mardi 30 octobre 2012

J'ai eu une vie avant mon blog

 

Oui, c'est vrai. 

 

Je dirais même qu'il m'est arrivé pas mal de trucs avant la Gingertime

 

Mais comme c'était avant, je ne me sentais pas encore obligée d'en informer la Terre entière...

 

On aurait pu croire que tout ça resterait bien enfoui, enterré à jamais - un peu comme le passé du soldat inconnu dont il ne nous reste aujourd'hui plus que la flamme (alors qu'il tenait peut-être un blog, qui sait) (pas la flamme, le soldat inconnu). 

 

Mais en fait non, parce que, comme l'a démontré Hitchcock dans un très beau film du début de sa période anglaise à ne surtout jamais voir sauf si l'on est insomniaque ou que l'on cherche à se persuader que même si on fait des trucs nuls un jour ça ne veut pas dire qu'on en fera toujours, le passé ne meurt pas.

 

C'est vrai, il y a certaines histoires qui vous poursuivent en fourbe jusque dans votre futur pour vous claquer au visage une beau jour. 

 

Exemple concret : 

 

- 3 juin 2011 : vous laissez par mégarde mourir de faim le poisson rouge de votre amie Astrid, acheté sur les conseils de son psy comme dérivateur à sa dépression post-rupture sentimentale, poisson rouge dont elle vous a confié la garde le temps d'un déplacement professionnel à Metz.

Bien sûr, pour atténuer sa souffrance à son retour, vous lui racontez que vous l'avez découvert un beau matin, flottant sur le dos, alors que pourtant, non, je ne peux pas dire, il avait mangé normalement les jours précédents...

 

- 10 septembre 2012 : vous décidez de créer un blog pour étaler au grand jour toute l'insignifiance de votre vie (Aujourd'hui il y avait beaucoup de queue à mon Monoprix / Ca y est, on a fini toutes les bouteilles d'Evian au bureau / J'ai hâte d'être au week-end prochain parce que je vais pouvoir découvrir la nouvelle collection H&M),

 

- 12 octobre 2012 : au cours d'une soirée que vous avez organisée chez vous, votre amie So', pleine de bonnes intentions, se met en tête d'égayer cette fille-qui-n'a-vraiment-pas-l'air-jouasse-c'est-le-moins-qu'on-puisse-dire, en lui racontant l'épisode de la mort atroce que vous avez infligée à cet innocent poisson rouge qui ne demandait qu'à continuer à tourner en rond dans son bocal pendant des années encore. Pas de chance, cette fille, c'est Astrid

 

=> Eh bien si vous racontez dans votre blog comment votre soirée du 12 octobre 2012 a été plombée par la soudaine crise de démence d'Astrid, vous êtes obligé, auparavant, de faire le récit de cette bête histoire de poisson rouge du 3 septembre 2011.

 

Moi, dans ma vie d'avant, il y a notamment eu un 7 juin 2010

 

C'était un vendredi soir et Célia fêtait son emménagement dans son nouvel appartement. 

 

On ne se connaissait pas encore très bien à cette époque, depuis quelques séances de sport tout au plus, mais Célia m'avait apparemment trouvée suffisamment sympathique - peut-être parce que j'étais à peu près aussi nulle qu'elle en gymnastique suédoise - pour me faire signe à sa soirée de pendaison de crémaillère organisée sur le thème : 

 

Viens avec la tenue la plus improbable de ton placard (+ 1 bouteille de champagne parce que bon, quand même)

 

Célia m'avait expliqué que tous ses amis, ou plutôt toutes ses amies - avouons-le, c'était plutôt fait pour elle - étaient enchantées par cette idée, qu'elles avaient décidé, pour l'occasion, de sortir de leur penderie l'une une mini robe en strass, une autre une robe à franges style charleston, encore une autre une robe traditionnelle rapportée d'un voyage au Tibet... Bref, toujours des tenues inmettables !

 

Et ce thème, moi aussi, je dois dire qu'il me plaisait bien.

 

En faisant défiler mentalement ma penderie - comme toute fille bien née sait le faire - j'avais déjà en tête la robe vert émeraude à empiècement en dentelles, tout droit rescapée de la garde-robe seventies de Maman.

 

Bien sûr, j'étais excessivement fière de ma trouvaille parce que : 

1) la robe est très jolie,

2) elle me va très bien, 

3) elle est absolument inmettable - en tout cas en 2012, pour toute personne vivant un minimum en accord avec son temps,

4) j'étais sûre que personne n'aurait la même. 

