vendredi 24 août 2012

C'est difficile de décorer son logement

 

Enfin, peut-être pas pour tout le monde, mais pour moi oui. 

 

C'est simple, sitôt qu'il me vient des velléités d'accrocher quelque chose au mur, je suis prise de terribles interrogations. 

 

Est-ce que la photo du pont de Manhattan by night qu'on a déjà aperçue 100 000 fois dans toutes les chaînes d'ameublement de la Terre n'est pas un peu galvaudée ? La peinture des deux biches se désaltérant dans un lac, au clair de lune, ne fait-elle pas un peu plouc ? La gravure détaillant la composition type d'une colonne dorique n'a-t-elle pas quelque chose d'un peu rectilignement pédant ? 

 

Dans le doute, j'avais jusque là préféré orner mes murs blancs de tableaux imaginaires que moi seule pouvais admirer, sans jamais risquer d'exposer mes choix artistiques à la moindre critique. 

 

Mais une telle politique décorative ne m'a cependant pas mise à l'abri des réflexions sarcastiques de mon entourage.

 

Cela n'a fait que les déplacer sur un autre terrain. 

 

Hey, Ginger, c'est drôle, quand on vient chez toi, on dirait toujours que tu as emménagé la veille ! m'a confié dernièrement mon amie Jane

 

Bien sûr, sur le coup, j'ai fait bonne figure en répondant évasivement que oui, c'est vrai, peut-être, mais bon, je suis tellement occupée, je n'ai même pas trouvé le temps de dégivrer mon frigidaire, alors, tu sais m'occuper de décorer les murs...

 

Mais le coup avait porté.

 

Je m'imaginais déjà Jane disant un peu partout autour d'elle qu'elle connaît une fille qui, depuis un an qu'elle a emménagé, n'a toujours pas trouvé une seconde pour poser un malheureux tableau chez elle (Nan, pas possible ??!).

 

Alors j'ai décidé de prendre le problème à bras le corps. 

 

Je suis allée dans une jolie boutique, j'y ai choisi une belle gravure, je l'ai faite encadrer et prochainement mon frère me l'installera chez moi (un grand merci par avance) je percerai l'un de mes murs pour l'y suspendre. 

 

Je suis fière d'être enfin parvenue à me libérer du jugement des autres pour affirmer pleinement mon moi artistique.

 

Enfin, pleinement, c'est une façon de parler. 

 

Parce que je ne crois pas que, psychologiquement parlant, je sois encore prête à vous dire de quel tableau il s'agit...

 

 

Clown-triste.jpeg

      Un indice : ce n'est pas un Buffet. 

mercredi 22 août 2012

On a tous des problèmes dans la vie...

 

... et, en général, ils nous ressemblent. 

 

Tenez, prenons une personne que je connais bien : moi. 

 

Eh bien les difficultés assez terribles que j'ai rencontrées ces derniers mois et dont ce blog, pour les plus graves d'entre elles, s'est fait l'écho (si j'avais dû toutes les relater, l'espace de stockage d'overblog n'y aurait jamais suffi) ne sont pas sans rapport avec ce qu'il convient d'appeler pudiquement mes "particularités propres". 

 

A savoir : 

- une inadaptation chronique (ici et ici),

- des aspirations sans rapport avec la réalité (),

- un caractère parfois un peu (trop) hésitant (par ici),

- un soupçon de complication naturelle (c'est par là),

- des cheveux clairs ( et ).

 

Vous comprendrez que, vu toutes les situations délicates auxquelles je me trouve ainsi quotidiennement confrontée, je ne cherche pas spécialement à partager les problèmes des autres dus à leurs propres particularités.

 

Je fais même tout pour rester bien en dehors de leurs problèmes. 

 

Oui, c'est bien ça, j'appartiens à cette catégorie de personnes qui feint de ne pas remarquer le malaise de son voisin de métro (si je déclenche le signal d'alarme, j'en ai pour minimum 1/2 heure de retard), qui ne bouge pas pour aider le voyageur SNCF en échec de compostage de billet (si jamais la machine lui avale son billet, ça va encore me retomber dessus), qui se garde bien de prendre en charge le mouflet qui s'est perdu dans les allées du supermarché (si ses parents l'ont vraiment abandonné, je vais me retrouver avec ce gosse sur les bras).

 

Et je n'ai bien sûr pas fait d'entorse à cette attitude individualocentrique, il y a quelques jours, lorsque je me suis rendue au parc accompagnée de ma soeur - en phase terminale de grossesse - et de mes neveux. 

