lundi 25 février 2013

On ne prête qu'aux vieux

Vendredi en fin de matinée, j'ai reçu un coup de fil de la Belette :

 

Ginger, mon chauffage est tombé en panne, tu peux venir jeter un coup d'oeil ?

 

Sans doute se souvenait-elle que je suis un peu une experte en matière de radiateur.

 

Il faut dire que, deux fois déjà, j'ai été confrontée à de sérieux ennuis avec ce type d'appareil et que je m'en suis sortie la tête haute.

 

Une première fois, souvenez-vous, alors que le chauffage venait d'être remis en marche pour tout l'immeuble (adieu terrasses de café et chapeaux de soleil), mon radiateur était le seul à ne pas marcher.

 

J'avais finalement réussi à solutionner le problème avec l'aide de ma gardienne qui m'avait conseillé de tourner le bouton du thermostat pour qu'il ne soit plus à zéro (très efficace).

 

Une seconde fois, plus récemment – je ne l'ai pas raconté sur mon blog parce que juste après  Debbie s'est incrustée chez moi et ça me faisait trop de sujets en même temps – mon radiateur dégageait une odeur de fuel suspecte à 2 heures du matin.

 

Là encore, j'étais arrivée à résoudre la difficulté, cette fois avec l'aide des pompiers (après avoir essayé, sans succès, de joindre mon frère, puis, avec succès, mes parents qui n'avaient pas d'avis particulier sur la question) en ne faisant rien vu qu'en fait l'odeur ne venait pas de mon radiateur mais de la fenêtre à côté qui laissait passer les émanations de gaz de l'usine Lubrizol (merci Lubrizol).

 

Bref, je commence à avoir une petite connaissance en matière de chauffage et je suis donc passée chez la Belette dans l'après-midi l'aider à bricoler sa chaudière.

 

Bien sûr, nous n'avons rien pu faire vu que le brûleur était mort et que ni moi ni elle nous n'avions la pièce sur nous, mais comme c'était déjà l'heure des Césars, elle m'a dit, pendant qu'on lavait nos mains pleines de cambouis :

 

Hey Ginger, ça te dirait de rester regarder les Césars avec mon marido et moi en mangeant des sushis ?

 

Là, la Belette avait tapé dans le mille.

 

1) des sushis : miam,

 

2) des Césars : un sujet qui m'inspire,

 

3) les regarder ensemble : être certain de bénéficier de commentaires de qualité, la Belette, pour ceux qui l'ignoreraient encore, étant l'auteur d'une chronique people très suivie, et son marido étant aussi très à la page en matière de showbiz même s'il ne tient pas (encore) de chronique people sur un blog (dommage).

 

Inutile de dire que beaucoup de réflexions profondes ont été échangées :

 

- il est pas mort lui ?

 

- la robe verte de Bérénice Béjo fait un peu trop Robin des bois pour être honnête, surtout avec l'espèce de lierre qui lui parcourt le bras,

 

- il a quand même joué dans des tas de films inintéressants Kevin Costner mais on lui pardonne parce qu'il vieillit bien, - Mélanie Theuriau est franchement pas mal (sans doute son maquillage),

 

- François Damien, c'est un concept à lui tout seul (comprenez ce que vous voudrez),

 

- ...

 

Les prix défilaient – toujours dans ce même ordre immuable, du prix dont on se fiche le plus (prix du meilleur perchman, prix du meilleur figurant, etc.) au prix qui là, pour le coup, t'évoque vraiment quelque chose.

 

Et, à un moment donné, après avoir avalé tous nos sushis et nos makis, on a enfin fini par arriver à cette catégorie de prix là.

 

Il était temps, je commençais à me demander ce que j'allais bien pouvoir manger pour patienter sinon.

 

César de la meilleure actrice (roulements de tambour).

