mercredi 27 mars 2013

Sortie citoyenne


Très régulièrement j'ai des sorties.

 
Des sorties pizza chez Djane, des sorties cake chèvre-tomates chez Dow, des sorties quiche saumon-poireaux chez Sansan, des sorties pâtes à la carbonara chez Aure, des sorties rien du tout chez BJ (apparemment, il ne connaît que le rayon alcool de son supermarché)... 

 
Des sorties aller acheter du saucisson chez Monoprix, des sorties aller affranchir le paquet d'anniversaire de mon filleul à la Poste, des sorties aller chercher de l'efferalgan à la pharmacie (alors même que je sais pertinemment que c'est un placebo)...

 
Des sorties allons voir Au bout du conte au Gaumont, des sorties allons écouter du Chopin Salle Pleyel, des sorties allons voir Gustave Kramer saccager l'Or du Rhin a Bastille...


Bref, des tas de sorties différentes qui ont toutes en commun de ne pas m'impliquer du tout dans la vie de la Cité.

 

Mais n'allez pas croire pour autant que c'est parce que je m'en tiens volontairement éloignée.

 

Non, c'est juste elle qui refuse de venir à moi, ce qui est vraiment très désobligeant de sa part vu que je l'ai signé, moi aussi, ce fameux contrat social et que, même, je paye mes impôts moi madame (et pourtant des amis Corses m'ont assuré que ce n'est pas obligatoire).

 

Aussi, j'ai décidé de me saisir du problème à bras le corps.

 

J'ai écrit de mon plus beau clavier à mon député pour lui réclamer un billet de séance (oui, c'est le nom) afin d'assister à l'une des séances de travail de l'Assemblée Nationale, et comme mon député m'aime beaucoup, son attachée parlementaire m'a répondu Super Ginger, quel jour vous intéresse ?, ce à quoi je lui ai indiqué Demain par exemple.

 

Demain, à 15h, je contrôlerai donc que les gens que vous et moi, mes chers concitoyens, nous avons élus (ou pas), accomplissent correctement la mission dont ils ont la charge.

 

En cas de doute, je n'hésiterai pas à faire un scandale au sein de l'hémicycle.

 

Si vous souhaitez y assister en direct, il vous suffit d'allumer votre télévision sur la chaîne parlementaire et d'attendre patiemment.

 

Avec un peu de chance, je passerai ensuite au zapping...


L'aboutissement d'une vie, en somme. 

lundi 25 mars 2013

Les blogs d'humeur sont quintessentiellement féminins

 

C'est la vérité vraie. 

 

Conviez un membre - n'importe lequel - de la caste masculine à stopper son jeu en réseau et à ouvrir son logiciel de traitement de texte.

 

Demandez lui ensuite de livrer par écrit, à travers l'évocation d'un fait a priori anodin de sa vie quotidienne, les impressions tout à la fois drôles et poignantes que ce fait a suscité chez lui, et les réflexions plus ou moins délirantes qu'il lui a inspirées. 

 

Vous verrez que dans 99,99 % des cas, au lieu de se mettre à taper frénétiquement sur les touches de son clavier pour noircir la page affichée sur son écran, en proie à une véritable transe littéraro-écrivationnelle, il vous regardera avec de grands yeux écarquillés presque touchants de détresse.

 

La fille qui me parle, là, en face de moi, est-elle folle à lier ? Fait-elle une étude sur le comportement humain face à l'absurde ? Est-on déjà le 1er avril ? Zörg m'a-t-il (encore) télétransporté dans une réalité parallèle ? 

 

Car oui, sur ce plan là, il faut nous y résoudre, nous ne parlons pas le même langage.

 

Là où un homme lambda a besoin au minimum de 4 heures pour jauger une situation dans son ensemble, il suffit d'un coup d'oeil à toute fille bien née pour atteindre le même résultat. 

 

Elle dispose par conséquent d'environ 3 heures 59 minutes et 59 secondes pour se livrer à une analyse cette fois détaillée de la situation, allant du pourquoi du comment jusqu'au comment du pourquoi, en passant de l'alpha pour finir à l'oméga. 

 

Mais elle n'a bien sûr pas besoin de tout ce temps : un second coup d'oeil lui suffit pour embrasser les choses dans toute la profondeur de leur complexité. 