 

Quand une mamie du quartier promenant un affreux chienchien s'est crue autorisée, précisément à cause de la grossesse de ma soeur, à nous tenir la jambe pour nous raconter ses 4 grossesses à elles (il y a 50 ans), sa fausse couche (celle de juin 1965) et sa césarienne (celle d'octobre 1967), j'ai entièrement laissé à ma soeur le soin de faire les "Ah...", "Dites donc !", "Eh bien !" d'usage, pour me livrer - moi qui ne suis pas enceinte - à la passion que je me suis soudainement découverte pour les plantés de bâtons dans les cailloux réalisés par mes neveux (affreusement technique mais du plus bel effet). 

 

Je n'ai même pas fait de compliment à la dame sur son chienchien.

 

Ceci dit, ma soeur non plus. 


lundi 20 août 2012

Mes nouveaux voisins

 

Il y a 2 semaines de cela, de grands changements sont survenus dans l'immeuble situé juste en face du mien. 

 

Je le sais parce que les fenêtres de mon logement donnent précisément sur la façade de cet immeuble (une façade pas trop laide, contrairement à celle de l'immeuble que j'habite, mais cela m'est égal puisque je ne la vois pas quand je suis chez moi), et comme je n'ai toujours pas trouvé le courage temps de m'occuper de mes rideaux depuis 1 an que j'ai emménagé (et pourtant ce n'est pas faute d'être allée me renseigner au BHV dans un moment de désoeuvrement), eh bien j'ai une vue excellente sur les appartements de mes voisins. 

 

Et cela tombe plutôt bien, vu que, comme je n'ai pas la télévision, je n'ai en général pas grand chose à faire le soir/week-end (d'ailleurs je tiens un blog). 

 

Grâce à ça, je connais bien, maintenant :

 

- la famille du 1er étage, avec les deux grands adolescents qui aiment se vautrer sur le canapé rouge du salon et les parents qui passent les 3/4 de leur temps sur le balcon à fumer leurs cinq paquets de cigarettes quotidiens (apparemment, le genre de hobbies qui vous soude un couple),

 

- le ménage de retraités du 2ème dont le salon est presque entièrement tapissé de livres et qui reçoit de temps en temps ses grands enfants (ou présumés tels) autour de sympathiques dîners (auxquels je prendrais part avec plaisir s'ils m'invitaient parce que, voyez-vous, j'aime assez le foie gras),

 

- le monsieur entre deux âges du 3ème qui vit apparemment seul et qui inspecte chaque matin, aux environs de 8h, sa jardinière de fleurs, vêtu de son seul pantalon de pyjama (qui veut participer à la collecte en ligne pour lui offrir, au choix, le tee-shirt assorti / un coach en musculation des abdominaux ?), 

 

- le locataire de la chambre de bonne du dernier étage qu'en fait je n'ai jamais vu parce que sa fenêtre est située trop haut par rapport à la mienne, mais dont j'aperçois la lumière allumée jusque tard dans la nuit (insomniaque ? étudiant de PCEM 1 ? écrivain maudit ?).

 

Mais les nouveaux voisins dont je vous parle ne sont pas à dénombrer parmi ces occupants.

 

Le premier d'entre eux, j'ai eu la surprise de le découvrir un beau jour, tandis que je préparais mes feuilletés de tomates confites à la mozzarella, dans les bras de la jeune femme qui occupe avec son mari (ou présumé tel) et leur petit garçon l'appartement du 4ème étage.

 

J'avais bien remarqué qu'elle s'était étoffée de façon assez suspecte ces derniers mois et j'avais même fini par comprendre, il y a peu, malgré la dizaine de mètres qui séparent nos fenêtres respectives, que le nouveau parfum de glace Häagen-Dazs n'était sans doute pas le seul responsable de cette transformation.

 

Et c'est donc, somme toute, assez naturellement qu'est arrivé ce nouvel occupant, un petit blondinet en l'occurrence, qui me paraît tout à fait charmant et que j'inviterai avec plaisir à mon prochain anniversaire si j'arrive d'ici-là à faire sa connaissance (peut-être à l'occasion d'une après-midi passée aux jeux du parc voisin). 

 

Et puis il y a les nouveaux propriétaires du 5ème étage. 

 

Un couple de jeunes cadres dynamiques, polo de rugbyman Ralph Lauren pour lui et petit top en dentelles pour elle.

 

De prime abord, je n'ai pas su trop quoi penser à leur sujet...

 

C'est vrai, après tout, on peut être des gens très bien tout en étant des jeunes cadres dynamiques (même si c'est rare, j'en conviens).

 

Je ne disposais tout simplement pas de critères d'analyse suffisants pour porter un quelconque jugement à leur égard. 