 

Le soir dit, en sonnant à la porte de Célia, habillée à mi-chemin entre Laura Ingalls et Sissi l'impératrice (si vous voyez ce que je veux dire), je m'apprêtais à trouver toute une foule de froufrous, jabots, paillettes, volants, boas, pattes d'éléphants, chemises à fleurs...

 

Mais en fait - et vous l'avez déjà compris, perspicaces que vous êtes - pas du tout ! 

 

J'ai débarqué au beau milieu d'une multitude de petites robes noires du plus pur classicisme vestimentaire, parfois accessoirisées - pour les filles les plus audacieuses - d'un carré Hermès comportant vaguement une ou deux touches de couleur...

 

Mon amie Célia ne déparait pas elle-même dans cet univers uniformément sombre, avec une robe noire courte ayant pour seule particularité un décolleté plongeant dans le dos - le genre de décolleté certes délicat à mettre au travail / à l'enterrement de Tante Hortense / à la soirée vins et fromages de sa meilleure amie, mais pas d'une extravagance folle non plus pour une soirée un peu habillée...

 

En saluant tour à tour les personnes présentes - Enchantée, Ginger - j'avais à peu près la même impression que celle que j'ai eue la dernière fois que j'ai rêvé que j'arrivais à l'école en pyjama...

 

... comme un léger sentiment de malaise.

 

- Très jolie robe ! 

 

- Merci ! Bon, elle est où la cuisine que j'aille poser ma bouteille de champagne (et me cacher dans un coin en attendant que tout le monde soit parti) ? 

 

Vous comprendrez que je garde un souvenir un peu mêlé de cette soirée, même si, finalement je m'y suis à peu près amusée, mais toujours avec cette petite voix qui me soufflait Ginger, tu es sûre que tu n'es pas ridicule ?, Non mais Ginger, tu es sûre que tu n'es pas ridicule ?, Ginger, je me demande si tu n'es pas ridicule...

 

Depuis, j'ai tout fait pour essayer d'oublier.

 

D'abord, je n'en ai pas reparlé à Célia.

 

Ensuite, j'ai décidé de vivre comme si ça n'était jamais arrivé (pas de psychothérapie, de toutes façons ça coûte trop cher).     

 

Un certain jour de juin 2011, dans un moment de désoeuvrement ultime, j'ai même créé un blog.

 

Et puis, la semaine dernière, le 18 octobre 2012, Célia m'a fait signe pour une soirée chez elle avec quelques amis. 

 

Chouette, j'ai dit, j'apporte quoi Célia ? 

 

A 20h bien passées, après avoir pris toutes les mauvaises directions possibles et tourné en rond un bon quart d'heure dans son quartier (alors que j'avais un plan), je suis donc arrivée avec mon cake salé chez Célia qui m'a présenté les autres amis auxquels elle avait fait signe pour la soirée : Julie, EmmanuelFlore, Alex et Raphaëlle

 

Je me souvenais vaguement avoir déjà aperçu Flore, mais j'étais en revanche bien incapable de dire si j'avais déjà eu l'occasion de croiser un jour Julie, Raphaëlle, Emmanuel ou Alex.

 

Et pourtant, il s'est avéré qu'ils se souvenaient tous de moi. 

 

Et même plutôt très bien. 

 

Comme me l'a expliqué Célia :

 

Ce n'est pas compliqué, tous ceux qui étaient présents à ma pendaison de crémaillère se rappellent forcément de toi à cause de ta robe !

 

Ah oui, la pendaison de crémaillère... 

 

Mais bon sang, ai-je pensé, on ne peut pas laisser cette histoire de robe de côté un peu et essayer de l'oublier tous ensemble ?!

 

Pourtant, je n'ai rien dit.

 

J'ai même souri de mon plus charmant sourire en partant poser mon cake salé à la cuisine, histoire de ne pas risquer de passer pour la fille complètement névrosée dont on découvre, au bout de 2 ans, qu'elle ne s'est toujours pas remise d'une bête soirée de pendaison de crémaillère à thème tout ça à cause d'une insignifiante histoire de robe vert émeraude à empiècement en dentelles....

