puis, la semaine dernière, le 18 octobre 2012, Célia m'a fait signe pour une soirée chez elle avec quelques amis. 

 

Chouette, j'ai dit, j'apporte quoi Célia ? 

 

A 20h bien passées, après avoir pris toutes les mauvaises directions possibles et tourné en rond un bon quart d'heure dans son quartier (alors que j'avais un plan), je suis donc arrivée avec mon cake salé chez Célia qui m'a présenté les autres amis auxquels elle avait fait signe pour la soirée : Julie, EmmanuelFlore, Alex et Raphaëlle

 

Je me souvenais vaguement avoir déjà aperçu Flore, mais j'étais en revanche bien incapable de dire si j'avais déjà eu l'occasion de croiser un jour Julie, Raphaëlle, Emmanuel ou Alex.

 

Et pourtant, il s'est avéré qu'ils se souvenaient tous de moi. 

 

Et même plutôt très bien. 

 

Comme me l'a expliqué Célia :

 

Ce n'est pas compliqué, tous ceux qui étaient présents à ma pendaison de crémaillère se rappellent forcément de toi à cause de ta robe !

 

Ah oui, la pendaison de crémaillère... 

 

Mais bon sang, ai-je pensé, on ne peut pas laisser cette histoire de robe de côté un peu et essayer de l'oublier tous ensemble ?!

 

Pourtant, je n'ai rien dit.

 

J'ai même souri de mon plus charmant sourire en partant poser mon cake salé à la cuisine, histoire de ne pas risquer de passer pour la fille complètement névrosée dont on découvre, au bout de 2 ans, qu'elle ne s'est toujours pas remise d'une bête soirée de pendaison de crémaillère à thème tout ça à cause d'une insignifiante histoire de robe vert émeraude à empiècement en dentelles....

 

Dans la cuisine, je me suis même raisonnée en me disant qu'après tout, c'était ma vie d'avant Ginger et que, comme ce soir-là j'étais en petite robe noire, visiblement en plein dans le dress code, je pouvais m'abandonner à faire table rase du passé - et de mes névroses - au moins le temps de la soirée...

 

... mais bon, quand même pas le temps de mon blog, il ne faut pas trop m'en demander non plus

 

robe-noir-copie-1.jpeg

 

 

lundi 22 octobre 2012

"J'ai deux places pour la FIAC...

... ça intéresse quelqu'un ?"

 

 

La FIAC, la FIAC, la FIAC... 

 

Mais qu'est-ce que ça peut bien être ?!

 

La Fédération Internationale d'Administration de Comptoir

 

Oui, assez plausible.

 

La Fondation pour l'Intelligence Artificielle des Canards

 

Ca colle aussi. 

 

La Formation à l'Immanence de l'Amitié Concrète

 

Pas impossible non plus.  

 

Bon bah du coup c'est quoi la FIAC ?! 

 

Sans certitude sur la signification de ce mystérieux acronyme, j'ai préféré jouer la carte de la discrétion.

 

Peut-être pour éviter de provoquer quelques crises cardiaques parmi l'assemblée au sein de laquelle je me trouvais, pour qui, visiblement, la FIAC relevait du même ordre d'évidence que le fait que les roux sentent mauvais.  

 

Ou peut-être, encore plus simplement, parce que, la FIAC, j'ai trouvé que ça sonnait tellement moche à mes oreilles que, du coup, je n'ai pas jugé plus intéressant que ça de faire des pieds et des mains pour saisir l'occasion de m'y rendre. 

 

Quoi qu'il en soit, j'ai étouffé en moi toute velléité de demander de mon ton le plus candide et le plus rafraîchissant :

 

"Euh pardon, ce Chinon est vraiment très bon, mais sinon c'est quoi la FIAC ?"

 

C'est finalement Chloé qui s'est dévouée pour récupérer la place.

 

Si vous êtes allés à la FIAC vendredi aux environs de 14h, alors vous avez peut-être même pu la croiser (grande, brune, mince... ça vous dit quelque chose ?).

 

Bref, encore une FIAC qui se sera déroulée sans moi.


 

art.jpg

 

jeudi 18 octobre 2012

On ne peut pas toujours faire confiance aux autres

Ce n'est pas nouveau, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. 

 

Pourquoi ? 