 

Mais lorsque j'ai vu qu'ils ne trouvaient rien de mieux à faire que de passer tout une fin de journée, sur leur balcon, à tenter de sauvegarder les vestiges de leur bronzage made in Seychelles, lui en caleçon, elle en micro-short et haut de bikini (sans bretelles s'il vous plaît, merci les traces de bronzage), quand on peut tout simplement organiser un apéritif mojito-chips avec plein d'amis, mon opinion a été vite arrêtée. 

 

J'ai compris, à ce moment précis, qu'il devait s'agir d'un de ces couples de JHP* qui, après en avoir fini avec les concours étudiants et avoir décroché un poste prometteur dans une prestigieuse société, travaillent chaque année d'arrache pied le concours annuel le plus valorisé du monde professionnel, à savoir : le concours du j'ai-passé-les-meilleures-vacances-de-toute-la-boîte-la-preuve-j'ai-un-bronzage-de-rêve-digne-des-publicités-Oenobiol-photoshopées.

 

C'est drôle, mais, bizarrement, j'ai davantage envie de faire la connaissance de mon voisin nouveau-né que de ce charmant couple d'adultes mâtures et responsables.

 

Pourtant, me direz-vous, les avoir dans mon réseau pourrait m'être très profitable. 

 

Certes. 

 

Mais au moins, avec le plus jeune de mes nouveaux voisins qui reste la plupart du temps claquemuré chez lui à cause de la chaleur, j'ai peut-être une chance de le gagner, ce fameux concours bronzage de l'été ! 

 

voisins

Souriez, c'est Ginger, votre nouvelle voisine qui vous prend en photo !

 

* jeunes à haut potentiel 

jeudi 16 août 2012

Des nouvelles de Tom


L'autre jour, je vous parlais de Tom et du fait qu'il s'était peut-être fait enlever, lors de la soirée organisée par son meilleur ami, pour être épousé par la cousine Aimée - son plan B - et couler des jours heureux, la-bas, au Sénégal.

 

Mais en fait non.

 

J'ai reçu un texto tout à l'heure et ce n'était pas pour me demander mon adresse pour le faire-part, solliciter de moi l'honneur d'être leur témoin ou encore me consulter sur le choix du disc-jockey (Bah je ne sais pas, ça dépend, vous êtes plus "Valse de l'empereur" ou "Danse des canards" ?).  

 

En fait, ça avait plutôt rapport à l'élément central de son plan A, souvenez-vous, sa thèse dont je n'ai toujours pas réussi à comprendre l'intitulé depuis 3 ans qu'il y travaille...


"Ginger, je rédige mon intro en ce moment. Je peux te l'envoyer pour que tu la relises ? Je n'ai pas assez de recul pour l'instant et je voudrais savoir si ça reste accessible à quelqu'un d'un bon niveau mais  pas spécialiste de la matière."


Le point positif c'est qu'il a au moins compris que je n'étais "pas spécialiste de la matière" (même si un "totalement ignare" eût été mieux choisi).

 

La difficulté c'est qu'il me classe visiblement dans la catégorie des "personnes d'un bon niveau"...

 

Ce qui me complique rudement la vie, puisque, mon amour-propre m'empêchant de lui avouer qu'en fait il serait plus exact de qualifier de "médiocre", voire d'"insignifiant", mon niveau général, je vais être obligée :

 

1) de lire un truc auquel je ne vais rien comprendre (alors que j'aurais pu tranquillement me perfectionner dans la pose de vernis à ongles devant l'Amour est dans le pré),

 

2) de réfléchir à des commentaires parfaitement flous sur le fond mais présentés de façon suffisamment intelligente pour ne pas qu'il s'aperçoive de mon niveau réel et éviter qu'il me gratifie, en guise de remerciement, d'une réflexion certes non dénuée de toute pertinence mais un peu déplaisante à entendre (Ah, mais en fait, Ginger, t'as rien compris !).  

 

Pas exactement mission impossible, mais pas loin...

 

Vraiment, j'aurais bien aimé qu'il la rencontre, la cousine Aimée, à cette soirée !


lundi 13 août 2012

C'est grave docteur ?

 

Aujourd'hui, coup de chance, Ginger a un peu de temps devant elle à consacrer à son prochain. 

 

Elle renfile sa blouse de psychologue-psychiatre-psychanalyste pour venir en aide à quelques malheureuses personnes qui se sont égarées sur son blog et qui n'ont sans doute pas trouvé là les réponses qu'elles cherchaient à leur requête Google...

 

Petit rappel pour la forme : Ginger n'étant pas le pseudonyme de Bernard Pivot (désolée de vous décevoir), elle laisse le soin à Bernard, justement, d'intervenir sur le plan orthographique / syntaxique / grammatical (Bernard ?). 

 

 

"Comment s'habiller à St Jean de Luz ?"


