jeudi 23 janvier 2014

Naissances multiples

 

Ginger, comment se porte ton ficus ? Ginger, est-ce qu'il va mieux ? Ginger, est-ce qu'il a enfin de quoi boire à sa soif ? Ginger, est-ce que tu crois qu'il a encore goût à la vie après tout ce qu'il a traversé ? Ginger, tu penses que si ton ficus pouvait parler, il réclamerait la légalisation de l'euthanasie végétale ? 

 

Les questions ne manquent pas lorsque je sors dans la rue. 

 

Je l'ai bien compris : l'histoire de mon ficus a ému tout le monde. 

 

Et moi la première, puisque je n'avais pas du tout réalisé que pendant les deux ans que nous avons vécu tous les deux, main dans la branche, dans mon studio parisien de 30m2, il avait quotidiennement souffert d'un arrosage trop parcimonieux. 

 

Je tiens, à ce niveau de l'article, à rappeler à mes lecteurs qui prendraient le train en marche que l'explication ne résidait pas dans une quelconque réticence de ma part à assumer le coût financier de quelques litres d'eau annuels supplémentaires (l'eau est comprise dans les charges), mais dans une interprétation erronée des recommandations insuffisamment claires de la fleuriste...

 

De là à dire que la fleuriste est la première responsable de l'état de délabrement dans lequel s'est retrouvé, l'été dernier, mon ficus, il n'y a qu'un pas que je vous laisse le soin de franchir car je déteste pour ma part dire du mal des gens.

 

Toujours est-il que je peux aujourd'hui l'affirmer haut et fort : oui, mon ficus est en bonne voie de guérison ! 

 

Là-bas, loin de la pollution et du brouhaha de Paris, dans son sanatorium retiré dans le tréfonds de la France, sous l'oeil attentif du Docteur Maman (célèbre botaniste spécialisée dans l'étude des moeurs et du comportement des Moraceae), il a décidé de livrer bataille et de remporter le combat sur la vie.

 

Alors qu'il avait déjà une bonne moitié de ses racines dans le compost, il a fait porter, au prix d'un effort survégétal, tout son maigre poids sur l'autre moitié de ses racines encore un peu vivaces, s'attachant à tourner la totalité de son feuillage déplumé vers le soleil...

 

D'où lui est venue une telle force ? 

 

Je ne peux m'empêcher de penser qu'au contact prolongé de ma personne, de mon entrain, de ma pétillance, de ma joie de vivre, en entendant mes éclats de rire quotidiens, en me voyant chanter, danser, me cogner contre le radiateur, me tromper de correspondant téléphonique, galérer à me connecter sur internet, chercher s'il me restait encore des torchons propres, il a compris toute la sève que pouvait représenter la vie. 

 

Et tout ça alors même qu'il aurait pu m'en vouloir de l'avoir sous-abreuvé tant de temps (mais c'est que ce n'est pas n'importe quel ficus, c'est un ficus intelligent qui sait faire la part des choses). 

 

Et la preuve de tout ça c'est que samedi dernier, en débarquant pour le week-end dans le tréfonds de la France, au lieu même du sanatorium où s'est retiré mon ficus, le Docteur Maman m'a conviée à venir admirer les progrès qu'il faisait dans la reconquête de la vie. 

 

Regarde Ginger, que vois-tu ? 

 

Eh bien, ce que j'ai vu, ce sont des tas de nouvelles petites pousses pleines de joie, de santé et d'avenir !

 

Le jour est proche où je replacerai mon ficus, parfaitement rétabli, dans son panier à pique-nique et où nous regagnerons tous deux Paris pour reprendre où elle s'était arrêtée notre harmonieuse collocation... 

 

Je replacerai les oiseaux d'Alphonsine dans son épais feuillage pour qu'il ne s'ennuie pas trop aux heures de la journée où je ne serai pas là. 

 

Le matin, nous nous dirons bonjour. 

 

Le soir, nous nous souhaiterons bonne nuit. 

 

La vie sera à nouveau un long fleuve tranquille.

 

Ficus.jpg

Ca y est, je suis grand mère !

11 commentaires:

  1. Comme quoi faire un break, ça a du bon !

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  2. Après l'annonce de ton mariage, te voilà déjà grand-mère, tu fais les choses en accéléré !

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  3. PS : Les fleuristes donnent volontairement les conseils opposés à ceux qu'ils devraient donner, pour que les clients qui n'ont pas de Docteur Maman reviennent plus souvent !

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  4. Ta relation botanique et tous ces efforts pour requinquer ton petit protégé me touchent beaucoup. Je suis toujours triste quand je vois dans les jardineries ou les supermarchés, de pauvres bonsaï ou ficus assoiffés et rejetés parce que n’ayant pas le physique exact de l’emploi ! Je vous souhaite à tous les deux une belle et longue vie d’émerveillement réciproque !

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  5. Ce n'est plus un ficus, c'est une jungle ! Il a l'air tellement florissant que je ne serais pas étonnée qu'il te donne bientôt des bananes ou des papayes.

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  6. Docteur Maman accepterait-elle de tenter l'impossible pour sauver un hortensia en mauvaise passe, oserais-je dire dans un coma certain?

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  7. Je suis impressionnée par la bravitude de ton ficus.

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  8. Félicitations pour le nouveau rôle de Grand-Mère et merci pour lui à Docteur Maman ! Enfin si tu as besoin de te ressourcer, tu auras en plus maintenant l'excuse de la convalescence de Mr Ficus et de ses petits.....

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  9. Merci pour ces bonnes nouvelles, je me languissais . D'ailleurs, je me demande ...pourras-tu bénéficier d'un congé parental à l'arrivé de ton ficus et de ses petits? C'est que tu vas être très occupée par tout ce petit monde !

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  10. Merci Alphonsine, depuis le temps que ce tag attend, il va trouver une réponse dans la semaine ! Mais sinon, c'est vrai, tu gagnerais à t'exprimer un peu plus... ne serait-ce qu'un mot ou deux par jour, ça pourrait déjà te faire un bien fou !

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