 

C'est un grand mystère à vrai dire... mais peut-être n'est-ce pas totalement étranger au fait qu'on est parfois plus porté à faire attention à ses propres intérêts qu'à ceux des autres. 

 

Exemple : je lis Babar et le wouli-wouli (mon Babar préféré).

 

Si le livre m'appartient, je vais faire bien attention à tourner les pages par le petit bout et à ne pas faire sauter la reliure. 

 

Si, par contre, c'est vous qui me l'avez prêté, je ne vais pas nécessairement me sentir obligée de me laver les mains pour l'ouvrir après avoir mangé mon petit pain au chocolat. 

 

CQFD.

 

Et je suis sûre qu'Adèle serait tout à fait d'accord avec moi sur ce point. 

 

Adèle, c'est ma cousine ; nous avons grandi ensemble, je la connais comme ma soeur. 

 

Nous partageons d'ailleurs beaucoup de choses en commun : un goût prononcé pour les blagues bas de gamme de mauvais goût, une certaine antipathie pour le voisin du rez-de-chaussée (même si je pense que je le déteste quand même au moins cent mille fois plus qu'elle), une capacité assez extraordinaire à faire bouger nos oreilles...

 

Il n'y a guère que les cachoux qui nous séparent. 

 

Enfin, je croyais. 

 

Parce qu'hier, Adèle m'a envoyé un mail dans lequel elle m'a annoncé :

 

"Figure-toi qu'Ava est passée me voir tout à l'heure."

 

Rien d'extraordinaire pour le moment, certes. 

 

Ava, c'est une de nos amies d'enfance à Adèle et à moi, du temps où nous faisions encore de la balançoire, du tourniquet et où nous jouions, à l'occasion, les rédactrices de mode dans un vieux grenier poussiéreux. 

 

Ava, depuis, a un peu grandi - du genre pas loin d'1m70 (nous aussi), elle ne fait plus de balançoire (nous non plus, ou bien vraiment très occasionnellement) et elle a même un vrai travail avec un bureau, un open space, un pot à crayons, toussa toussa (moi je n'ai pas de pot à crayons)... 

 

Le seul point un peu curieux d'Ava, c'est qu'à presque 28 ans elle vit toujours chez ses parents et n'éprouve visiblement aucune envie de les quitter.

 

Adèle et moi, il nous arrive du coup régulièrement (environ 1 semaine sur 2) de nous lancer dans une grande discussion (minimum 2 heures) centrée sur la question suivante : 

 

Mais comment va-t-elle faire pour rencontrer son Mister Right, Ava, si elle est toujours accrochée à ses parents ? 

 

C'est vous dire si nous avons de grands soucis dans la vie... 

 

Et, pour en revenir au fameux mail d'Adèle, justement, voilà l'assez extraordinaire révélation qu'il contenait : 

 

"Quant à Ava, je te raconterai les nouvelles, mais sache qu'elle est partie en Irlande pour ses vacances avec... "un ami". Hélas je n'en sais pas plus, elle n'a rien dit de plus ! Mais je meurs de curiosité..."

 

Mais, mais, mais, mais...

 

(Excusez-moi, je bafouille un peu sous la violence du choc !)

 

... pourquoi ne lui as-tu pas tout simplement posé la question ??!

 

Il me semble que là, le jeu en valait vraiment la chandelle (Larmina) ! 

 

Je n'ai pas très bien compris les explications embarrassées d'Adèle sur ce point.

 

Elle a vaguement essayé de me dire qu'elle avait été prise au dépourvu, qu'elle avait ensuite attendu le retour de "l'ami" en question dans la conversation pour essayer d'en savoir plus, mais que c'avait été peine perdue, il n'avait jamais fait de come back discutionnel...

 

Inutile de vous dire que moi, dans la même situation, j'aurais sauté sur le sujet telle une joueuse de curling sur la pierre en granite !

 

Un ami ? Ah oui ? Qui ça, quand, comment, avec qui, pourquoi, combien il a de frères et soeurs, que font ses parents, est-ce qu'il a une résidence secondaire avec piscine ? 

 

Bref, j'en suis quitte pour passer un coup de fil à Ava en essayant de déclencher subtilement ses confidences sur l'homme mystère (Et sinon, Ava, tu es partie en vacances dernièrement ?).

 

Sans oublier, bien sûr, de rappeler ensuite illico Adèle pour qu'on échange (à chaud) nos (premières) impressions sur lui.