Décryptage : Comme une petite appréhension de ne pas être parfaitement dans le ton pour ces vacances ? Le signe d'une peur plus générale de ne pas être bien comme il faut ? 


Le conseil de Ginger : Bah tu prends ton tee-shirt, tu enfiles une manche, puis l'autre, et puis tu passes la tête. Pour le short, c'est pareil mais avec les jambes (tu n'as plus à te préoccuper de la tête). Non, sérieusement, que tu sois à Saint Jean de Luz, à Saint Malo ou à Saint Omer, tu affirmes ta propre personnalité et tu l'imposes au reste du monde, c'est à lui de s'adapter (ou pas).

 

 

"dont en vous avez fait connaissance"


Décryptage : Une nouvelle rencontre sur Meetic ? Un inconnu croisé à la cafétéria de l'entreprise ? Une chose est sûre : on a du mal à te suivre là ! Pas sûre que toi non plus tu saches ce que tout ça signifie d'ailleurs. L'émotion peut être...


Le conseil de Ginger : STOP !!!!!!!!!!! On se pose 2 minutes, on liste les données du problème (en évitant de se lancer dans des relatives, n'est pas Marcel Proust qui veut), on remet l'ensemble dans un ordre chronologique et puis, seulement, on réfléchit à tout ça. Une chance sur deux que tout s'éclaire de soi-même (sinon tu peux toujours retourner voir Ginger). 

 

 

"Anecdote qui ne sert à rien"


Décryptage : Par définition, une anecdote ne sert à rien. Donc soit tu n'as pas compris le sens du mot "anecdote", soit - plus probable - tu es à la recherche de quelque chose que tu as déjà entre les mains même si tu ne l'as pas encore réalisé (cf. la chanson de Téléphone, tout le monde me suit ?). 


Le conseil de Ginger : Sors de ta bulle et prête un peu attention à ce qui t'entoure. Si tu ne trouves toujours pas d'anecdote qui ne sert à rien, prends le métro, en général il y en a plein. Sinon, je peux aussi t'en prêter. 

 

 

"Attention au blogs"


Décryptage : Et pourquoi pas attention aux affiches, attention au sopalin, attention à la peinture fraîche (ah ben si, ça oui en fait...) ?!


Le conseil de Ginger : Alors là, il y a urgence à s'extraire de cette spirale autodestructrice du il-faut-se-méfier-de-tout. Il est temps d'affronter la vie et de cesser de se cacher derrière des grandes déclarations à l'emporte-pièce qui ne trompent personne. En plus, soit dit en passant, les blogs ont une capacité de nuisance relativement limitée par rapport à une attaque virale ou à un lâcher de bombe atomique. Donc choisis au moins un peu mieux tes sujets d'inquiétude si tu ne veux pas passer pour un crétin et cesse donc un peu de nous embêter. (PS : tes initiales ne seraient pas FK par hasard ?)

 

 

"Une robe chez Franprix"


Décryptage : Il n'y a pas de rayon vêtements chez Franprix. A la différence de notre ami qui cherche une "anecdote qui ne sert à rien", toi, tu poursuis désespérément quelque chose qui n'existe pas. Une fuite en avant ? 


Le conseil de Ginger : sois tu vas chez Monoprix (en général ils ont des robes), soit tu intègres la direction de Franprix et tu prends les choses en main pour diversifier les activités. Mais inutile de perdre ton temps à arpenter des couloirs de supermarchés comme une âme en peine. Tu as sans doute beaucoup mieux à faire dans la vie même si tu penses que non. Réfléchis. Au pire, tu peux toujours faire de l'humanitaire. 

 

 

"Changemen de programe copine accepte pas"


Décryptage : On dirait qu'il y a de la crise de couple dans l'air... Un peu dépassé par les évènements pour confier ça à Google, non ?!


Le conseil de Ginger : De deux choses l'une. Sois tu arrêtes de changer comme ça de programme, pour rien, en mettant ta copine devant le fait accompli. Sois tu changes de copine. Mais attention, si tu choisis cette seconde option, évite quand même de réitérer trop souvent les changements de programme parce qu'entre nous, ça pourrait énerver ta nouvelle copine et il faudrait encore en trouver une autre... Mais dis-moi, mon grand, pourquoi te précipiter dans la vie de couple ? Tu ne penses pas qu'il serait préférable d'attendre une bonne petite vingtaine d'années histoire de prendre le temps de mûrir un peu (j'dis ça, j'dis rien...) ?

 

 

"Courage tien bon je suis là"


Décryptage : Mmmouais... mais tu parles à qui sinon ? Parce que là, en fait, tu t'adresses à un moteur de recherche...