 

Grâce à cet incroyable super-pouvoir que beaucoup - ne nous leurrons pas - leur envient, les femmes ont donc toujours de quoi tenir au minimum 100.000 caractères sur n'importe quel sujet qu'il leur a été donné d'approcher, y compris le plus insignifiant, et donc d'alimenter quantitativement un blog de qualité, là où l'homme lambda peine à dépasser les 3 lignes de fait brut style dépêche AFP. 

 

Exemple. 

 

Soit une ampoule qui décide de sauter alors que les invités sont sur le point d'arriver. 

 

Récit de l'homme lambda : L'ampoule a sauté alors que les invités étaient sur le point d'arriver

 

Récit de la blogueuse d'humeur : 

 

- rappel du contexte (J'étais complètement en retard, je finissais de me coiffer tout en mettant mon rôti au four, Louis terminait de chercher partout le tire-bouchon qui était en fait dans le tiroir, à sa place habituelle),

 

- présentation des prémisses (Ce n'est pas comme si la lampe n'avait pas donné de signes de fatigue auparavant : deux fois déjà, elle s'était mise à clignoter de façon suspecte, mais bon, je n'avais pas que ça à faire d'aller en racheter une au risque de rater le début du concours des maisons les plus originales sur M6),

 

- exposé du drame (20h10, les invités vont arriver d'une seconde à l'autre, hop, la lampe s'éteint, hop, on ne voit plus rien du tout, hop, les invités arrivent, hop c'est gênant), 

 

- indication de la résolution du drame (Je suis allée chercher de vieilles bougies parfumées à la cave que ma grande tante m'avait offertes à Noël 2008 et que je croyais ne jamais utiliser, mais en fait non), 

 

- conclusion (Finalement, cette atmosphère intimiste n'a pas été pour nous déplaire : on a tous regretté d'être nés à l'ère antipoétique de l'électricité - enfin sauf Louis, sinon il n'aurait jamais pu jouer à des jeux de réseau - et puis en plus, quand je suis allée me coucher et que je me suis regardée en pleine lumière de néon atroce dans la salle de bain, les cheveux à moitié décoiffés, le visage rouge, les yeux cernés, avec ce charmant bout de persil entre les dents, je me suis dit que la bougie était définitivement mon meilleur allié beauté). 

 

Lorsque vous êtes vous-mêmes témoin de la scène, l'incapacité de l'homme lambda à développer le sujet n'est ainsi pas trop gênante dans la mesure où vous êtes en mesure d'y pallier par votre propre récit que vous pouvez consigner, parmi tant d'autres, dans votre blog.

 

Elle vous est même plutôt favorable puisque vous évitez toute situation de concurrence gênante entre blogueurs. 

 

Ce qui est beaucoup plus ennuyeux, par contre, c'est lorsque vous n'y assistez pas.

 

Exemple.  

 

Soit votre frère qui va passer un week-end chez un ami d'enfance (que vous avez très bien connu fût un temps), lequel s'est fraîchement installé avec une fille que vous ne connaissez que sur photos facebook mais qui a l'air un peu... hmm... spéciale, ou du moins pas votre genre (pour parler pudiquement).

 

Comme vous savez que votre frère n'appartient pas à la catégorie des blogueuses d'humeur, puisque - scoop - c'est un homme, vous essayez de prévenir son manque d'observation en entamant un bon travail de harcèlement cérébral toute la semaine qui précède, pour attirer son attention sur les points qui vous intéressent. 

 

Regarde bien si elle est vraiment aussi... hmm... spéciale que sur les photos / comment elle se comporte avec ***** / quels sont ses centres d'intérêt / quelle influence elle a sur lui / comment elle parle de sa "belle-famille" / quel genre de vie ils mènent / s'ils paraissent avoir des projets à long terme / si leurs radiateurs sont en état de fonctionnement / s'ils boivent du thé ou du café au petit-déjeuner / etc.

 

Bref, différents points susceptibles de révéler des croustilles/pépites en tout genre. 

 

Et là, retour du week-end, vous vous précipitez sur votre frère pour prendre les nouvelles. 

 

Et là, votre frère : J'ai été bien reçu, lui est toujours fidèle à lui-même, et elle est plutôt gentille en fait

 

Et ??? 

 

Et rien. 

 

Mais encore ? 

 

Non, je n'ai rien remarqué de spécial. 