 

Evidemment, tout de suite, avec mon imagination fertile, j'ai pensé à une beauté fatale à la Marilyn Monroe, glaciale à la Grace Kelly ou encore juvénile à la Audrey Hepburn, monter sur scène récupérer le totem d'or.

 

Et là, Emmanuelle Riva pour Amour.

 

Bon.

 

Ok.

 

Elle fait un petit discours un brin décousu, Kevin Costner s'endort parce bon, il n'avait pas signé pour une visite en maison de retraite en venant récupérer son César d'honneur, elle ne peut pas porter le César parce qu'il est trop lourd, Omar Sy se transforme en manutentionnaire pour l'occasion.

 

César du meilleur acteur (re-roulements de tambour).

 

Là, je me dis, c'est sûr, on va avoir du niveau.

 

J'attends avec impatience de voir apparaître un séduisant, classe, impeccable, élégant, jeune homme, de préférence célibataire.

 

Et là, Jean-Louis Trintignant pour Amour.

 

Bon, bon...

 

Mouais.

 

Fiston vient récupérer le trophée, il essaye d'appeler papa, c'est occupé, ah non, papa décroche, papa remercie, fiston emporte le totem inca (autre manutentionnaire).

 

Bon, bon.

 

Léger sentiment de malaise en éteignant la télévision.

 

Alors oui, je sais, il y a des gens qui aiment beaucoup les personnes âgées – j'ai moi-même quelques personnes âgées dans mon entourage.

 

Mais, au risque de choquer, quand même, il y a des limites.

 

C'est vrai, les personnes âgées, elles ont déjà la carte vermeil, toute la journée pour faire leurs courses, Questions pour un champion, des assistantes de vie, André Rieux, une retraite que nous n'aurons jamais, des clubs de scrabble, le droit de d'exiger nos places dans le métro...

 

Et maintenant, voilà qu'elles veulent nous ôter la distinction de meilleur acteur.

 

Et pire, elles veulent carrément nous confisquer l'Amour.

 

Oui, l'Amour, rien que ça.

 

Ca ne leur suffisait pas d'avoir déjà tout un tas de privilèges, il faut qu'elles arrivent en fourbes dépouiller la jeunesse des quelques menus avantages qu'elle conserve encore.

 

Vous verrez, bientôt, elles viendront aussi nous piquer notre peau lisse et nos cheveux pas blancs.

 

Il est temps d'entrer en résistance les amis, après il sera trop tard. 

 

Tous les coups sont permis, même ceux dans la canne de mamie.

 

 

chaudiere.gif

Et sinon, quelqu'un a un brûleur en rab ?

jeudi 21 février 2013

La fille qui ne savait pas se servir de son répondeur

Aujourd'hui, ce que je vous raconte, c'est une histoire qui s'est vraiment passée et qui en plus a bien eu lieu. 

 

C'est peut-être même tout ce qui fait le côté dramatique, voire pathétique, de ce récit. 

 

La scène se déroule dans un supermarché dont je tairais le nom par souci d'anti-consumérisme, et nous suivons une fille justement en train d'y faire ses courses (notez qu'elle aurait très bien pu être un des ouvriers en train de refaire le rayon femme collants-chaussettes).

 

C'est justement l'opération "9 jours de Monoprix" et cela lui demande une certaine concentration puisque pour tous les produits signalés par une étiquette "1 acheté = 1 gratuit" (étiquette orange), elle se sent obligée de faire un audit complet de son frigidaire et de ses placards avant de se dire que non, 2 paics citron d'1 litre chacun, ce n'est peut-être pas nécessaire vu qu'il est fort possible que dans 5 ans j'aie un lave-vaisselle... ou disons dans 10 ans... encore que... bon, allez, je les prends ces paics citron qui me tendent les bras (ils sont forts ces commerciaux) !

 

En plus, elle doit éviter les gens qui sont venus des 4 coins de Pétaouchnok pour faire des provisions de produits gratuits (et pas forcément que du paic citron d'ailleurs, il y a aussi des souplettes Royco avec des croûtons) et qui, le nez dans leur prospectus, ne font pas du tout, mais alors pas du tout attention au chaland (un peu de respect que diable !). 