Le conseil de Ginger : C'est vrai qu'on ne sait pas toujours exactement comment quelqu'un qui connaît des difficultés va réagir lorsqu'on lui témoigne son soutien. Va-t-il en être reconnaissant ? Va-t-il se draper au contraire dans une attitude de fierté offensée je-n'ai-pas-besoin-de-ta-pitié-merci ? Peu importe : fie-toi à ce que tu ressens et surtout... ARRETE DE PARLER A UN MOTEUR DE RECHERCHE !

 

 

Heureuse d'avoir pu vous aider et à la prochaine fois ! 

 

 

c-est-grave-docteur

samedi 11 août 2012

La femme moderne

 

Hier après-midi, je discutais avec ma cobureau de tout et de rien vu que, l'une comme l'autre, on n'avait pas vraiment l'inspiration pour travailler à ce moment précis (et dans ce cas, mieux vaut ne pas se forcer sinon on a toutes les chances de faire une bêtise). 

 

- Et c'était bien ton déjeuner avec Célia [bâillement étouffé?

 

- Oui, très chouette. On est allées au Pain quotidien (LE restaurant que déteste notre collègue David : c'est bio et il y a beaucoup trop de légumes dans les plats). J'ai pris la salade de lentilles citronnée, hmmmmmmmmmmmmmm [manifestation de vif contentement]... 

 

- Hmmmmmmmmmmmmmm [adhésion totale à la manifestation de vif contentement]...

 

[Pause d'une seconde pour se remettre de la dépense d'énergie considérable provoquée par la discussion. Il fait très chaud ce vendredi après-midi.]

 

- Tiens, tu sais que Célia a une collègue trop bizarre... Tu ne devineras jamais ce qu'elle a fait !

 

[Soudain sentiment de malaise qui me coupe court dans le tournicotis que je suis en train d'effectuer avec mon fauteuil à roulettes.

 

Je ne sais pas pour vous mais moi, dans une pareille situation, j'ai toujours peur de découvrir que la personne citée comme une curiosité interplantétaire partage en réalité avec vous ce que votre interlocuteur considère comme une incroyable bizarrerie.

 

Je prie donc intérieurement pour que ma cobureau ne m'annonce pas que la fameuse collègue en question met parfois 2 réveils le matin pour être bien sûre de se réveiller ou qu'il lui est déjà arrivé de jeter ses déchets dans une poubelle publique histoire d'éviter de faire le tri sélectif...]

 

- Vas-y, dis-moi [ton faussement dégagé] ! 

 

- Eh bien elle a beau être célibataire, elle s'est acheté une robe de mariée !

 

- Non ?! 

 

[Soulagement intense : je n'ai pas de robe de mariée dans mon placard et c'est à peine si je suis allée une ou deux fois dans ma vie regarder certains modèles sur internet, par pur intérêt stylistique bien sûr - mais ça, j'ai préféré ne pas le dire à ma cobureau, je ne sais pas à quel niveau exactement elle place le curseur de la folie douce...]  

 

- Elle a expliqué à Célia qu'en passant devant un Pronuptia, elle était tombée en arrêt devant un modèle et que "tu comprends, comme je n'étais pas sûre de retrouver un jour une robe aussi jolie, j'ai préféré la prendre". Non mais elle est vraiment spéciale cette fille ! 

 

- Ah oui, elle est même très spéciale cette fille tu veux dire ! Et pourquoi pas chosir déjà sa bague de fiançailles et présenter la facture à son futur mari le jour où on l'a enfin trouvé ("Au fait chéri, au cas où tu voudrais m'épouser, pas la peine d'acheter une bague, j'en ai trouvé une très belle il y a 4 ans. Par contre, si tu veux bien me faire un petit chèque de 5.000 € ça m'arrangerait, elle m'a coûté un bras, tu sais"), ahahahahaha !

 

- Ahahahahaha !

 

[Je repars checker ma boîte mail pendant que ma cobureau va jeter un coup d'oeil sur yahoo news au cas où on aurait des nouvelles fraîches de Xavier Dupont de Ligonnès (mais non).]

 

Et puis j'ai réfléchi à cette histoire de robe de mariée.

 

Et je me suis dit que peut-être qu'en fait, cette fille, elle avait tout compris et que c'était ma cobureau et moi qui étions sérieusement attardées. 

 

Parce que la femme moderne, c'est peut-être ça finalement, la femme qui sait anticiper les évènements de la vie pour en tirer le meilleur parti possible.

 

Celle qui choisit ses études en fonction des avantages de retraite attachés au métier auquel elles mènent, celle qui achète un déambulateur à prix cassé avant même d'avoir passé le cap de la trentaine parce qu'une si belle occasion ne se représentera pas forcément deux fois, celle qui se lance dans une étude comparative du prix des pierres tombales pour son contrat obsèques alors qu'elle peut encore raisonnablement compter sur une bonne soixantaine d'années d'espérance de vie...