 

Je ne suis (vraiment) pas rancunière... 

  homme-mystere-copie-1.jpeg



mardi 16 octobre 2012

Une chose qui m'arrive plutôt rarement...

 

... c'est de me lever en bénissant mon réveil de m'avoir tirée de mon sommeil. 

 

Pour ainsi dire, ça ne m'arrive même jamais. 

 

C'est sans doute un peu ingrat de ma part, surtout quand on sait :

1) que c'est moi qui le programme chaque jour pour me réveiller,

2) que sans lui mes horaires d'arrivée au bureau seraient peut-être devenus un sujet de crispation professionnelle (l'expérience prouve que les patrons peuvent se crisper très vite pour pas grand chose).

 

Le seul point sur lequel je pourrais à la limite lui en vouloir, c'est le fait que son écran rétro-éclairé bleu ne s'allume plus depuis quelques temps. 

 

Je suis donc obligée, la nuit, quand je n'arrive pas à dormir (par exemple quand je sais que je dois me lever aux aurores le lendemain pour une journée terriblement chargée et que j'aurais donc intérêt à trouver le sommeil rapidement) de rallumer la lumière pour voir depuis combien de temps exactement je n'arrive pas à fermer l'oeil et calculer combien de temps maximum durera mon sommeil (des données somme toute très utiles pour réussir à s'endormir...)

 

Tout ça, bien sûr, au détriment de ma qualité de vie. 

 

Mais aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, je me suis surprise à être presque reconnaissante à mon réveil d'avoir sonné à 7h15 de son strident tidididit tidididit tidididit tidididit... (quelqu'un a le même ?)

 

C'est que, voyez-vous, il m'a comme tirée d'un (très) mauvais pas. 

 

J'étais avec ma soeur et mon frère ; nous nous apprêtions à aller chercher nos vélos pour une sympathique balade dans la campagne (ce qui ne nous arrive à peu près jamais vu qu'aucun de nous n'habite à la campagne, que ma soeur a toujours quelques scrupules à abandonner toute sa famille juste pour le plaisir d'être seule avec nous et que personne n'a de vélo - enfin, personne sauf mon frère qui a une vieille ruine verte trop petite avec 2 pneux crevés).

 

Sur le chemin nous avisons un car dans lequel nous décidons de monter afin de gagner un peu de temps (nous n'avons pas besoin de demander au chauffeur où il va car, curieusement, nous savons qu'il va là où nous allons).

 

Nous nous installons au fond du car (la place des cancres) mais en accaparant chacun une banquette distincte (évitons toute promiscuité déplaisante). 

 

En ce qui me concerne, je m'étale avec la quinzaine de sacs que je me découvre tout à coup (des courses pour le mois ? mes cadeaux de Noël ? un cadavre découpé en morceaux ?).

 

Il n'y a pas grand monde dans ce car.  

 

Ah si, quand même, cette petite fille qui nous demande si elle peut rester avec nous parce que les gens qui l'accompagnent sont bizarres.

 

Effectivement, ils sont gros, moches, mangent salement et ont l'air bizarre.

 

"Bon d'accord mais sois bien sage !"

 

... moment d'absence de Ginger... 

 

... je reprends mes esprits (mais au bout de combien de temps ?)...

 

Tiens, il fait nuit noire maintenant, ma soeur et mon frère se sont volatilisés, le car s'est vidé, il file sur une route rectiligne perdue en pleine nature.

 

Je ne m'interroge pas plus longtemps pour comprendre que j'ai raté mon arrêt dans les grandes largeurs... 

 

Je quitte alors ma place et je me dirige vers le chauffeur pour aller lui demander de me déposer au prochain arrêt avec la gamine - en chemin, je me retourne : la gamine est en train de fouiller dans mon sac - "Oh la, tu veux bien arrêter ça tout de suite, toi !" - bon il faut vraiment que j'aille demander au chauffeur de me laisser au prochain arrêt (et ne peux quand même pas prendre mes 15 sacs avec moi) - "Fais bien attention, toi, que je ne t'y reprenne pas !" - "Monsieur, vous pourrez nous laisser au prochain arrêt, moi et la gamine qui essaye de voler mes affaires, s'il vous plaît ?" 