 

Au rayon produits frais, le téléphone de la fille en question se met à vibrer. 

 

Tant bien que mal, elle le sort de son sac à main et, quoi, un numéro inconnu (frisson d'angoisse, ça sent trop les ennuis potentiels), elle ne décroche pas et attend que la personne qui l'appelle lui laisse gentiment un message. 

 

- Ici, petite parenthèse pour vous dire que c'est drôle, je suis un peu comme cette fille, je m'abstiens de prendre un appel quand le numéro qui s'affiche ne correspond pas à l'un des contacts enregistrés dans mon répertoire.

 

Cela m'évite une foule de nuisibles (Orange, Darty, INSEE...),  et puis pour les nuisibles que vous êtes obligé de rappeler (patron, grand tante Germaine...) eh bien vous avez le temps de vous préparer psychologiquement 1) à l'objet de leur appel, 2) à la réponse appropriée qu'il convient de leur adresser. 

 

Exemple avec la grand tante Germaine qui a indiqué à votre répondeur qu'elle voudrait bien s'incruster chez vous pendant 15 jours pour aller voir la Tour Eiffel (au passage, il n'y a pas besoin de 15 jours pour aller voir la Tour Eiffel) (est-ce qu'elle aurait donc fini par rencontrer quelqu'un ? Incroyable !) : lors de son 2nd appel, vous avez préparé une jolie réponse pour lui dire que c'est trop dommage, à cette date vous serez partie en séjour humanitaire à Bali soigner des bébés ornithorynques et que vous ne pouvez pas lui laisser votre studio vu que vous le prêtez à une famille de touristes Chinois en situation de surendettement. Fin de la partenthèse. -

 

Bref, revenons à l'héroïne du récit (sinon elle va s'impatienter) : mi-curieuse, mi-anxieuse, elle compose le numéro de sa boîte vocale pour écouter le message laissé par la mystérieuse personne qui a essayé de la joindre.

 

Et là, message de Djane, son amie de toujours (enfin presque) : 

 

"Oh bichette, mais comment ça se fait que tu ne sois jamais joignable..."

 

Pas besoin d'en entendre plus : Djane a essayé de l'appeler du bureau, d'où le numéro inconnu (oui, même les filles comme Djane finissent par travailler un jour, et même dans un registre professionnel présumé sérieux par la plupart des gens, c'est la grande leçon de la vie).

 

Plutôt que de s'enfiler une longue tirade sur le fait que c'est inadmissible de rater comme ça en moyenne un appel sur deux, la fille décide de rappeler Djane illico pour être sûre que, comme elle le pense, celle-ci n'a rien d'important à lui dire. 

 

- Allo, Djane ?!!!!!!!!!! (ton de grosse connivence affectueuse),

 

- Euh... non... (surprise de l'interlocuteur qui n'a pas du tout la voix de Djane),

 

- Ah... (phase de doutation intense, mise en route du cerveau puissance 10.000, idée de génie, tout s'éclaire : c'est le standard de sa boîte !). Est-ce que je pourrais parler à Djane R******* s'il vous plaît ? (ton professionnel blasé),

 

- Euh... je pense qu'il y a une erreur, il n'y a pas de Djane R****** ici. En fait je vous ai appelée à l'instant et je vous ai laissé un message sur votre répondeur, mais vous n'avez sans doute pas dû le trouver

 

Ah d'accord, se dit la fille. 

 

Tout s'éclaire vraiment. 

 

Le message de Djane, c'était juste un vieux message d'il y a 3 semaines qu'elle n'avait pas écouté. 

 

Le dernier message, par contre, ce n'était pas Djane du tout mais plutôt une personne du genre sérieux, avec laquelle on fait plutôt attention à conserver un semblant de crédibilité. 