 

Allez, je suis convaincue !

 

Quelqu'un a l'adresse du Pronuptia le plus proche ?


mariee.jpeg

 

jeudi 9 août 2012

Je n'aime pas les choux de Bruxelles

Ni leur goût, ni leur odeur. 

 

Et à la réflexion, je n'aime pas non plus leur forme.

 

Ni leur couleur d'ailleurs. 

 

C'est bien simple, je n'aime rien chez les choux de Bruxelles.

 

Alors je vous prie de croire qu'une opération publicitaire basée sur les choux de Bruxelles - sauf, bien sûr, si c'est pour miser sur l'effet repoussoir associé à ce légume ("Oh je n'aurais pas dû prendre de cette purée de choux de Bruxelles immonde juste pour faire plaisir à Tante Gudule alors que je déteste ça et qu'en plus j'ai fait une vilaine tâche sur mon chemisier tout neuf. Heureusement j'ai toujours une lingette Javelcroix dans mon Darel !") - a peu de chance de fonctionner sur moi. 

 

Voire a toutes les chances de m'indisposer définitivement contre l'objet de cette publicité. 

 

Bruxelles.jpg

 

C'est dommage, parce que je m'étais dit que je retournerais bien un jour à Bruxelles (re)goûter leurs excellents chocolats (et pas un cornet de choux de Bruxelles, merci bien, il me reste encore un semblant d'équilibre malgré tout).

 

 

PS : si quelqu'un a le nom de l'agence publicitaire qui a eu une aussi riche idée, merci de faire suivre...

lundi 6 août 2012

Avoir un plan B dans la vie...

 

... c'est essentiel. 

 

Parce que, comme ça, si votre plan A vous laisse en rade un beau jour, vous pouvez toujours vous raccrocher à quelque chose plutôt que de sombrer dans l'alcoolisme / la kleptomanie / l'absorption compulsive de chocolat / les soirées passées en mode loque humaine devant Derrick

 

Tenez, moi, par exemple, mon plan B c'est de me marier avec Joe Dassin et d'aller siffler là haut sur la colline quand tu voudras où tu voudras le coeur ouvert à l'inconnu de vivre aux sons des ukuleles sur une petite île paradisiaque du Pacifique, loin du fisc, des impôts et de toute la paperasse administrative et on s'aimera encore même quand l'amour sera mort

 

Et croyez-moi, les soirs où j'ai un peu de vague à l'âme (je n'ai pas réussi à trouver les chaussures que j'avais repérées en solde/le dernier billet SNCF à un tarif abordable vient de partir/le distributeur de la banque a avalé ma carte bleue/tout mon fromage blanc s'est déversé dans mon sac Monoprix), c'est un vrai soutien ! 

 

Je me dis qu'au pire du pire, voilà, je claque tout et je rejoins Joe. 

 

Et tout de suite, tout va beaucoup mieux. 

 

Si bien que je n'ai encore jamais eu à mettre mon plan B à exécution (le plan A consistant principalement, vous l'aurez compris, à acheter des chaussures en solde).

 

Pour d'autres (beaucoup plus superficiels), le plan B, c'est de gagner au loto et d'investir dans une Porsche pour faire son kéké à la sortie de l'Ecole de coiffure de Lons-le-Saunier. 

 

Pour d'autres encore (tout aussi superficiels), c'est de devenir vedette de cinéma et de raconter en interview pourquoi ce n'est pas facile tous les jours d'être beau, célèbre et admiré. 

 

Des exemples de plans B somme toute assez différents, mais nul ne s'en étonnera : chacun bâtit en général son plan B en fonction des goûts qui lui sont propres.

 

En général.

 

Parce que, mon ami Tom, figurez-vous que lui, son plan B lui a été en quelque sorte imposé.

 

Tom, je l'ai rencontré au cours de mes études en faculté, à une époque où il passait des partiels qu'il n'avait même pas révisés "parce que ça ne l'intéressait pas".

 

Aujourd'hui c'est un thésard qui se nourrit en moyenne de 15 livres par jour écrits dans des mots tellement compliqués que même la lecture d'une seule phrase peut suffire à faire horriblement mal à la tête (et dire qu'il a prévu de me faire un jour relire sa thèse dont je n'ai même pas compris le sujet...). 

 

Assez logiquement, son plan A, c'est donc de soutenir sa thèse, puis de passer l'agrégation, puis d'enseigner devant un public d'étudiants idolâtres buvant chacune de ses paroles (il est assez pudique sur ce dernier point, mais c'est la seule explication convaincante que j'ai trouvée au fait de faire volontairement une thèse).