 

Mais si, il y a forcément quelque chose ! 

 

Mais non je te dis. 

 

Allez, fais un effort. 

 

Puisque je te dis qu'il n'y a rien !

 

Même pas la couleur du papier peint ? Ou le poster dans les toilettes ? 

 

Non. Rien. 

 

Moi, si je m'étais rendue à ce week-end là, je suis sûre que j'aurais pu trouver de quoi écrire au moins 100 - 150 articles pour mon blog. 

 

C'est finalement parfois un peu frustrant que tout le monde ne soit pas une blogueuse d'humeur...

lundi 11 mars 2013

Adieu mes 15 ans

 

Hier, ma soeur et moi, nous étions confortablement installées sur le canapé du salon de mes parents, à discuter ensemble de tout et de rien, comme nous savons très bien le faire.

 

A discuter de tout et de rien, oui, mais pas seulement.

 

Nous avons bien trop peur, toutes les deux, de nous voir tout à coup méchamment rattrapées par l'héritage familial pour nous laisser aller à ne faire que parler.

 

Je ne sais pas si vous connaissez ma tante qui habite Limoges, celle qui est capable de passer toute une journée à ne faire qu'exprimer son opinion sur tel ou tel sujet totalement inintéressant, d'un ton languide et monocorde, des heures et des heures durant, mais c'est quelqu'un qui vous fait vite comprendre toute l'horreur que peut représenter le mot « bavasser ».

 

Et puis, ma soeur et moi, nous avons trop conscience d'avoir encore au mieux 70 ans à vivre (sauf cryogénisation impromptue), dont peut-être seulement 40 à 50 ans où nous serons suffisamment alertes et saines d'esprit pour faire autre chose que nous balancer, le regard vide, sur notre rocking chair, un vieux chat dégarni sur les genoux, pour ne pas employer chaque seconde de notre existence dans toute leur potentialité.

 

C'est pour ça qu'en plus de discuter :

 

  • non seulement nous nous employions activement à parfaire l'éducation de mes neveux, tant sur un plan intellectuel (Mais pourquoi as-tu colorié 3 télétubbies en bleu et le quatrième en jaune ?) que sur un plan social (Attention, tu vas renverser la télévision à faire tournoyer comme ça ton camion de pompier en l'air !),

     

  • mais encore nous nous ouvrions sur le monde grâce à nos ordinateurs respectifs web-connected à internet.

 

Un peu comme Napoléon en fait.

 

Et j'étais juste en train d'entrer mon code RIO pour finaliser mon changement d'opérateur téléphonique (Je reçois ma nouvelle carte SIM dans combien de temps, tu penses ?), lorsque ma soeur, qui menait une étude approfondie des films à ne pas aller voir au cinéma la semaine prochaine (Attends, écoute le synopsis !), m'a tout à coup demandé sans aucun ménagement :

 

"Et au fait, tu es au courant qu'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri sont séparés ?"

 

Dans la vie, il y a deux sortes de scoops.

 

Ceux que j'aime bien et ceux que je n'aime pas.

 

Celui là faisait clairement parti de la seconde catégorie.

 

Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, je les ai découverts un beau jour dans Cuisine et dépendances.

 

Après ça, on peut dire que je ne les ai plus vraiment quittés.

 

En tout, j'ai bien dû visionner au moins 100.000 fois par an ce film, et pareil pour Un air de famille et On connaît la chanson.

 

Et à chaque fois, j'admirais leur talent d'écriture, leur finesse d'analyse, leur humour grinçant et bien sûr la justesse de leur jeu d'acteur.

 

Autant de qualités émanant de deux personnes qui me laissait penser que le couple qu'elles formaient, loin de reposer sur un ciment de bas étage fait du seul partage des aspects les plus communs de l'existence, tirait toute sa force et sa supériorité de la parfaite communion d'esprit dans laquelle elles s'étaient un beau jour, en dépit de leurs différences de caractère et de tempérament, surprises et reconnues.

 

Vous l'aurez compris, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri représentaient un peu, pour moi, l'incarnation du couple mythique moderne, celui qui parvient à résoudre l'équation impossible d'une union pleinement harmonieuse de deux personnalités pleinement indépendantes.

 

Un tel couple devait durer pour toujours, jusqu'à la mort et même bien au-delà.

