mardi 1 mai 2012

S'il y a bien quelque chose qu'on ne choisit pas dans la vie

 

... c'est son prénom. 

 

Cet ensemble de quelques lettres, qui, quoi qu'il arrive, vous poursuit durant toute votre existence, voire même au-delà (si vous avez la chance d'obtenir, le moment venu, malgré l'urbanisation massive de nos cités modernes, une pierre tombale, il sera a priori gravé dessus).

 

Voilà qu'un beau jour - le jour de votre naissance en fait (où il peut d'ailleurs ne pas faire beau) - deux personnes que vous ne connaissez ni d'Eve ni d'Adam, dont nous ne savez ni d'où elles viennent, ni qui elles sont et dont vous ignorez jusqu'au degré de moralité - point pourtant crucial quand vous savez que ce seront elles qui seront chargées de votre éducation - vous imposent un prénom.

 

Elles ne connaissent rien de vous, qu'il s'agisse de votre caractère, de vos goûts, de vos convictions et pourtant, comme ça, sans s'encombrer de longs débats intérieurs, elles décident de façon totalement arbitraire que : 

 

"Toi, mon petit, tu t'appelleras X"

(vous pouvez remplacez le "X" par votre prénom)

 

Et pourquoi "X" justement ? 

 

Oh, la plupart du temps, même pas parce que ça leur semble s'harmoniser avec votre joli visage de nouveau-né frippé... Le choix de votre prénom était bien souvent déjà arrêté longtemps avant votre naissance !

 

Non, simplement parce que ce prénom flatte leur amour-propre et qu'à travers vous - la vérité est cruelle ! - ils ne voient d'abord qu'un faire-valoir.

 

"Tiens, Garance, c'est joli, ça fait chic, ça fait très 7ème, ça fera bien quand on l'annoncera aux voisins."

 

Sauf que, voilà, Garance, un jour, elle ne sera pas forcément aussi chic que son prénom et que ce que ses parents escomptaient...

 

Et justement, l'autre jour, j'ai fait la connaissance de Bérénice, une amie de mon amie Sofia

 

Sofia m'avait dit : "Tu vas voir Bérénice, elle est vraiment très sympa !".

 

Moi, en entendant ce prénom, j'avais surtout retenu que Bérénice, en plus d'être vraiment très sympa, devait aussi être l'incarnation de la grâce et de la féminité sur Terre...

 

Et, ô suprise, au café où nous avions rendez-vous toutes les trois, je tombe nez-à-nez non pas avec la réplique version moderne et parisienne de la fiancée de Titus, mais plutôt avec une sorte de garçon manqué à cheveux courts, aux traits peu harmonieux, et au gros pull camionneur.

 

"Euh... Ravie de faire ta connaissance Bérénice !" lui ai-je lancé une fois la nécessaire mise au point entre la Bérénice-telle-que-j'imaginais et la Bérénice-que-j'avais devant-les-yeux réalisée par mon cerveau (ça ramait pas mal). 

 

Mais, me direz-vous, les parents de Bérénice étaient peut-être animés des meilleures intentions en appelant leur fille ainsi.

 

Peut-être, mais alors ils ont pêché par excès de confiance en eux en pensant que leur enfant ressemblerait forcément davantage à la Vénus de Millo (avec deux bras en plus) qu'à la vilaine sorcière de Blanche Neige.

 

Et pas de chance, ils ont placé la barre un  chouïa trop haut pour leur fille en l'appelant Bérénice...

 

Alors qu'ils l'auraient appelée Jeanine ou Ursule, personne n'y aurait rien trouvé à redire.

 

En tout cas, pas moi ! 

 

Berenice.jpg

5 commentaires:

  1. Je comprends ton choc. Je l'ai eu il y a maintenant plus de 20 ans en apprenant que "la fille qui porte le livre là-bas s'appelle Aimée". La pauvre... avec son visage...

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  2. Je n'arrête pas de dire à mes parents qu'à cause d'eux je n'ai aucune crédibilité nulle part. On n'a pas idée d'appeler sa fille La Belette.

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  3. Et Ginger, ça correspond à quel type canonique ?

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  4. La beauté intérieure, ça te dit quelque chose ?

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