 

- Ah non, effectivement, je ne l'ai pas trouvé. J'ai voulu appeler une autre personne mais j'ai dû me tromper quelque part (ahem). Bien et sinon, c'est à quel sujet ? (ton très aimable, très professionnel et très dégagé). 

 

Je n'aurais pas franchement aimé être à la place de cette fille à cet instant là. 

 

Et je compatis d'autant plus à la légère gêne qu'elle a dû ressentir que, figurez-vous, je la connais vaguement. 

 

Mais inutile de me demander son nom, elle souhaite conserver l'anonymat. 

 

mains-paic-copie-1.jpeg

Un bon Paic citron, il n'y a que ça de vrai dans la vie.

vendredi 15 février 2013

A un boulet près, je passais des vacances idéales


Vous avez peut être cru, à lire mon dernier article, que j'avais passé en tous points un séjour de ski idyllique.


Dans ce cas, vous êtes allé un peu trop vite en chemin.


Ce n'est pas parce que l'on est sans arrêt occupé à faire des tas de choses qui, en elles-mêmes, paraissent vraiment très chouettes, et que, du coup, on n'a pas de temps pour des trucs beaucoup moins chouettes, que cela signifie que tout est parfait.


Car non, je le dis haut et fort : tout n'était pas parfait durant mes vacances. 


Pourquoi ?

 

Parce que c'était des vacances de groupe.

 

Et alors ? me demanderont mes nombreux lecteurs de moins de 4 ans qui ne sont encore jamais partis en vacances de groupe (sans doute pour des raisons financières, la crise, toussa). 

 

Eh bien, parce que dans un groupe de vacances, comme mes lecteurs de plus de 4 ans le savent, il y a toujours un boulet.

 

A croire que si vous réunissez plusieurs personnes pour un séjour extra sur le mode on-oublie-tout-et-de-préférence-loin-de-la-civilisation, il y en aura toujours une, parmi elles, pour se dire Tiens, et pourquoi ne pas me distinguer en pesant le plus lourdement possible sur le reste du groupe, ça pourrait être amusant ?

 

Si l'on est attentif, on peut en général repérer assez vite son boulet.

 

Trois fois sur quatre, c'est celui qui monte dans le train juste au moment où retentit la sonnerie du départ.

La fois sur quatre qu'il reste, eh bien c'est celui qui rate le train.

Car le boulet a beau pratiquer le réseau RATP depuis des années, il n'a visiblement toujours pas intégré la notion de régulation de trafic ni celle de panne de signaux de signalisation.

Un autre signe qui ne trompe pas, c'est que le boulet est toujours le seul à ne pas avoir prévu de sandwich pour déjeuner dans le train.

A 12h30, en même temps que tous les autres boulets de la rame, il quitte sa place pour transhumer jusqu'au wagon restaurant, et en revenir, 3 heures après, avec un malheureux sandwich censé être au pain de mie alors qu'en fait non, c'est bien du plastique.

A ce stade, une telle loositude a plutôt le don de mettre tout le monde de bonne humeur.


Ah ah, sacré Arthur, c'est de naissance ou c'est son boulot de trader qui lui a définitivement lessivé le cerveau !

Mais ce qui trompe tout le monde, alors, c'est que le boulet s'est jusque là contenté de se prendre les pieds dans sa propre boulettitude, sans encore avoir causé le moindre dommage collatéral au groupe.

Il faut attendre un peu pour bien percevoir tout le potentiel nuisible du personnage sur vos vacances.

Et cela commence dès la sortie collective au supermarché.

Le boulet n'aime rien comme tout le monde et pas question pour lui de subir les goûts des autres, ses vacances c'est sacré.

Si tout le monde dit Génépi, il dit Brandy.

Bon bah ce sera Génépi et Brandy alors.

La raclette de supermarché, non merci, c'est dégoûtant.

Bon bah ce sera raclette de fromager alors. 