 

Dans la cuisine, je me suis même raisonnée en me disant qu'après tout, c'était ma vie d'avant Ginger et que, comme ce soir-là j'étais en petite robe noire, visiblement en plein dans le dress code, je pouvais m'abandonner à faire table rase du passé - et de mes névroses - au moins le temps de la soirée...

 

... mais bon, quand même pas le temps de mon blog, il ne faut pas trop m'en demander non plus

 

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lundi 22 octobre 2012

"J'ai deux places pour la FIAC...

... ça intéresse quelqu'un ?"

 

 

La FIAC, la FIAC, la FIAC... 

 

Mais qu'est-ce que ça peut bien être ?!

 

La Fédération Internationale d'Administration de Comptoir

 

Oui, assez plausible.

 

La Fondation pour l'Intelligence Artificielle des Canards

 

Ca colle aussi. 

 

La Formation à l'Immanence de l'Amitié Concrète

 

Pas impossible non plus.  

 

Bon bah du coup c'est quoi la FIAC ?! 

 

Sans certitude sur la signification de ce mystérieux acronyme, j'ai préféré jouer la carte de la discrétion.

 

Peut-être pour éviter de provoquer quelques crises cardiaques parmi l'assemblée au sein de laquelle je me trouvais, pour qui, visiblement, la FIAC relevait du même ordre d'évidence que le fait que les roux sentent mauvais.  

 

Ou peut-être, encore plus simplement, parce que, la FIAC, j'ai trouvé que ça sonnait tellement moche à mes oreilles que, du coup, je n'ai pas jugé plus intéressant que ça de faire des pieds et des mains pour saisir l'occasion de m'y rendre. 

 

Quoi qu'il en soit, j'ai étouffé en moi toute velléité de demander de mon ton le plus candide et le plus rafraîchissant :

 

"Euh pardon, ce Chinon est vraiment très bon, mais sinon c'est quoi la FIAC ?"

 

C'est finalement Chloé qui s'est dévouée pour récupérer la place.

 

Si vous êtes allés à la FIAC vendredi aux environs de 14h, alors vous avez peut-être même pu la croiser (grande, brune, mince... ça vous dit quelque chose ?).

 

Bref, encore une FIAC qui se sera déroulée sans moi.


 

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jeudi 18 octobre 2012

On ne peut pas toujours faire confiance aux autres

Ce n'est pas nouveau, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. 

 

Pourquoi ? 

 

C'est un grand mystère à vrai dire... mais peut-être n'est-ce pas totalement étranger au fait qu'on est parfois plus porté à faire attention à ses propres intérêts qu'à ceux des autres. 

 

Exemple : je lis Babar et le wouli-wouli (mon Babar préféré).

 

Si le livre m'appartient, je vais faire bien attention à tourner les pages par le petit bout et à ne pas faire sauter la reliure. 

 

Si, par contre, c'est vous qui me l'avez prêté, je ne vais pas nécessairement me sentir obligée de me laver les mains pour l'ouvrir après avoir mangé mon petit pain au chocolat. 

 

CQFD.

 

Et je suis sûre qu'Adèle serait tout à fait d'accord avec moi sur ce point. 

 

Adèle, c'est ma cousine ; nous avons grandi ensemble, je la connais comme ma soeur. 

 

Nous partageons d'ailleurs beaucoup de choses en commun : un goût prononcé pour les blagues bas de gamme de mauvais goût, une certaine antipathie pour le voisin du rez-de-chaussée (même si je pense que je le déteste quand même au moins cent mille fois plus qu'elle), une capacité assez extraordinaire à faire bouger nos oreilles...

 

Il n'y a guère que les cachoux qui nous séparent. 

 

Enfin, je croyais. 

 

Parce qu'hier, Adèle m'a envoyé un mail dans lequel elle m'a annoncé :

 

"Figure-toi qu'Ava est passée me voir tout à l'heure."

 

Rien d'extraordinaire pour le moment, certes. 

 

Ava, c'est une de nos amies d'enfance à Adèle et à moi, du temps où nous faisions encore de la balançoire, du tourniquet et où nous jouions, à l'occasion, les rédactrices de mode dans un vieux grenier poussiéreux. 

 

Ava, depuis, a un peu grandi - du genre pas loin d'1m70 (nous aussi), elle ne fait plus de balançoire (nous non plus, ou bien vraiment très occasionnellement) et elle a même un vrai travail avec un bureau, un open space, un pot à crayons, toussa toussa (moi je n'ai pas de pot à crayons)... 

