samedi 19 janvier 2013

Rater son sapin de Noël, c'est possible

Vous connaissez tous cette grande église qui se trouve à Paris, pas très loin du Mac Donalds de l'Hôtel de ville, et qu'on appelle Notre Dame ?

 

Oui, c'est bien ça, celle avec les deux baffles géantes.

 

Eh bien il faut savoir que chaque année, à l'approche de Noël, sur la place même où elle a été construite – le « parvis » disent certains, du nom du restaurant qui en borde l'un des côtés – un sapin géant est installé.

 

C'est un sapin très haut et un peu particulier puisqu'il est spécialement décoré pour les fêtes.

 

Bref, c'est ce qu'on appelle un sapin de Noël et il faut savoir que ça fleurit chaque année vers le début du mois de décembre.

 

Le sapin de Notre Dame, on le voit de très loin et pourtant, même si beaucoup de gens passent devant, rares sont ceux qui prennent le temps de lever les yeux vers lui, de s'arrêter une seconde, de décomposer son feuillage, d'analyser ses guirlandes, de s'interroger sur les boules accrochées à ses branches, bref d'en goûter réellement la saveur artistique.

 

Perdus dans leurs dossiers de marketeux blasés façon New-Yorkais blasés, concentrés sur la première purée de baby Georges à la mode britannique ou occupés à démonter des portiques écotaxe à la façon bretonne, ils n'ont, pour la plupart, même pas conscience qu'un arbre de plus d'une dizaine de mètres a envahi Paris, comme un signal fort de ce que la nature reprend peu à peu ses droits...

 

Un sapin, c'est bien me direz-vous, mais ça ne change pas la face du monde.

 

C'est vrai, mais si la face du monde ne change pas, il n'en reste pas moins que le sapin de Notre Dame, lui, change chaque année et sa décoration aussi.

 

Dans les années pompidoliennes, je n'étais pas encore née mais on m'a raconté que c'était un sapin entièrement peint en orange, que sous Louis XIV, il était coiffé d'une perruque poudrée (peut-être avec une mouche), et que si on remonte encore un peu jusqu'à l'époque des pharaons, il avait une forme pyramidale.

 

Aujourd'hui nous avons certes conservé la forme pyramidale, mais présidence normale oblige, nous sommes pour le reste revenus à davantage de sobriété.

 

Cela n'empêche cependant pas que, chaque année, le sapin est plus ou moins touffu, plus ou moins chargé de décorations, plus ou moins illuminé.

 

Mais jusque là, j'avais toujours trouvé le résultat magnifique. 

 

A la différence de cette année où, croyant l'apercevoir depuis les quais, un frisson glacé m'a tout à coup parcouru le dos comme pour m'aider à bien comprendre à quel point la laideur peut avoir quelque chose d'effrayant... 

 

Vous n'avez pas eu la chance de voir cette horreur ? 

 

Eh bien figurez-vous une espèce de cône de signalisation géant recouvert d'un paillasson en herbe de synthèse quasi-obstrué par tout un amas de guirlandes multicolores absolument mochissimes.

 

Vous visualisez le spectacle ? 

 

Difficilement soutenable lorsqu'on sait que les fêtes sont en principe synonymes d'harmonie, de beauté et de grâce...

 

Comment expilquer un tel raté ? 

 

Je ne sais pas. 

 

En fait, j'apprendrais qu'on a confié cette année la conception du sapin à un gamin de 4 ans, pas vraiment précoce artistiquement parlant, qui n'a rien trouvé de mieux à faire que de réitérer les ignobles gribouillages dont il garnit les murs de sa classe maternelle, en veillant à bien utiliser successivement chacun de ses crayons de couleur jusqu'à temps d'en avoir cassé la mine, je n'en serais pour tout dire pas surprise....

 

Alors oui, au risque de briser la magie de Noël, je le clame haut et fort sur ce blog : les fautes de goût sont possibles, même avec un sapin de Noël.

 

Et l'experte ès sapin que je suis – la Christina Cordula des cônifères, si vous voulez – ne peut que vous adresser quelques recommandations élémentaires pour éviter LE fashion-sapin-faux-pas qui achèvera, après le passage de la bûche glacée au dessert - de plomber l'ambiance de votre réveillon de Noël.

 

D'abord, on évite d'installer les guirlandes en longueur.

 

Ca casse l'élan du sapin, ça en détruit la spontanéité, et ça lui ôte toute lisibilité.

 

Ensuite, on fuit les éléments de décoration trop volumineux.

 

Les boules à facette et les spots lumineux glissés entre les branches, ça alourdit le sapin, ça le tasse.

 

Et enfin, on évite d'utiliser plus de 42 couleurs à la fois. 

 

Un sapin ne doit pas ressembler à un épouvantail. 

 

Voilà, avec tout ça vous êtes sûrs de ne pas rééditer chez vous la catastrophe internationale qui se produit actuellement devant Notre Dame. 

 

Si bien sûr vous ne vous êtes pas déjà occupés de votre sapin...

 

IMG00729-20131207-1958.jpg

Tu es sûr Théo qu'on ne rajoute pas une petite ampoule quelque part ? 

5 commentaires:

  1. C'est un vrai cadeau de Noël de la fin de mandat du Maire de Paris actuel qui permettra à sa successeuse, non, sa remplaçante, de faire mieux en 2014.

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  2. Ca me donne froid dans le dos, je vais enfiler un pull supplémentaire. Et promis, ce n'est pas moi qui décorerai le sapin. J'ai eu une interdiction absolue depuis le jour où je me suis limitée au rouge pour la déco. Il était magnifique, mais mon daltonien de mari n'a rien vu !

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  3. Qu'est ce que je ris et m'émerveille avec vos blogs (Albane, Alphonsine,…)! C'est un pur délice qui met du baume au cœur toute la journée. Tant de malice, de coquinerie et d'à-propos c'est tout bonnement stupéfiant et très réjouissant.

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  4. Le plus étrange, c'est qu'on ne parvient presque pas à voir le sapin sous les illuminations...

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  5. Tu ne peux pas faire pire Albane, c'est simplement IM-POS-SI-BLE !!

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