 

Ils étaient la preuve qu'à l'ère moderne, l'amour ne se résumait pas qu'à une question de division par deux des charges de copropriété ni à un partenariat de lutte contre la solitude devant petit écran.

 

J'en étais tellement convaincue que même la genèse de leur rencontre racontée par Agnès Jaoui dans un vieux numéro de Première - « J'avais froid, il m'a proposé son blouson » - m'avait paru d'un romantisme incroyable...

 

Tout s'est effondré hier avec la nouvelle de leur séparation.

 

"Quoi ??! Eux aussi !" me suis-je exclamée incrédule.

 

"Non, tu me fais marcher, tout ça c'est pour que je t'achète encore des cocopops..."

 

Mais en fait, renseignements pris sur Voci.fr, c'était vrai, et même, Agnès Jaoui se plaignait d'être toujours un peu restée dans l'ombre de Jean-Pierre Bacri jusque là.

 

Les couples parfaits n'existent pas, c'est maintenant une évidence.

 

Tant pis.

 

Finalement, le ciment le plus fort entre les individus, ce n'est pas une belle entente illusoire et éphémère, mais un rapport de nécessité réciproque durable.

 

Exemple : j'ai un joli chalet à Courchevel / tu as une belle maison en Corse.

 

Il va falloir s'y faire...

 

mercredi 6 mars 2013

Oser le style

 

3h37 du matin, je me réveille, j'ai soif, je me lève, je n'allume pas la lumière, je vais prendre un verre d'eau à la salle de bain. 

 

Oui, il m'arrive parfois de me réveiller la nuit pour des choses aussi futiles que d'avoir soif (et pas toujours pour réfléchir à la façon la plus efficace de lutter contre la propagation incontrôlée du colza génétiquement modifié dans les champs de maïs génétiquement modifiés) (même si ça m'arrive aussi). 

 

3h38 du matin, je repose mon verre d'eau, je n'allume toujours pas la lumière, j'enchaîne deux ou trois élégants pas chassés pivotants supposés me rapprocher de mon lit, suivi d'un saut arrière plein de grâce censé amener ma tête pile sur mon oreiller. 

 

Oui, depuis que mes séances de gymnastique au sol ont pris fin en Terminale, je suis un peu nostalgique de ce genre d'exercices physiques et j'aime profiter de l'obscurité pour renouer plus intensément avec les sensations oubliées du temps jadis il est loin maintenant (et hop, encore un ATR loupé).

 

3h39 du matin, la lumière est encore éteinte, ma tête ne rencontre pas du tout mon oreiller mais se heurte lourdement au radiateur situé devant mon lit et je finis par basculer entièrement par terre.

 

Oui. Petite erreur d'appréciation des distances. 

 

C'est dans des circonstances comme celles-là que l'on réalise sa chance de ne pas être aveugle.

 

Et aussi de vivre au temps de l'électricité.  

 

 

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lundi 4 mars 2013

Pourquoi il ne faut pas partager son coiffeur avec ses proches

 

Déjà parce que si le proche en question se fait coiffer dans un salon de luxe, cela veut dire que vous allez vous-même développer des goûts de luxe, ce qui est toujours mauvais (paraît-il). 

 

Ensuite (et surtout) parce que votre proche peut très bien se mettre à discuter avec votre coiffeur et qu'il peut justement en arriver à parler de vous. 

 

Et là, vous pouvez apprendre, par retour de coiffeur, que : 


« Oui, Diane - la coiffeuse - se souvient bien de toi, elle m'a dit "Ah oui, la jeune fille blonde un peu timide" ».

 

Trouver une personne un peu timide, c'est une impression parfaitement subjective, bien sûr. 

 

Personnellement, je n'interprète pas nécessairement comme de la timidité le fait de ne pas discuter avec sa coiffeuse pendant 1 heure non stop de mise en pli (le travail est énorme).

 

D'abord, je n'ai pas forcément mille et mille choses intéressantes à lui raconter (cf. mon blog). 

 

Ensuite, peut-être qu'elle n'a pas non plus grand chose d'extrêmement passionnant à me relater (je n'ai pas encore trouvé son blog mais cela reste une hypothèse envisageable). 

 

Et enfin, j'aime bien, de temps en temps - parce qu'au fond je suis de nature plutôt réservée (sauf crise d'euphorie momentanée) - être un peu au calme. 