 

Le seul point un peu curieux d'Ava, c'est qu'à presque 28 ans elle vit toujours chez ses parents et n'éprouve visiblement aucune envie de les quitter.

 

Adèle et moi, il nous arrive du coup régulièrement (environ 1 semaine sur 2) de nous lancer dans une grande discussion (minimum 2 heures) centrée sur la question suivante : 

 

Mais comment va-t-elle faire pour rencontrer son Mister Right, Ava, si elle est toujours accrochée à ses parents ? 

 

C'est vous dire si nous avons de grands soucis dans la vie... 

 

Et, pour en revenir au fameux mail d'Adèle, justement, voilà l'assez extraordinaire révélation qu'il contenait : 

 

"Quant à Ava, je te raconterai les nouvelles, mais sache qu'elle est partie en Irlande pour ses vacances avec... "un ami". Hélas je n'en sais pas plus, elle n'a rien dit de plus ! Mais je meurs de curiosité..."

 

Mais, mais, mais, mais...

 

(Excusez-moi, je bafouille un peu sous la violence du choc !)

 

... pourquoi ne lui as-tu pas tout simplement posé la question ??!

 

Il me semble que là, le jeu en valait vraiment la chandelle (Larmina) ! 

 

Je n'ai pas très bien compris les explications embarrassées d'Adèle sur ce point.

 

Elle a vaguement essayé de me dire qu'elle avait été prise au dépourvu, qu'elle avait ensuite attendu le retour de "l'ami" en question dans la conversation pour essayer d'en savoir plus, mais que c'avait été peine perdue, il n'avait jamais fait de come back discutionnel...

 

Inutile de vous dire que moi, dans la même situation, j'aurais sauté sur le sujet telle une joueuse de curling sur la pierre en granite !

 

Un ami ? Ah oui ? Qui ça, quand, comment, avec qui, pourquoi, combien il a de frères et soeurs, que font ses parents, est-ce qu'il a une résidence secondaire avec piscine ? 

 

Bref, j'en suis quitte pour passer un coup de fil à Ava en essayant de déclencher subtilement ses confidences sur l'homme mystère (Et sinon, Ava, tu es partie en vacances dernièrement ?).

 

Sans oublier, bien sûr, de rappeler ensuite illico Adèle pour qu'on échange (à chaud) nos (premières) impressions sur lui.

 

Je ne suis (vraiment) pas rancunière... 

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mardi 16 octobre 2012

Une chose qui m'arrive plutôt rarement...

 

... c'est de me lever en bénissant mon réveil de m'avoir tirée de mon sommeil. 

 

Pour ainsi dire, ça ne m'arrive même jamais. 

 

C'est sans doute un peu ingrat de ma part, surtout quand on sait :

1) que c'est moi qui le programme chaque jour pour me réveiller,

2) que sans lui mes horaires d'arrivée au bureau seraient peut-être devenus un sujet de crispation professionnelle (l'expérience prouve que les patrons peuvent se crisper très vite pour pas grand chose).

 

Le seul point sur lequel je pourrais à la limite lui en vouloir, c'est le fait que son écran rétro-éclairé bleu ne s'allume plus depuis quelques temps. 

 

Je suis donc obligée, la nuit, quand je n'arrive pas à dormir (par exemple quand je sais que je dois me lever aux aurores le lendemain pour une journée terriblement chargée et que j'aurais donc intérêt à trouver le sommeil rapidement) de rallumer la lumière pour voir depuis combien de temps exactement je n'arrive pas à fermer l'oeil et calculer combien de temps maximum durera mon sommeil (des données somme toute très utiles pour réussir à s'endormir...)

 

Tout ça, bien sûr, au détriment de ma qualité de vie. 

 

Mais aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, je me suis surprise à être presque reconnaissante à mon réveil d'avoir sonné à 7h15 de son strident tidididit tidididit tidididit tidididit... (quelqu'un a le même ?)

 

C'est que, voyez-vous, il m'a comme tirée d'un (très) mauvais pas. 

 

J'étais avec ma soeur et mon frère ; nous nous apprêtions à aller chercher nos vélos pour une sympathique balade dans la campagne (ce qui ne nous arrive à peu près jamais vu qu'aucun de nous n'habite à la campagne, que ma soeur a toujours quelques scrupules à abandonner toute sa famille juste pour le plaisir d'être seule avec nous et que personne n'a de vélo - enfin, personne sauf mon frère qui a une vieille ruine verte trop petite avec 2 pneux crevés).