 

Le chauffeur, sur un ton de vieux routier aux accents paternels : "Pas de difficultés Mam'zelle mais j'vous conseille de faire bien attention : y'a un lotissement pas très loin qui a fermé. Il s'y passait de bien trop vilaines choses... Méfiez-vous, on ne sait pas trop qui traîne dans le coin". 

 

"Ah, ok, merci Monsieur (glourg)". 

 

Je m'apprêtais à aller chercher mes affaires et ma gamine chapardeuse avec comme une légère intuition que toutes les circonstances n'étaient pas réunies pour me permettre de profiter à plein de cette petite virée nocturne...

 

Mais je n'ai malheureusement pas eu le temps de vivre ce  Sans retour version campagne française ; je ne saurai jamais comment l'histoire devait se terminer (mal, très mal ou vraiment très mal ?) !

 

Il était 7h15 et la première sonnerie de mon réveil m'a propulsée hors du car, dans un semi-jour, au beau milieu de mon lit ! 

 

C'est fou comme un lundi matin même grisailleux peut parfois vous paraître engageant...

 

  Sans-retour.jpeg

vendredi 12 octobre 2012

Attention (aux) Spoilers !

 

Attention aux quoi ? 

 

Aux spoilers.

 

Aux quoi ? 

 

Aux spoilers !

 

Oui mais sinon aux quoi ? 

 

Rhoo la la, pas de doute, toi tu es resté coincé à l'an 2000 ! 

 

Le spoiler, c'est quelque chose qui te dévoile sans crier gare la fin d'un film (à suspense) ou d'un roman (policier) et qui t'ôte, par la même occasion, environ 95 % de l'intérêt que tu aurais pu avoir à découvrir par toi-même la totalité de l'intrigue.

 

(Attention, le spoiler ne marche pas pour toutes les oeuvres ! Par exemple, pas avec les tableaux vu qu'il n'y a pas vraiment d'intrigue dans un tableau - sauf bien sûr dans la Joconde, mais personne n'a encore réussi à bien comprendre le message et encore moins à le spoiler). 

 

Bien souvent, les spoilers, ce sont des articles de presse, de magazines, de blogs....

 

Mais cela peut aussi prendre la forme d'une discussion informelle autour d'un bon café crème.

 

Car derrière tout spoiler, ne l'oublions pas, il se cache en réalité un Spoiler

 

Le Spoiler, c'est en général quelqu'un qui pense qu'il va t'aider à te faire une juste idée d'une oeuvre en t'en dévoilant généreusement la fin.

 

Une forme de sottise altruiste, en quelque sorte. 

 

"Bah, tu vois, c'est nul parce qu'en fait le bouquin se termine sur la mort de Roméo et de Juliette, alors qu'ils avaient encore plein de choses à vivre". 

 

A 17 ans, comme ça, j'ai rencontré mon premier Spoiler d'envergure.

 

Elle s'appelait Aurélie, avait les cheveux très gras, un regard plutôt absent, une moyenne générale vraiment très moyenne, et m'a révélé, durant les 2 seules minutes de conversation que j'ai eues avec elle pendant mon année de Terminale, pourquoi la fin du 6ème sens était vraiment bien trouvée...

 

J'ai eu beau essayer de me convaincre que je n'avais pas entendu / que j'avais mal entendu / que j'allais oublier, lorsque j'ai vu le film, j'avais conservé un souvenir très précis de l'explication finale (Aurélie, si tu me lis, évite de me laisser un commentaire, je pourrais être tentée de te répondre...). 

 

Mais il existe aussi une autre catégorie de Spoilers, encore plus dangereuse. 

 

Ce sont les Spoilers qui sont tellement fans d'un film ou d'un livre que, dans leur enthousiasme, ils ne parviennent pas à se maîtriser et finissent par égréner tous les détails du dénouement final, après avoir vainement lutté 2 minutes chrono pour te laisser la surprise...

 

Eux, ce sont les Spoilers compulsifs. 

 

J'avais pourtant bien dit à Jane, lorsqu'elle est venue chez moi, dimanche soir, enterrer son week-end en grande pompe autour d'un menu Maxi Best of bacon à emporter, dégusté devant la toute première saison d'Urgences, de ne surtout rien me dévoiler de l'avenir des personnages dans la série, vu que, contrairement à elle qui s'était enfilé un à un tous les épisodes pendant 15 ans, je la découvrais pour la première fois. 

