samedi 14 avril 2012

Il y a ce jour où l'on fait connaissance de ses "amis de fac"...

Des amis que l'on rencontre sur les bancs d'un amphi surchauffé pendant un cours parfaitement inintéressant (un parmi tant d'autres), lors d'une séance de travaux dirigés animée par un thésard psychorigide, dans un couloir en attendant son tour de subir un oral qu'on n'a pas eu le temps de réviser, au bar du coin, là où la pinte de bière est la moins chère et où les parties de babyfoot sont gratuites...

 

Des amis dont vous faites ensuite plus amplement connaissance au cours de toute une succession de soirées étudiantes dans des boîtes plus ou moins miteuses, d'apéritifs improvisés dans les studios des uns ou des autres, de sorties au restaurant qui se finissent par des calculs byzantins pour savoir exactement qui doit quoi, de week-ends passés dans la résidence secondaire des parents qui ont le bon goût d'avoir une résidence secondaire...

 

Et en général, c'est dans ce cadre qu'un beau jour, vous faites la connaissance des pièces rapportées de vos amis de fac

 

Les pièces rapportées, elles ne fréquentent pas nécessairement la fac comme vous ; elles peuvent venir d'horizons très divers, en fait.

 

Mais comme elles finissent par être de toutes les sorties entre amis de fac, eh bien elles deviennent à terme - du moins si elles restent suffisamment longtemps dans le paysage - des sortes d'amis de fac par contagion.

 

C'est donc aussi en leur compagnie que vous allez vous lancer dans des parties endiablées de UNO jusqu'à pas d'heure, que vous allez vous ballader en rosalie - vous savez, cette voiture à pédales des bords de plage dans laquelle vous vous étiez bien juré de ne jamais monter - en manquant de rentrer dans des plots en béton sous les regards effarés des passants, que vous allez traverser pieds nus la baie de Somme en riant sous cape à chaque fois que la dame au k-way rouge glisse sur le sable mouillé sous le regard exaspéré de son mari, que vous allez casser la vieille table de jardin que quelqu'un a mal installée, que vous allez vous préparer à contrer l'attaque de la bête sauvage qui semble rôder non loin de votre campement...

 

Et puis il y a la soirée d'hier.

 

Elle arrive un jour, comme ça, mystérieusement, sans crier gare.

 

Vous vous retrouvez installé dans un confortable canapé, une flûte de champagne à la main, dans l'appartement bourgeois de l'un des deux couples désormais bien établis dont vous êtes cerné, en train de trinquer à l'heureuse nouvelle de la naissance prochaine du premier rejeton de ce groupe d'amis de fac

 

Et vous avez la surprise, vous dont la situation sentimentale relève encore d'un charmant flou artistique et pour qui les projets d'acquisition immobilière paraissent aussi proches que votre entrée en maison de retraite, d'entendre aborder pour la première fois des sujets assez passionnants tels que les crèmes anti-vergétures, le danger supposé des échographies 3D, les coffres de toit de voitures pour le transport des poussettes, le prix des terrains à la périphérie, les taux d'emprunt du moment, le choix compliqué d'une entreprise de construction fiable... 

 

Et, toujours votre flûte à la main, vous constatez que vous n'avez curieusement pas grand chose à dire sur ces questions, voire même qu'elles n'éveillent pas chez vous exactement le même degré d'intérêt que celui qu'elles semblent susciter chez vos interlocuteurs, aux yeux desquels vous réalisez tout à coup que vous devez passer pour le bohême-un-peu-instable-mais-sympathique du groupe. 

 

Et, lorsque vous quittez vos amis de fac, ou, disons, ce qu'il en reste, il vous semble presque les entendre se dire :

 

"Dis-donc, Ginger, je me fais du souci pour elle... Mais quand va-t-elle enfin décider de se poser ??!".

 

Bon, vous me direz, l'avantage, c'est que le jour où j'aurai besoin d'une bonne crème anti-vergétures, je sais précisément à qui m'adresser pour choisir la meilleure ! 

 

creme.jpg

5 commentaires:

  1. Encore une soirée de perdue... il faudrait vraiment que tu réfléchisses avant d'accepter une sortie. Mais n'en as-tu pas profité pour déballer ta science toute neuve de l'Opéra ? C'était le bon moment pour placer tes connaissances !!!

    RépondreSupprimer
  2. Je me disais d'ailleurs récemment, mais quand Ginger va-t-elle enfin décider de se poser ?

    RépondreSupprimer
  3. Je crois que nous sommes nombreux à passer par cet état d'âme et tu l'as vraiment bien décrit. Restent : les souvenirs de fac. J'ai quelques copains qui ressemblaient naguère davantage à Robert Smith qu'aux papas comblés qu'ils sont aujourd'hui, je m'inclus dans ce club, ce qui était totalement imprévisible à l'époque. Et pourtant..., ils sont, nous sommes incollables en puériculture désormais !

    RépondreSupprimer
  4. Il reste le suicide ou l'exil si je ne me trompe.

    RépondreSupprimer
  5. A partir d'aujourd'hui ça va changer alors ! Je vais me transformer en Ginger-grosse-méchante et il va y avoir des grincements de dents ! 

    RépondreSupprimer

Un petit commentaire ?