 

Sur le chemin nous avisons un car dans lequel nous décidons de monter afin de gagner un peu de temps (nous n'avons pas besoin de demander au chauffeur où il va car, curieusement, nous savons qu'il va là où nous allons).

 

Nous nous installons au fond du car (la place des cancres) mais en accaparant chacun une banquette distincte (évitons toute promiscuité déplaisante). 

 

En ce qui me concerne, je m'étale avec la quinzaine de sacs que je me découvre tout à coup (des courses pour le mois ? mes cadeaux de Noël ? un cadavre découpé en morceaux ?).

 

Il n'y a pas grand monde dans ce car.  

 

Ah si, quand même, cette petite fille qui nous demande si elle peut rester avec nous parce que les gens qui l'accompagnent sont bizarres.

 

Effectivement, ils sont gros, moches, mangent salement et ont l'air bizarre.

 

"Bon d'accord mais sois bien sage !"

 

... moment d'absence de Ginger... 

 

... je reprends mes esprits (mais au bout de combien de temps ?)...

 

Tiens, il fait nuit noire maintenant, ma soeur et mon frère se sont volatilisés, le car s'est vidé, il file sur une route rectiligne perdue en pleine nature.

 

Je ne m'interroge pas plus longtemps pour comprendre que j'ai raté mon arrêt dans les grandes largeurs... 

 

Je quitte alors ma place et je me dirige vers le chauffeur pour aller lui demander de me déposer au prochain arrêt avec la gamine - en chemin, je me retourne : la gamine est en train de fouiller dans mon sac - "Oh la, tu veux bien arrêter ça tout de suite, toi !" - bon il faut vraiment que j'aille demander au chauffeur de me laisser au prochain arrêt (et ne peux quand même pas prendre mes 15 sacs avec moi) - "Fais bien attention, toi, que je ne t'y reprenne pas !" - "Monsieur, vous pourrez nous laisser au prochain arrêt, moi et la gamine qui essaye de voler mes affaires, s'il vous plaît ?" 

 

Le chauffeur, sur un ton de vieux routier aux accents paternels : "Pas de difficultés Mam'zelle mais j'vous conseille de faire bien attention : y'a un lotissement pas très loin qui a fermé. Il s'y passait de bien trop vilaines choses... Méfiez-vous, on ne sait pas trop qui traîne dans le coin". 

 

"Ah, ok, merci Monsieur (glourg)". 

 

Je m'apprêtais à aller chercher mes affaires et ma gamine chapardeuse avec comme une légère intuition que toutes les circonstances n'étaient pas réunies pour me permettre de profiter à plein de cette petite virée nocturne...

 

Mais je n'ai malheureusement pas eu le temps de vivre ce  Sans retour version campagne française ; je ne saurai jamais comment l'histoire devait se terminer (mal, très mal ou vraiment très mal ?) !

 

Il était 7h15 et la première sonnerie de mon réveil m'a propulsée hors du car, dans un semi-jour, au beau milieu de mon lit ! 

 

C'est fou comme un lundi matin même grisailleux peut parfois vous paraître engageant...

 

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vendredi 12 octobre 2012

Attention (aux) Spoilers !

 

Attention aux quoi ? 

 

Aux spoilers.

 

Aux quoi ? 

 

Aux spoilers !

 

Oui mais sinon aux quoi ? 

 

Rhoo la la, pas de doute, toi tu es resté coincé à l'an 2000 ! 

 

Le spoiler, c'est quelque chose qui te dévoile sans crier gare la fin d'un film (à suspense) ou d'un roman (policier) et qui t'ôte, par la même occasion, environ 95 % de l'intérêt que tu aurais pu avoir à découvrir par toi-même la totalité de l'intrigue.

 

(Attention, le spoiler ne marche pas pour toutes les oeuvres ! Par exemple, pas avec les tableaux vu qu'il n'y a pas vraiment d'intrigue dans un tableau - sauf bien sûr dans la Joconde, mais personne n'a encore réussi à bien comprendre le message et encore moins à le spoiler). 

 

Bien souvent, les spoilers, ce sont des articles de presse, de magazines, de blogs....

 

Mais cela peut aussi prendre la forme d'une discussion informelle autour d'un bon café crème.