 

J'entends encore son Oui, oui, Ginger, pas de problème, mets plutôt le DVD (du ton de la fille qui aimerait bien que tu arrêtes de l'embêter avec tes faux problèmes)...

 

Il ne s'était pas passé 2 minutes qu'à chaque nouveau personnage qui apparaissait sur l'écran, j'avais droit à des commentaires de plus en plus révélateurs !

 

(ATTENTION : ne lisez pas la suite si vous n'avez jamais regardé Urgences et que vous comptez bien vous rattraper un jour !)

 

Cela a commencé lorsque l'épouse du Docteur Green, séduisante jeune femme apparemment très éprise de son mari, est apparue à l'écran : "Tiens, cette garce de Jen, ça faisait longtemps...".

 

(Merci Jane, je sais maintenant que son personnage va incarner quelque chose de très positif dans la série... Et sinon, elle annonce dans le combientième épisode au Docteur Green qu'elle a une liaison avec un de ses collègues ? Le 25ème ?)

 

Cela a continué après avec Benton, l'interne travailleur, volontaire mais un peu frustre, et la charmante kinésithérapeute qui s'occupe de sa mère : "Tu ne trouves pas qu'elle le regarde avec des yeux... Pour une femme mariée, c'est un peu embêtant quand même !". 

 

(Bah non, Jane, là tout de suite, je ne trouvais pas qu'elle le regarde "avec des yeux...". Tu dois sans doute avoir 2 - 3 épisodes d'avance, voilà tout !)

 

Et puis il y a eu Carol Hattaway, l'infirmière dévouée, et là nous avons atteint le top niveau du spoiler : "Et ça y est, elle s'est mariée avec Doug Ross" ?

 

(Alors, au risque de te décevoir, pas encore Jane. Pour l'instant, elle doit juste se marier avec un autre médecin mais bon, on va attendre tranquillement l'annulation de dernière minute et nous verrons bien.)

 

Et ainsi de suite...

 

Heureusement, mes réflexes m'ont sauvée ! 

 

Au bout d'à peine 3 ou 4 épisodes, je lui ai tenu un discours assez convaincant de ce genre :

 

Bon Jane, il va falloir que tu partes prendre ton bus maintenant, ils ne passent pas très souvent le soir et puis tu as une grosse journée qui t'attend demain, sans compter que chez toi, ça ne doit pas être très rangé et ce serait bien que tu évites de commencer la semaine avec le sentiment de vivre dans une vraie décharge. Et puis, moi, il faut que je finisse 2 - 3 dossiers que j'avais oubliés pendant le week-end, que je téléphone à ma caisse de sécurité sociale pour leur demander ce que c'est que cet appel de cotisations surprise (comment ça, il n'y a personne le dimanche soir ??!) et que je m'occupe de mon jardin (comment ça je n'ai pas de jardin ??!)...

 

Bref, il faut qu'on arrête de regarder Urgences !

 

Heureusement Jane avait vraiment une grosse journée le lendemain et elle est partie avant d'avoir pu, je crois, me dévoiler absolument tout de la série.

 

Il y a bien quelques petits détails que je dois, je pense, encore ignorer...

 

Par exemple, je ne sais toujours pas si la soeur irresponsable et à moitié de clocharde de Susan va appeler son bébé Suzie ou pas... what a suspense

 

 

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lundi 8 octobre 2012

Dans les relais H...

 

Vous savez, les relais H, ce sont ces maisons de la presse Hachette à la devanture rouge bordeaux (soyons précis), qui sont exclusivement implantées dans les gares, et dans lesquelles vous pouvez trouver toutes sortes de revues / mots croisés / romans harlequins / paquets de smarties / cigarillos...

 

A priori, vous êtes censé y passer 5 minutes, le temps d'acheter ce qu'il vous faut pour transformer votre longue et pénible expédition en train en partie de plaisir éclair, retards compris ("Mais, quoi ? Déjà arrivée ?! Je n'ai vraiment pas vu le temps passer avec mes 458 grilles de sudoku !").

 

Mais en réalité - tout au moins si vous êtes comme moi - le relais H, vous y restez au moins 25 minutes, le temps de vous occuper avant le départ de votre TGV, vu que vous êtes encore arrivé avec beaucoup trop d'avance (tout ça parce que vous avez encore raté votre bus à 2 secondes près et que vous avez dû vous rabattre sur le métro qui, certes, est beaucoup plus rapide mais vous procure une diversité de paysages moindre).

