vendredi 15 février 2013

A un boulet près, je passais des vacances idéales


Vous avez peut être cru, à lire mon dernier article, que j'avais passé en tous points un séjour de ski idyllique.


Dans ce cas, vous êtes allé un peu trop vite en chemin.


Ce n'est pas parce que l'on est sans arrêt occupé à faire des tas de choses qui, en elles-mêmes, paraissent vraiment très chouettes, et que, du coup, on n'a pas de temps pour des trucs beaucoup moins chouettes, que cela signifie que tout est parfait.


Car non, je le dis haut et fort : tout n'était pas parfait durant mes vacances. 


Pourquoi ?

 

Parce que c'était des vacances de groupe.

 

Et alors ? me demanderont mes nombreux lecteurs de moins de 4 ans qui ne sont encore jamais partis en vacances de groupe (sans doute pour des raisons financières, la crise, toussa). 

 

Eh bien, parce que dans un groupe de vacances, comme mes lecteurs de plus de 4 ans le savent, il y a toujours un boulet.

 

A croire que si vous réunissez plusieurs personnes pour un séjour extra sur le mode on-oublie-tout-et-de-préférence-loin-de-la-civilisation, il y en aura toujours une, parmi elles, pour se dire Tiens, et pourquoi ne pas me distinguer en pesant le plus lourdement possible sur le reste du groupe, ça pourrait être amusant ?

 

Si l'on est attentif, on peut en général repérer assez vite son boulet.

 

Trois fois sur quatre, c'est celui qui monte dans le train juste au moment où retentit la sonnerie du départ.

La fois sur quatre qu'il reste, eh bien c'est celui qui rate le train.

Car le boulet a beau pratiquer le réseau RATP depuis des années, il n'a visiblement toujours pas intégré la notion de régulation de trafic ni celle de panne de signaux de signalisation.

Un autre signe qui ne trompe pas, c'est que le boulet est toujours le seul à ne pas avoir prévu de sandwich pour déjeuner dans le train.

A 12h30, en même temps que tous les autres boulets de la rame, il quitte sa place pour transhumer jusqu'au wagon restaurant, et en revenir, 3 heures après, avec un malheureux sandwich censé être au pain de mie alors qu'en fait non, c'est bien du plastique.

A ce stade, une telle loositude a plutôt le don de mettre tout le monde de bonne humeur.


Ah ah, sacré Arthur, c'est de naissance ou c'est son boulot de trader qui lui a définitivement lessivé le cerveau !

Mais ce qui trompe tout le monde, alors, c'est que le boulet s'est jusque là contenté de se prendre les pieds dans sa propre boulettitude, sans encore avoir causé le moindre dommage collatéral au groupe.

Il faut attendre un peu pour bien percevoir tout le potentiel nuisible du personnage sur vos vacances.

Et cela commence dès la sortie collective au supermarché.

Le boulet n'aime rien comme tout le monde et pas question pour lui de subir les goûts des autres, ses vacances c'est sacré.

Si tout le monde dit Génépi, il dit Brandy.

Bon bah ce sera Génépi et Brandy alors.

La raclette de supermarché, non merci, c'est dégoûtant.

Bon bah ce sera raclette de fromager alors. 

 

C'est sûr, c'est meilleur, mais c'est aussi 3 fois plus cher.


Et tiens que je te glisse le plus naturellement du monde une mousse à raser Mennen expert peau sensible & barbe difficile (ah parce qu'il y a des barbes faciles ?) (je croyais qu'il n'y avait que des barbes fragiles, moi) dans le panier des courses communes parce que j'ai oublié d'emporter la mienne.


Quand je pense que j'aurais pu profiter de ce séjour pour payer seulement 1/7ème de mon dentifrice en faisant semblant d'être partie sans...

Oui, le boulet coûte cher au groupe. En argent, mais aussi en patience.


Pas grave, le séjour ne s'arrête pas à un Sherpa près.

Il se poursuit d'abord au logis où, bien sûr, le boulet ne débarrasse rien des sacs à provisions : il a besoin de prendre une douche là, tout de suite, maintenant, enfin dans la seconde, et puis, comme il est déjà fatigué (sans doute sa longue transhumance du midi), il préfère aller piquer un petit somme pendant que tout le monde entame une partie de cartes pour finalement refaire une apparition éclair en fin de cuisson des pâtes à la carbonara qu'il n'a évidemment pas préparées.

 

Oui, le boulet n'a pas peur de s'autoexclure du groupe pour son confort personnel, il sait que soit on l'aime comme ça, soit on ne l'invite pas.


Le séjour se poursuit ensuite par le lendemain matin (et les cinq matins suivants). 


Consigne pour tout le monde de mette son réveil à 8h (on est au ski, pas au Mickey club).


Le boulet a bien mis son réveil à 8h.