 

C'est sûr, c'est meilleur, mais c'est aussi 3 fois plus cher.


Et tiens que je te glisse le plus naturellement du monde une mousse à raser Mennen expert peau sensible & barbe difficile (ah parce qu'il y a des barbes faciles ?) (je croyais qu'il n'y avait que des barbes fragiles, moi) dans le panier des courses communes parce que j'ai oublié d'emporter la mienne.


Quand je pense que j'aurais pu profiter de ce séjour pour payer seulement 1/7ème de mon dentifrice en faisant semblant d'être partie sans...

Oui, le boulet coûte cher au groupe. En argent, mais aussi en patience.


Pas grave, le séjour ne s'arrête pas à un Sherpa près.

Il se poursuit d'abord au logis où, bien sûr, le boulet ne débarrasse rien des sacs à provisions : il a besoin de prendre une douche là, tout de suite, maintenant, enfin dans la seconde, et puis, comme il est déjà fatigué (sans doute sa longue transhumance du midi), il préfère aller piquer un petit somme pendant que tout le monde entame une partie de cartes pour finalement refaire une apparition éclair en fin de cuisson des pâtes à la carbonara qu'il n'a évidemment pas préparées.

 

Oui, le boulet n'a pas peur de s'autoexclure du groupe pour son confort personnel, il sait que soit on l'aime comme ça, soit on ne l'invite pas.


Le séjour se poursuit ensuite par le lendemain matin (et les cinq matins suivants). 


Consigne pour tout le monde de mette son réveil à 8h (on est au ski, pas au Mickey club).


Le boulet a bien mis son réveil à 8h.


Seulement, comme c'est quelqu'un d'hyper sensible, et surtout à la lumière du soleil, il n'émerge pas avant 8h45.


Ça tombe bien, vous avez eu le temps d'installer tout le petit déjeuner (et aussi de prendre votre douche, de vous habiller et de partir chercher du pain frais) et il n'a donc plus qu'à caler son séant en face de vous et à tremper ses tartines de brioche grillée à la marmelade d'abricots dans son café au lait, le regard absent, pendant que vous vous activez à préparer la demie-douzaine de sandwichs du midi.


Oui, le boulet aime rester à côté des gens qui travaillent sans rien faire, ça le détend.


Sur les pistes, il ne se fait pas encore trop remarquer.


Il faut dire que ce n'est pas le lieu d'expression idéal pour un boulet.


Bien sûr, il ne propose jamais de prendre son tour dans la corvée du sac à dos et il est le seul à ne pas remercier pour les sandwichs, mais cela ne va pas tellement plus loin. 

 

Bon, c'est vrai, c'est le seul qui reste coincé à tous les portiques parce que son forfait - Dieu sait pourquoi - n'est jamais détecté du premier coup, et le seul aussi qui se trouve obligé de régler ses fixations à chaque sortie de télésiège, mais cela pourrait tout autant arriver à quelqu'un de très bien, juste un peu dépourvu de sens pratique.


Oui, le boulet n'a pas beaucoup plus de sens pratique qu'une personne qui n'en a pas.

 

Mais c'est lorsqu'il sent la fin du séjour approcher que le boulet décide de tout donner.


C'est lui qui s'est chargé d'acheter tous les billets de car conduisant au train du lendemain, qui part tôt dans la matinée, à une heure ou il n'est pas possible de trouver un guichet ouvert pour en racheter ? 


Qu'à cela ne tienne, le boulet se fera une joie de vous annoncer, la voix sereine, en sirotant son triple Brandy, qu'il ne parvient pas à les retrouver.


J'ai déjà regardé hier, mais non, pas possible de mettre la main dessus...


A ce moment là vous êtes vivement tenté de lui rétorquer sur un ton nettement moins serein :

 

Comment ça hier ? Mais tu n'aurais pas pu te réveiller plus tôt qu'on aille en racheter (à tes frais) et qu'on ne rate pas tous notre TGV, espèce de crétin de l'ère post-néolithique (voire même avant) ? Ce n'est pas déjà assez de boulettiser à mort pendant tout un séjour, il faut encore que tu nous réserves un bouquet final ?!