 

Mais ce n'est pas parce que vous ne donnez aucun poids à la remarque de votre coiffeur que votre proche - qui partage en l'occurrence ce même coiffeur - ne lui accorde, lui, aucun crédit :

 

« Ce serait bien que dans la vraie vie, avec les gens qui te connaissent moins bien que nous, tu ressembles un peu plus à Ginger »...

 

... sous-entendu « et un peu moins à l'autre, tu sais, celle qui n'écrit pas de blog ».


Ginger, l'expansive, un peu fantaisiste à ses heures, qui s'exprime en (quasi) totale liberté. 

 

L'autre, plus réservée (voire timide selon certains), dont le surmoi social a tendance à étouffer chez elle tout élan de spontanéité et de fantaisie. 

 

Ginger, la sagittaire qui file droit devant. 

 

L'autre, l'ascendant balance qui s'emmêle douloureusement les plateaux. 

 

Ginger, la nature profonde. 

 

L'autre, l'apparence conventionnelle. 

 

L'analyse n'est peut-être pas totalement fausse. 

 

Mais elle est quand même un peu rapide. 

 

Entre Ginger et l'autre, il existe des tas de paliers différents qui se manifestent en fonction du degré d'affinité que j'ai avec mon interlocuteur. 

 

Plus je suis à l'aise avec quelqu'un et plus le curseur tend vers Ginger, moins je suis détendue avec lui et plus je suis proche de cet autre.

 

C'est fou d'arriver à un tel degré d'analyse de soi sous l'effet conjugué des paroles de son coiffeur et de son blog...

 

A croire que, finalement, partager son coiffeur avec un proche vaut bien une petite psychanalyse (à condition de tenir un blog en complément) !

 

 

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vendredi 1 mars 2013

Bien cerner quelqu'un en deux questions chrono


Parfois, un beau jour, une nouvelle personne débarque dans votre environnement professionnel.


Elle arrive, elle est là, devant vous, vous la voyez.


Vous la voyez mais pourtant vous ne savez rien d'elle.


Oh, bien sûr, sa tenue, ses gestes, la taille de son sac à main, la forme de sa boucle de ceinture, ont tôt fait de vous en apprendre un peu plus sur sa personnalité.


Mais ce que vous ignorez encore c'est :


1) si elle est célibataire / mariée / divorcée /en concubinage / trompée (ce qui suppose déjà qu'elle soit en mariée) / veuve,


2) si elle a 2, 5, 15 enfants ou plus.

 

Bref, il vous manque à peu près toutes les informations propres à alimenter du ragot de qualité à la machine a café.

 

Pas évident, me direz-vous, de se renseigner très rapidement sur le sujet, surtout si vous n'êtes pas amené à côtoyer plus de 5 minutes par jour la personne en question...


Eh bien détrompez-vous, j'ai fait dernièrement la connaissance de quelqu'un qui m'a persuadée du contraire.

 

Je le croise à l'entrée du bureau, la conversation s'engage, pleine de vie et d'entrain :


- Bonjour.


- Bonjour.


- Ça va bien ?


- Très bien et vous ?


- Le mari va bien ? (notez qu'il ne prend même pas la peine de répondre a ma dernière question qui me tenait pourtant terriblement à coeur)


- Euh, oui, enfin c'est a dire que n'étant pas mariée...

 

- Et les petits monstres ?


- Ben, n'ayant pas d'enfant non plus, en fait, ça m'est un peu difficile de vous répondre (sauf si c'est des nouvelles de mes popples que vous voulez, auquel cas, oui, merci, ils vont bien, ils coulent des jours paisibles au grenier)...

 

Voilà un état des lieux vite fait, bien fait, dont je crois que tout un chacun gagnerait à s'inspirer.


En deux minutes chrono, votre curiosité est étanchée, et vous vous évitez une longue et laborieuse enquête au moyen de questions détournées (Et la Saint Valentin, c'était chouette cette année ?, Pas trop dur de s'organiser avec les enfants pour la 50ème grève enseignante en moins de deux mois ?, Toi, tu aurais bien aimé prolonger ton dernier congé de maternité avec des vacances ?).

 

Pourquoi vouloir toujours faire en subtilité et en finesse quand on peut y aller beaucoup plus efficacement en mode gros bourrin lourdingue ?

 

Je me demande...


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Popples en phase chrysalidale au grenier.