 

Et bien sûr, après avoir feuilleté consciencieusement une bonne quinzaine de revues du genre de celles que vous dévorez chez votre coiffeur, vous filez prendre votre train sans avoir rien acheté parce que, mon Dieu, le niveau de la presse de nos jours (c'était autre chose du temps de votre abonnement à Picsou magazine)...

 

Bref, pendant ces longues minutes, il peut vous arriver pas mal de choses, et pas seulement découvrir comment-Jennifer-Lopez-elle-est moche-quand-elle-n'est-pas-maquillée

 

Vous pouvez très bien, par exemple, retrouver un vieil ami que vous n'aviez pas revu depuis 10 ans et que vous n'aviez d'ailleurs aucune envie de revoir.

 

Vous pouvez aussi découvrir, dans votre horoscope 2013, que vous rempilez pour une nouvelle année de loses en tout genre (au moins vous êtes habitué maintenant). 

 

Mais vous pouvez aussi, très simplement, avoir une révélation sur vous-même. 

 

Encore faut-il réussir à bien l'interpréter...

 

Parce que, quand vous voyez tout à coup un type se traîner à 4 pattes à vos pieds, alors que vous êtes totalement absorbée par un article répertoriant les 100 nouveaux barbarismes anglosaxons les plus affligeants mots du vocabulaire français et, accessoirement, que vous portez une jupe, vous pourriez parvenir à la conclusion quelque peu hâtive que, décidément, les pervers de tous bords raffolent de votre compagnie.

 

Mais lorsque vous le voyez mettre la main sur la pièce de monnaie qui a visiblement dû rouler jusqu'à vos pieds, l'enseignement devient tout autre : 

 

"L'argent vous aime, Mademoiselle !"

(dixit le type à 4 pattes en train de ramasser péniblement sa pièce).

 

L'argent m'aime ?!

 

C'est drôle, jusqu'ici je pensais que c'était plutôt moi qui provoquais chacune de nos rencontres, un peu comme une histoire d'amour à sens unique, pas vraiment désespérée mais pas optimale non plus...

 

Mais apparemment, non.

 

J'achète un ticket de loto lors de mon prochain passage au relais H (ou j'attends le vendredi 13 septembre 2013) ? 

 

 

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mardi 25 septembre 2012

C'est un peu comme un poisson d'avril...

... qu'on vous collerait dans le dos avec du gros scotch, sauf qu'en général - traîtrise ! - ça ne tombe pas forcément un 1er avril et que donc vous n'avez pas nécessairement pensé à revêtir votre gilet anti-friture ce jour-là.

 

Je parle bien sûr du qualificatif-surnom-sobriquet que l'on vous attribue un beau matin, sans crier gare, et qui est censé, à lui tout seul, résumer l'un des traits saillants de votre personnalité. 

 

Cela peut donner des choses très diverses comme par exemple :


- Miss catastrophe (parce qu'une fois un lampadaire est tombé sur votre voiture et qu'une autre fois, rien qu'en effleurant l'interrupteur, vous avez fait sauter tout le circuit électrique de la boîte),


- Bree (un gâteau home made et une malheureuse association col claudine/mocassins et puis, ça y est, le mal est fait),


- Deux-de-tension (un léger manque de réactivité lorsque l'on s'adresse à vous),


- Monsieur Propre (au choix, selon le sexe : vous êtes chauve et légèrement maniaque dans le registre hygiénique - du genre à désinfecter la couverture des livres de bibliothèque que vous empruntez avant de les lire / vous avez perdu l'une de vos créoles et êtes légèrement maniaque dans le domaine de la propreté - du genre à ne pas utiliser la souris d'ordinateur d'autrui sans avoir auparavant passé une lingette dessus),


- DSK (celui-là, je ne vous fais pas un dessin, tout le monde aura compris),


- etc...

 

Si vous n'en avez pas déjà fait les frais, vous ne vous rendez sans doute pas compte de ce que cela peut représenter. 

 

Il faut savoir qu'en réalité, vous devenez littéralement prisonnier de votre nouveau surnom.

