mardi 13 novembre 2012

Faire un bon Magritte en 5 minutes

 

Grâce aux Éditions Atlas et à toutes leurs collections de fiches pratiques, vous avez sans doute appris des tas de trucs très utiles pour la vie de tous les jours.

 

Comme par exemple comment démonter entièrement un moteur de 2 chevaux avec un simple tournevis / fabriquer une perruque XVIIème siècle poudrée à partir de crins de cheval / confectionner un dinosaure grandeur nature en papier carbone / installer une fausse cheminée dans son évier… le tout, bien sûr, en moins de 5 minutes, ère de l'efficacité oblige.

 

Mais avez-vous pour autant appris à faire du bon Magritte en un temps record ?

 

Moi, j'ai eu beau chercher parmi les toutes mes fiches Atlas, je n'ai rien trouvé de tel.

 

Une vraie lacune dans ma vie de tous les jours - et même un véritable obstacle à mon épanouissement de femme - que j'ai décidé de combler le week-end dernier, en me rendant au musée Magritte de Bruxelles avec mon amie Suzanne (qui, elle non plus, ça tombe bien, ne savait pas comment faire du Magritte en 5 minutes).

 

Lorsque nous sommes arrivées au musée, c'était chouette, il ne pleuvait pas.

 

La journée commençait vraiment très bien, nous n'avions pas à nous trimballer des parapluies ruisselants qui vous dégoulinent sur les jambes.  

 

Comme nous n'avions pas pris nos billets à l'avance vu que nous ne savions pas exactement à quelle heure nous allions arriver – oui, nous sommes l'une et l'autre des modèles de désorganisation assumée, par exemple il nous arrive bien deux fois par an de faire des courses sans liste de courses –, nous avons fait comme nos camarades citoyens Belges amateurs de culture : nous avons pris la queue.

 

L'attente ne s'annonçait pas trop longue heureusement.

 

Nous l'avions estimée à ¼ d'heure tout au plus.

 

Mais c'était sans compter sur le monsieur qui est venu se planter juste à notre niveau à Suzanne et moi en disant bien fort à nous et à tous ceux qui étaient derrière :

 

Holà, les gens, à partir d'ici dans la file, suivez-moi, je vous emmène à une autre queue !

 

Trop d'la chance on s'est dit avec Suzanne en marchant bien juste derrière le monsieur, histoire que personne ne nous double, on va passer en 2 secondes alors que les gens juste devant nous en ont encore pour de longues minutes d'attente les pauvres (gentil monsieur).

 

Mais lorsque nous avons constaté que le monsieur, il ne nous conduisait pas à une caisse qui venait de s'ouvrir, mais en plein dans une autre file encore plus longue que celle dans laquelle nous étions avant, nous avons un peu déchanté (méchant monsieur).

 

Hé oui, en Belgique, approcher Magritte, ça se mérite.

 

½ heure plus tard, ça y est, nous y voilà, nous achetons nos places pour le musée.

 

- Étudiantes ?

 

- Non, plus maintenant (petit rire aigre de Suzanne qui visiblement a mal vécu la transition).

 

- Vous pourrez accéder au musée à partir de 12h30.

 

- Mais il est 11h30...

 

- Oui, mais c'est comme ça, c'est un accès par tranches horaires décalées.

 

- (petit rire aigre de ma part - d'une façon générale, je vis assez mal les tranches horaires décalées)

 

- Personne suivante !

 

En Belgique, approcher Magritte, ça se mérite vraiment.

 

(Ou bien alors il faut acheter ses billets en ligne.)

 

Bien sûr, quand nous sommes ressorties avec 1 heure à tuer, il pleuvait, ce qui nous a permis de revenir 1 heure plus tard avec des parapluies ruisselants qui nous dégoulinaient sur les jambes pendant toute la visite...

 

Mais, rassurez-vous, l'expérience Magrittienne ne s'est pas trouvée compromise pour si peu. 

 

Je le clame haut et fort : je sais dorénavant comment faire un bon Magritte en 5 minutes chrono.

 

Sans aucun risque d'erreur.

 

Ginger, un peu présomptueuse ? 

 

Non, pas du tout.

 

Après m'être enfilé 200 toiles et quelques, tout s'est éclairé et j'ai compris qu'en fait, tantôt Magritte était inspiré et faisait du Magritte parcours libre, tantôt il n'était pas inspiré et il piochait dans ses basiques pour faire du bon Magritte déjà vu mais toujours apprécié.

 

Ca devait en général plutôt arriver à la fin du mois voyez-vous, quand Georgette et lui se demandaient un peu comment ils allaient bien pouvoir payer le nouveau loyer car, mon Dieu, que voulez-vous, il faut bien vivre. 

 

Bref, pas la peine de se casser la tête à faire du Magritte parcours libre, c'est bien trop compliqué.

 

Contentez-vous de la voie de la facilité (visons bas mais visons juste) et faites comme moi du bon Magritte déjà vu mais toujours apprécié.

 

Comme je suis une fille très sympa (je ne sais plus qui me le disait encore hier), je vous donne la recette de René himself

 

Attention, concentration. 

 

1) D'abord, on met un peu / beaucoup / à la folie de ciel bleu clair bien nuageux dans sa toile.

 

oiseau.jpeg 

oeil.jpeg 

 

2) Ensuite, on rajoute des rideaux (de préférence des rideaux rouges) quelque part, à un endroit où normalement il n'y a pas de rideaux (c'est ça le surréalisme voyez-vous). 

 

 A0311.jpeg

magritte-4.1179472199-copie-1.jpeg

 

3) Après ça, on s'assure qu'on a bien fait figurer n'importe où au bas de la toile un objet de forme sphérique (de préférence une bille grise mais ça peut aussi être une pomme verte) (la pipe non, ça c'est du Magritte inspiré). 


Sheherazade-2.jpeg 

 memoire.jpeg

 

4) Il ne reste alors plus qu'à assembler tous ces éléments et à donner à son tableau un titre sans rapport avec son contenu (par exemple Promenade en motocyclette ou Vision éphémère).  

le_beau_monde.jpeg 

Le beau monde


 joco13.jpeg

La Joconde

 

 

On récapitule :

  • du ciel nuageux,

  • des rideaux,

  • un objet de forme sphérique posé au sol,

  • un titre inattendu,

et vous êtes sûr de faire du 100% Magritte pas inspiré (mais Magritte quand même).

 

Et vous surpassez même le Maître puisque, vous, vous pouvez dire bien pédantesquement, en présentant votre toile, que Non, ceci n'est pas du Magritte (alors que pour lui, si, c'est forcément du Magritte). 

 

Merci qui ?

 

Merci Ginger !

6 commentaires:

  1. Blanquette de Limoux13 novembre 2012 à 01:02

    Bravo, excellent !

    RépondreSupprimer
  2. Excellent ! Mais dis-moi, qu'as-tu fait de tes fiches Atlas ?

    RépondreSupprimer
  3. C'est peut-être du faux Magritte, mais c'est du vrai Ginger, et c'est pour ça que j'aime.

    RépondreSupprimer
  4. La permanence de nuages chez cet artiste est en contradiction avec ton style ensoleillé.

    RépondreSupprimer
  5. Merci Ginger, toujours en pleine forme je vois !

    RépondreSupprimer
  6. Vas-y, je pense que ça peut rapporter gros ! (PS : c'est une copine blogueuse un peu borderline qui m'a filé l'idée).

    RépondreSupprimer

Un petit commentaire ?