 

Car derrière tout spoiler, ne l'oublions pas, il se cache en réalité un Spoiler

 

Le Spoiler, c'est en général quelqu'un qui pense qu'il va t'aider à te faire une juste idée d'une oeuvre en t'en dévoilant généreusement la fin.

 

Une forme de sottise altruiste, en quelque sorte. 

 

"Bah, tu vois, c'est nul parce qu'en fait le bouquin se termine sur la mort de Roméo et de Juliette, alors qu'ils avaient encore plein de choses à vivre". 

 

A 17 ans, comme ça, j'ai rencontré mon premier Spoiler d'envergure.

 

Elle s'appelait Aurélie, avait les cheveux très gras, un regard plutôt absent, une moyenne générale vraiment très moyenne, et m'a révélé, durant les 2 seules minutes de conversation que j'ai eues avec elle pendant mon année de Terminale, pourquoi la fin du 6ème sens était vraiment bien trouvée...

 

J'ai eu beau essayer de me convaincre que je n'avais pas entendu / que j'avais mal entendu / que j'allais oublier, lorsque j'ai vu le film, j'avais conservé un souvenir très précis de l'explication finale (Aurélie, si tu me lis, évite de me laisser un commentaire, je pourrais être tentée de te répondre...). 

 

Mais il existe aussi une autre catégorie de Spoilers, encore plus dangereuse. 

 

Ce sont les Spoilers qui sont tellement fans d'un film ou d'un livre que, dans leur enthousiasme, ils ne parviennent pas à se maîtriser et finissent par égréner tous les détails du dénouement final, après avoir vainement lutté 2 minutes chrono pour te laisser la surprise...

 

Eux, ce sont les Spoilers compulsifs. 

 

J'avais pourtant bien dit à Jane, lorsqu'elle est venue chez moi, dimanche soir, enterrer son week-end en grande pompe autour d'un menu Maxi Best of bacon à emporter, dégusté devant la toute première saison d'Urgences, de ne surtout rien me dévoiler de l'avenir des personnages dans la série, vu que, contrairement à elle qui s'était enfilé un à un tous les épisodes pendant 15 ans, je la découvrais pour la première fois. 

 

J'entends encore son Oui, oui, Ginger, pas de problème, mets plutôt le DVD (du ton de la fille qui aimerait bien que tu arrêtes de l'embêter avec tes faux problèmes)...

 

Il ne s'était pas passé 2 minutes qu'à chaque nouveau personnage qui apparaissait sur l'écran, j'avais droit à des commentaires de plus en plus révélateurs !

 

(ATTENTION : ne lisez pas la suite si vous n'avez jamais regardé Urgences et que vous comptez bien vous rattraper un jour !)

 

Cela a commencé lorsque l'épouse du Docteur Green, séduisante jeune femme apparemment très éprise de son mari, est apparue à l'écran : "Tiens, cette garce de Jen, ça faisait longtemps...".

 

(Merci Jane, je sais maintenant que son personnage va incarner quelque chose de très positif dans la série... Et sinon, elle annonce dans le combientième épisode au Docteur Green qu'elle a une liaison avec un de ses collègues ? Le 25ème ?)

 

Cela a continué après avec Benton, l'interne travailleur, volontaire mais un peu frustre, et la charmante kinésithérapeute qui s'occupe de sa mère : "Tu ne trouves pas qu'elle le regarde avec des yeux... Pour une femme mariée, c'est un peu embêtant quand même !". 

 

(Bah non, Jane, là tout de suite, je ne trouvais pas qu'elle le regarde "avec des yeux...". Tu dois sans doute avoir 2 - 3 épisodes d'avance, voilà tout !)

 

Et puis il y a eu Carol Hattaway, l'infirmière dévouée, et là nous avons atteint le top niveau du spoiler : "Et ça y est, elle s'est mariée avec Doug Ross" ?

 

(Alors, au risque de te décevoir, pas encore Jane. Pour l'instant, elle doit juste se marier avec un autre médecin mais bon, on va attendre tranquillement l'annulation de dernière minute et nous verrons bien.)

 

Et ainsi de suite...

 

Heureusement, mes réflexes m'ont sauvée ! 