 

Son plan B, par contre, c'est l'un de ses amis d'origine sénégalaise qui lui a gracieusement fourni : rencontrer sa cousine Aimée qui l'attend, là-bas, au Sénégal, pour vivre avec lui un bonheur sans nuage, dans une belle maison avec vue sur la mer, domesticité suffisante pour oublier jusqu'au sens du mot "poussière" et poste prestigieux à l'Université de Dakar...

 

En fait, le plan B de Tom semble être un peu son plan A à elle, vu qu'il y a quelques mois, sans l'avoir jamais ne serait-ce qu'entre-aperçu, elle lui a carrément téléphoné depuis le Sénégal, comme ça, pour prendre de ses nouvelles.

 

Tom a beau avoir lâchement écourté la conversation ("Allo, allo... Bon, j'entends plus rien, je raccroche"), moi je lui ai dit qu'il était quand même bien bête de ne pas troquer son plan A contre son plan B, parce que je ne connais pas Aimée mais elle fait partie d'une potentialité hypothétique du futur qui fait quand même drôlement rêver...

 

Mais non, rien à faire, il ne veut pas abandonner son plan A !

 

Seul espoir : qu'à la grande fête organisée le week-end prochain, chez son ami, Tom tombe nez-à-nez avec Aimée qui aura fait le voyage tout exprès pour lui et qu'elle se débrouille pour que, de gré ou de force, leurs destins à tous deux épouse enfin les contours de son plan B à lui....

 

...et me permette de faire très prochainement un beau voyage pour leur adresser de vive voix mes meilleurs voeux de bonheur !


jeudi 2 août 2012

J'ai (vraiment) besoin de vacances

 

Je m'en suis (vraiment) rendue compte aujourd'hui. 

 

Lorsque vous partez de chez vous, direction le travail, et que vous avez la judicieuse idée d'emporter le reste de votre fromage blanc (à deux doigts de se périmer) pour agrémenter votre pique-nique bucolique du midi dans les jardins du Trocadéro et qu'il ne vous vient même pas à l'esprit que le pot n'est pas forcément totalement hermétique, surtout lorsqu'il subit les secousses répétées d'un trajet d'une vingtaine de minutes en vélib, oui, cela s'analyse comme un signe de fatigue

 

Oh, bien sûr, ce n'est pas dramatique : vous pouvez juste tirer une croix sur votre fromage blanc du déjeuner (de toutes façons, il était peut-être complètement moisi, vous n'aviez pas eu le temps de vérifier avant de partir). 

 

Et puis, votre sac en tissu Monoprix dans lequel vous aviez glissé le pot de fromage blanc, qui se retrouve tout dégoulinant de son contenu, aura en fait connu là une très jolie fin, en famille si j'ose dire, vu que le fromage blanc était lui aussi de la marque Monoprix (le monde est petit). 

 

Bon, les traînées blanchâtres qu'il a laissées sur votre jupe sont certes peu élégantes mais, après tout, une journée ce n'est guère que 24h et, coup de chance, ce soir vous n'avez pas rendez-vous avec Adrian Brody (pour changer de Ryan Gosling). 

 

 

Et lorsqu'au cours de votre journée de travail, vous faites une erreur aussi énorme que celle qui consisterait pour un conducteur de travaux à se tromper de chantier et à venir mettre ses compétences et son expertise au service d'un chantier concurrent sans même s'en rendre compte (attention, simple comparaison, car même si j'ai beaucoup d'affection pour le BTP, ma conseillère d'orientation ONISEP de 3ème ne m'a pas dirigée dans cette voie), alors là, re-oui, c'est un gros, gros signe de fatigue.

 

Heureusement, je me suis rendue compte suffisamment tôt - Dieu sait par quel miracle - de cette petite méprise pour éviter de justesse de devenir la star internationale de la bévue-professionnelle-tellement-incroyable-que-personne-n'aurait-cru-que-c'était-possible-sans moi. 

 

- Hey, tu vois la fille blonde là-bas ? 

- Oui, pourquoi, tu la connais ? 

- Oui, enfin non, enfin si... Mais tu sais, c'est la fille qui a [description de la bévue-professionnelle-tellement-incroyable-que-personne-n'aurait-cru-que-c'était-possible-sans moi] !

 - Nan mais attends, me dis pas qu'elle existe vraiment ?!!

 

 

J'attends demain avec impatience...

 

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mercredi 1 août 2012

Le wagon bar du tgv...

... c'est là où je m'installe chaque fois que je prends le train sur la ligne Paris/Ville-de-province-dans-la-périphérie-de-laquelle-mes-parents-sont-installés-depuis-2003 (je pense que tout le monde aura deviné de quelle ville il s'agit). 