Mais à quoi bon gaspiller sa salive ?


Le boulet, c'est un être d'une force psychologique redoutable : il connaît ses mérites et a tout à fait conscience de sa valeur. 


Même les pires insultes glissent sur sa carapace d'indifférence. 

 

Mieux vaut donc s'asseoir en face de lui, le regarder droit dans les yeux, et l'inviter calmement - mais fermement - à fouiller encore et encore dans son portefeuille jusqu'à temps d'avoir retrouvé les tickets qu'il a perdus (depuis la veille).


Ah mais oui, ils étaient là finalement ! Je ne sais pas pourquoi, ça fait au moins 50 fois que je cherche...

 

A cet instant, il ne vous reste plus qu'à endosser la responsabilité de la conservation des tickets de car (sauf si vous souhaitez finalement rester sur place finir la saison dans un restaurant de fondue) et à souhaiter à votre boulet une bonne nuit bien reposante...

 

Oui, le boulet est un être émotionnellement difficile à supporter. 


Tout ca pour dire que l'an prochain, si Arthur part au ski, ce ne sera pas avec moi.


Quelqu'un qui en veut ?

 

 

combi.jpeg

Et en plus il n'avait aucun style.

 

lundi 11 février 2013

Ce qui est dur avec le ski...


... c'est qu'on a le temps pour rien.

 

Enfin si.


Pour prendre sa douche, se ruer sur le petit-déjeuner, participer à l'atelier sandwichs, partir sur les pistes, monter/descendre/monter/descendre, pique-niquer sur les pistes (enfin au bord), monter/descendre/monter/descendre, rentrer des pistes, prendre le goûter, piquer une tête à la piscine, rejoindre le spa, gagner le hammam, se traîner jusqu'au sauna, partir dépenser son trop plein d'argent au Sherpa local, revenir avec ses 2 kg de fromage à raclette et ses 5 kg charcuteries, se servir un rhum-coca/saucisson, savourer sa raclette, goûter du génépi, perdre au jungle speed, gagner à la belote, rejoindre son lit.

 

Par contre, trouver 30 secondes pour répondre à un texto se révèle déjà beaucoup plus difficile.

 

Consacrer 2 minutes à la rédaction d'une description météorologique dans une carte postale insipide vous apparaît au-dessus de vos forces. 

 

Et quant à dégager une plage de temps indéterminée pour téléphoner à votre agence immobilière qui n'a visiblement pas reçu votre virement vu qu'elle vous envoie par mail un second avis d'échéance dans lequel le montant de votre loyer est cette fois inscrit en rouge pour vous aider à mieux en visualiser le chiffre, vous préférez ne même pas perdre de temps à y songer. 

 

Je ne sais plus quel cône glacé disait que la vie est une question de priorités, mais je trouve ça vraiment très vrai... 

 

  magnum.jpeg

 

mardi 5 février 2013

Dans la peau de Jean-Claude Dusse


Jean-Claude Dusse, la caricature du loser beauf lourdingue, on en rit bien quand on est devant sa télévision, déjà un peu moins quand on constate qu'un de ses amis lui ressemble et carrément pas quand on se surprend à partager certains traits communs avec lui.


Non pas que je sois déjà chauve - la nature m'a jusque là épargnée, sur ce point du moins - mais quand je pars pour mon séjour annuel de ski depuis Paris, j'ai parfois la désagréable impression d'être un peu "la fille spirituelle à J-C"...


En temps normal, pour sortir, j'essaye toujours de trouver dans mon placard une tenue à peu près en accord avec les canons de base de la mode parisienne 2010's, ou du moins ce que j'en ai retenu, à savoir : éviter de porter plus de trois couleurs criardes en même temps, dans le doute mettre du noir, bannir les paires de chaussures fonctionnelles. 