 

Au bout d'à peine 3 ou 4 épisodes, je lui ai tenu un discours assez convaincant de ce genre :

 

Bon Jane, il va falloir que tu partes prendre ton bus maintenant, ils ne passent pas très souvent le soir et puis tu as une grosse journée qui t'attend demain, sans compter que chez toi, ça ne doit pas être très rangé et ce serait bien que tu évites de commencer la semaine avec le sentiment de vivre dans une vraie décharge. Et puis, moi, il faut que je finisse 2 - 3 dossiers que j'avais oubliés pendant le week-end, que je téléphone à ma caisse de sécurité sociale pour leur demander ce que c'est que cet appel de cotisations surprise (comment ça, il n'y a personne le dimanche soir ??!) et que je m'occupe de mon jardin (comment ça je n'ai pas de jardin ??!)...

 

Bref, il faut qu'on arrête de regarder Urgences !

 

Heureusement Jane avait vraiment une grosse journée le lendemain et elle est partie avant d'avoir pu, je crois, me dévoiler absolument tout de la série.

 

Il y a bien quelques petits détails que je dois, je pense, encore ignorer...

 

Par exemple, je ne sais toujours pas si la soeur irresponsable et à moitié de clocharde de Susan va appeler son bébé Suzie ou pas... what a suspense

 

 

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lundi 8 octobre 2012

Dans les relais H...

 

Vous savez, les relais H, ce sont ces maisons de la presse Hachette à la devanture rouge bordeaux (soyons précis), qui sont exclusivement implantées dans les gares, et dans lesquelles vous pouvez trouver toutes sortes de revues / mots croisés / romans harlequins / paquets de smarties / cigarillos...

 

A priori, vous êtes censé y passer 5 minutes, le temps d'acheter ce qu'il vous faut pour transformer votre longue et pénible expédition en train en partie de plaisir éclair, retards compris ("Mais, quoi ? Déjà arrivée ?! Je n'ai vraiment pas vu le temps passer avec mes 458 grilles de sudoku !").

 

Mais en réalité - tout au moins si vous êtes comme moi - le relais H, vous y restez au moins 25 minutes, le temps de vous occuper avant le départ de votre TGV, vu que vous êtes encore arrivé avec beaucoup trop d'avance (tout ça parce que vous avez encore raté votre bus à 2 secondes près et que vous avez dû vous rabattre sur le métro qui, certes, est beaucoup plus rapide mais vous procure une diversité de paysages moindre).

 

Et bien sûr, après avoir feuilleté consciencieusement une bonne quinzaine de revues du genre de celles que vous dévorez chez votre coiffeur, vous filez prendre votre train sans avoir rien acheté parce que, mon Dieu, le niveau de la presse de nos jours (c'était autre chose du temps de votre abonnement à Picsou magazine)...

 

Bref, pendant ces longues minutes, il peut vous arriver pas mal de choses, et pas seulement découvrir comment-Jennifer-Lopez-elle-est moche-quand-elle-n'est-pas-maquillée

 

Vous pouvez très bien, par exemple, retrouver un vieil ami que vous n'aviez pas revu depuis 10 ans et que vous n'aviez d'ailleurs aucune envie de revoir.

 

Vous pouvez aussi découvrir, dans votre horoscope 2013, que vous rempilez pour une nouvelle année de loses en tout genre (au moins vous êtes habitué maintenant). 

 

Mais vous pouvez aussi, très simplement, avoir une révélation sur vous-même. 

 

Encore faut-il réussir à bien l'interpréter...

 

Parce que, quand vous voyez tout à coup un type se traîner à 4 pattes à vos pieds, alors que vous êtes totalement absorbée par un article répertoriant les 100 nouveaux barbarismes anglosaxons les plus affligeants mots du vocabulaire français et, accessoirement, que vous portez une jupe, vous pourriez parvenir à la conclusion quelque peu hâtive que, décidément, les pervers de tous bords raffolent de votre compagnie.

 

Mais lorsque vous le voyez mettre la main sur la pièce de monnaie qui a visiblement dû rouler jusqu'à vos pieds, l'enseignement devient tout autre : 

 

"L'argent vous aime, Mademoiselle !"

(dixit le type à 4 pattes en train de ramasser péniblement sa pièce).

 

L'argent m'aime ?!

 

C'est drôle, jusqu'ici je pensais que c'était plutôt moi qui provoquais chacune de nos rencontres, un peu comme une histoire d'amour à sens unique, pas vraiment désespérée mais pas optimale non plus...

 

Mais apparemment, non.

 

J'achète un ticket de loto lors de mon prochain passage au relais H (ou j'attends le vendredi 13 septembre 2013) ? 

 

 

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