Seulement, comme c'est quelqu'un d'hyper sensible, et surtout à la lumière du soleil, il n'émerge pas avant 8h45.


Ça tombe bien, vous avez eu le temps d'installer tout le petit déjeuner (et aussi de prendre votre douche, de vous habiller et de partir chercher du pain frais) et il n'a donc plus qu'à caler son séant en face de vous et à tremper ses tartines de brioche grillée à la marmelade d'abricots dans son café au lait, le regard absent, pendant que vous vous activez à préparer la demie-douzaine de sandwichs du midi.


Oui, le boulet aime rester à côté des gens qui travaillent sans rien faire, ça le détend.


Sur les pistes, il ne se fait pas encore trop remarquer.


Il faut dire que ce n'est pas le lieu d'expression idéal pour un boulet.


Bien sûr, il ne propose jamais de prendre son tour dans la corvée du sac à dos et il est le seul à ne pas remercier pour les sandwichs, mais cela ne va pas tellement plus loin. 

 

Bon, c'est vrai, c'est le seul qui reste coincé à tous les portiques parce que son forfait - Dieu sait pourquoi - n'est jamais détecté du premier coup, et le seul aussi qui se trouve obligé de régler ses fixations à chaque sortie de télésiège, mais cela pourrait tout autant arriver à quelqu'un de très bien, juste un peu dépourvu de sens pratique.


Oui, le boulet n'a pas beaucoup plus de sens pratique qu'une personne qui n'en a pas.

 

Mais c'est lorsqu'il sent la fin du séjour approcher que le boulet décide de tout donner.


C'est lui qui s'est chargé d'acheter tous les billets de car conduisant au train du lendemain, qui part tôt dans la matinée, à une heure ou il n'est pas possible de trouver un guichet ouvert pour en racheter ? 


Qu'à cela ne tienne, le boulet se fera une joie de vous annoncer, la voix sereine, en sirotant son triple Brandy, qu'il ne parvient pas à les retrouver.


J'ai déjà regardé hier, mais non, pas possible de mettre la main dessus...


A ce moment là vous êtes vivement tenté de lui rétorquer sur un ton nettement moins serein :

 

Comment ça hier ? Mais tu n'aurais pas pu te réveiller plus tôt qu'on aille en racheter (à tes frais) et qu'on ne rate pas tous notre TGV, espèce de crétin de l'ère post-néolithique (voire même avant) ? Ce n'est pas déjà assez de boulettiser à mort pendant tout un séjour, il faut encore que tu nous réserves un bouquet final ?!


Mais à quoi bon gaspiller sa salive ?


Le boulet, c'est un être d'une force psychologique redoutable : il connaît ses mérites et a tout à fait conscience de sa valeur. 


Même les pires insultes glissent sur sa carapace d'indifférence. 

 

Mieux vaut donc s'asseoir en face de lui, le regarder droit dans les yeux, et l'inviter calmement - mais fermement - à fouiller encore et encore dans son portefeuille jusqu'à temps d'avoir retrouvé les tickets qu'il a perdus (depuis la veille).


Ah mais oui, ils étaient là finalement ! Je ne sais pas pourquoi, ça fait au moins 50 fois que je cherche...

 

A cet instant, il ne vous reste plus qu'à endosser la responsabilité de la conservation des tickets de car (sauf si vous souhaitez finalement rester sur place finir la saison dans un restaurant de fondue) et à souhaiter à votre boulet une bonne nuit bien reposante...

 

Oui, le boulet est un être émotionnellement difficile à supporter. 


Tout ca pour dire que l'an prochain, si Arthur part au ski, ce ne sera pas avec moi.


Quelqu'un qui en veut ?

 

 

combi.jpeg

Et en plus il n'avait aucun style.

 

8 commentaires:

  1. la vache, ça c'est du boulet ! Il serait pas un peu habitué à vivre seul le boulet en question? Parce que là , il fait quand même un peu vieux gars boulet. Non?

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  2. Ouf ! Ça a dû te détendre d'écrire cela. Allez, dis-nous la vérité, avec un peu de chance, ce boulet t'a fait la cour et tu as résisté à son charme car le boulet n'est pas toujours canon...

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  3. Il cumule ton boulet. Ne pars plus jamais en vacances en groupe !

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  4. C'est une blague? C'est vraiment lui?? Seigneur c'te combi bordel.......

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  5. Eh bien il a trouvé son fan-club au moins, ce boulet !

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  6. On a tous notre boulet, c'est pourquoi on te laisse volontiers le tien ! A sa description on lui décerne une palme d'or !

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  7. Petite précision importante : le boulet peut être une boulette.

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  8. Oui mais c'est traître, le boulet prend le train avec son manteau de ville, et ce n'est qu'une fois arrivé à la montagne qu'il expose sa combinaison aux regards !

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