Pas précisément pour passer l'intégralité de mon trajet à enfourner des sandwichs caoutchouteux et avaler des cafés fadasses obtenus après 3 heures de queue en équilibre instable - le trajet est d'ailleurs trop court sur cette ligne pour que le bar soit ouvert - mais pour m'étaler avec toutes mes affaires dans l'un des quatre "carrés" qui se trouvent dans ce wagon.



Pour qui ne possède pas à la perfection le jargon SNCFesque (grosse lacune soit dit en passant), il faut savoir qu'un "carré" est un ensemble de quatre sièges répartis en deux rangées de deux places qui se font face l'une l'autre (et qui forment, si vous avez bien suivi... eh bah tiens, oui, un carré !).

 

 

Mais attention, ne vous méprenez pas, il y a "carré" et "carré".

 

 

Les "carrés" du wagon-bar, vous l'aurez compris, sont vraiment chouettes parce que vous pouvez a priori compter sur quatre places pour vous tout seul (et toutes vos affaires), vu que, sauf affluence exceptionnelle pour cause de week-end prolongé, ils ne sont jamais attribués (sur ma ligne de TGV en tout cas) et que peu de gens sont au courant de la combine (par avance merci pour votre discrétion).

 

 

Alors que que si vous découvrez que l'agent SNCF humain ou cybernétique auprès duquel vous avez acheté votre billet vous a placé dans l'un des "carrés" d'un wagon lambda, il ne vous reste plus qu'à serrer les dents en vous préparant à un voyage-cauchemar (pas tout à fait comme si le contrôleur s'avérait être Freddy Krueger, mais pas loin quand même).  

 

 

Je m'explique !

 

 

Dans le "carré" d'un wagon lambda, les trois autres places qui forment le "carré" seront nécessairement toutes occupées, ce qui signifie pêle-mêle que vous : 

 

- disposerez de moins de 10 cm pour étaler vos jambes sans risquer de les enchevêtrer dans celles de votre voisin (qui ne ressemble pas forcément à Ryan Gosling),


- aurez droit à maximum 5 cm de largeur de tablette pour poser vos affaires (feuilles A4 à bannir),


- aurez une chance sur deux de vous retrouver à jouer les bouche-trous au milieu d'une famille encore trop peu étoffée pour occuper à elle seule les quatre places, mais pourtant déjà excessivement bruyante (notez qu'en général, c'est souvent le nouveau-né qui tient le rôle bruyant).

 

 

Bref, aucun rapport entre un voyage dans le "carré" d'un wagon lambda et un voyage dans le "carré" du wagon bar.

 

 

Sauf que, sauf que... comme les choses sont toujours complexes (c'est ce que la vie m'a appris), il peut arriver de temps en temps que vous ayez une mauvaise surprise dans le wagon bar.

 

 

Quel genre de mauvaise surprise ?!

 

 

Eh bien le genre :


- bande de 10 étudiants en goguette qui parcourt tout le TGV pour essayer de trouver plusieurs places les unes à côté des autres, et qui - pas de chance - finit fatalement par débouler au wagon-bar. Et hop, 3 amis extrêmement bruyants gagnés d'un coup  !,


- type qui voyage sans billet et qui atterrit là parce que c'est le seul endroit où il reste des places non occupées et qui vous réserve un petit échange musclé avec le contrôleur à son prochain passage (c'est pas parce qu'il n'a pas payé qu'il est prêt à se faire truander par la SNCF, eh oh quand même !),


- militaire qui, pour voyager beaucoup (avec des tarifs à 25% il aurait tort de se priver), connaît la ficelle comme vous et a la mauvaise idée (au choix) de faire le voyage avec d'autres potes de caserne hyper bruyants (même si sans doute hyper sympas) / de téléphoner à maman hyper bruyamment (mais c'est sans doute parce qu'il l'aime beaucoup) / de s'asperger quotidiennement de la moitié de sa bouteille de parfum à l'odeur absolument insoutenable  (ça marche aussi avec le déodorant).

 


Et puis il y a la mauvaise surprise que j'ai faite lors de mon dernier trajet : le gros goûlu qui est arrivé là on ne sait pas trop par quel hasard, apportant avec lui tout un sac rempli de kebabs, barquettes de frittes, chips, nuggets et bien sûr danettes, et qui se fait un plaisir de vous honorer pendant tout le trajet d'un concert assez incroyable de bruits de mastication / déglutition un peu, comment dire...  écoeurants !



Confronté à un tel voisin-de-"carré", je vous prie de croire que même le strapontin de la plateforme séparant deux wagons, sans tablette et sans accoudoir, m'a semblé un vrai hâvre de paix...


 

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Pitié, pas ce carré, je va vraiment trop m'embêter !