 

Vous voulez lui échapper ? Vous faites exprès d'adopter une attitude en totale contradiction avec lui ? Vous pensez que, ça y est, vous l'avez définitivement semé ? 

 

Attendez une seconde et vous verrez qu'il vous revient en pleine figure comme si, sans que vous vous en soyez aperçus, on vous l'avait attaché au cou avec un élastique...

 

"Bah alors Mary Poppins, on a oublié son parapluie ?"

 

Je pourrais vous en parler des heures parce que c'est ce que j'ai personnellement vécu à mon retour de vacances.

 

C'était un beau jour du début du mois de septembre (si loin déjà...), il était environ 9h, et après avoir récupéré ma tasse de café fumant, avoir fait le tour des bureaux, m'être inventé un faux séjour de rêve dans un coin paradisiaque, avoir expliqué qu'en 2 jours de mauvais temps sur Paris tout mon bronzage était parti (et pourtant j'étais quasi black ), j'ai appris (vers 11h) que nous avions recueilli une jeune stagiaire depuis la veille.

 

Les stagiaires, surtout lorsqu'ils ont moins de 14 ans, il faut bien reconnaître qu'ils ne nous sont qu'assez très peu utiles.

 

Ce qui explique qu'en temps normal, nous déclinons systématiquement toute demande de stage-découverte-du-monde-formidable-de-la-vie-professionnelle, sauf hypothèse particulière d'un bon vieux piston des familles (style le fils du boulanger de la soeur du patron qui voudrait bien voir keskonfaitdonccheznous pendant son stage de de CM2). 

 

Auquel cas, le casse-tête commence !

 

Comment :


- trouver de quoi occuper le stagiaire pour ne pas qu'il sombre en dépression au bout de 3 jours d'inactivité totale (sachant que son écran d'ordinateur est visible par toute personne qui passe dans le couloir ce qui l'empêche de lézarder tranquillement sur internet),


- tout en gardant suffisamment de temps pour soi pour pouvoir continuer à lézarder tranquillement sur internet (en faisant quand même un dossier de temps en temps, histoire de garder la main) ?

 

Comme personne n'a jamais trouvé la formule magique, la tendance générale consiste à fuir purement et simplement le stagiaire. 

 

Sauf que moi, figurez-vous qu'avec la bonté qui me caractérise (soit dit en toute modestie), il m'est déjà arrivé d'être tout à coup prise de pitié à l'égard dudit stagiaire et d'essayer en conséquence d'égayer un peu son douloureux passage chez nous (Si tu veux du chocolat, il y en a dans le placard / Le vendredi, tu peux partir un peu plus tôt, tu sais / Attends, je vais te raconter l'histoire du clochard que j'ai croisé dans le métro / Tu aimes bien mon écharpe ? / etc).

 

Tout ça pour en revenir à ce fameux jour de rentrée où l'on m'a appris que pour accueillir notre nouvelle stagiaire, on lui avait tout simplement collé à lire 3 dossiers poussiéreux passionnants, en prenant soin de lui annoncer que : 

 

"Là, Ginger, n'est pas là, mais tu vas voir, c'est un peu la maman des stagiaires". 

 

Oui, vous avez bien lu, Ginger, la maman des stagiaires

 

L'amour maternel a beau être aveugle, j'ai assez rapidement flairé l'entourloupe !

 

Un très beau titre certes, mais surtout très commode pour éviter d'avoir à dire trop directement au stagiaire de bien vouloir ne déranger personne d'ici au retour Ginger, et pour éviter d'avoir à dire trop directement à Ginger de bien vouloir s'occuper du stagiaire à compter de son retour (et que de toutes façons c'est trop tard pour reculer vu que le stagiaire croit maintenant dur comme fer que grâce à elle il va passer un stage formidable, plein de découvertes incroyables, de surprises absolument ahurissantes, de retournements de situation rocambolesques...).

 

Mais bon, j'ai l'esprit trop occupé en ce moment pour en tenir rigueur à mes collègues...

 

A votre avis, dois-je, oui ou non, avertir notre stagiaire que venir avec une grosse polaire orange flashy au bureau, en gardant toute la journée la capuche bien vissée sur la tête, et envoyer en moyenne 3 textos par seconde, y compris au cours d'un déjeuner au restaurant avec les associés, ah ça non, tu sais, ça ne se fait vraiment pas dans le monde professionnel ?!


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