Or là, quand je me lance dans mon expédition à travers le sous-sol parisien jusqu'à la gare de Lyon, armée de mon imposant anorak rouge et blanc synthétique et de mes gros après-skis sombres bien lourds aux pieds, je suis loin, mais alors très loin de rentrer dans les codes les plus élémentaires du bon goût vestimentaire dont le B.A.-BA consiste déjà à avoir une tenue adaptée au cadre dans lequel on évolue. 

 

Et, malheureusement pour moi, je n'en ai que trop conscience ! 

 

Pendant tout le temps que dure mon trajet (35 minutes exactement, en comptant le changement à Madeleine), je garde les yeux consciencieusement rivés sur mon livre, ignorant les regards de compassion - voire de mépris - vestimentaire des personnes qui m'entourent. 

 

Nan mais regarde la fille, elle part au ski, elle s'habille déjà comme si elle était sur les pistes ! 

   

Eh bien oui messieurs-dames, j'ai peut-être l'air d'un guignol fluorescent dans le métro mais au moins :


1) je crée l'évènement dans vos vies mornes et sans joie, 

 

2) je gagne de la place dans ma valise pour transporter les kit-kats que je mangerai sur les pistes et le nutella que j'étalerai sur mes tartines de brioche grillée lors de mes goûters post-ski,

 

3) j'ai une tenue parfaitement adaptée pour aller déguster ma croziflette, le soir même, une fois arrivée dans ma station de ski. 

 

Après tout, ce Jean-Claude Dusse, il n'était pas aussi bête qu'il en avait l'air !


 

jcduss_ski.jpeg

vendredi 1 février 2013

Cher Monsieur du recensement


Apparemment, cette année, j'ai été sélectionnée par la Mairie de Paris pour avoir l'honneur extrême de me faire recenser parmi les quelques centaines de personnes qui habitent cette ville.


Je suis très touchée par cette distinction et je désirerais sincèrement vous aider en vous indiquant si j'ai un chat, un hamster ou un poisson rouge, où je range mon pot de nutella et combien de fois je me brosse les dents par jour.

 

Mais il ne suffit pas de vouloir dans la vie, encore faut-il pouvoir

 

Dernièrement, vous avez déposé un papier dans ma boîte aux lettres m'informant que le 25 janvier, vous aviez sonné chez moi mais que je n'y étais pas.

 

Évidemment, comme je relève le courrier seulement à titre occasionnel - parce que si l'ascenseur est au rez-de-chaussée, je ne vais quand même pas risquer de le laisser repartir au 9ème étage, tout ça pour récupérer la plaquette publicitaire d'un faux-plombier-vrai-escroc - je ne l'ai trouvé qu'hier.

 

C'est un peu gênant vu que vous m'y indiquiez que vous repasseriez le samedi 26 janvier pour récupérer tous les documents.

 

Cependant, il ne faut pas que vous ayez trop de regrets parce que, voyez-vous, le 26 janvier j'étais partie tout le week-end manger une raclette chez mes parents (ce fût une très longue et très belle raclette).

 
Et comme je n'ai pas de paillasson devant ma porte d'entrée, je n'aurais de toutes façons pas pu glisser dessous vos documents du recensement, ainsi que vous m'invitiez si aimablement à le faire. 

 

Cette recommandation m'amène d'ailleurs à vous poser une question.

 

Au-delà du fait que bravo la confidentialité si tous vos voisins sont au courant que vous allez peut-être dissimuler des informations hautement personnelles à un endroit accessible à tous, faut-il donc avoir un paillasson pour être un vrai parisien digne d'être recensé comme tel ?

 

Parce que, pour tout vous dire, moi j'en étais restée aux mocassins color-block en cuir unis...


Bien cordialement et au prochain recensement peut-être,

 
Ginger


IMG00504-20130131-0906.jpg