jeudi 3 octobre 2013

Maîtriser son image

 

S'il y a bien une chose dans la vie de compliqué à maîtriser, en dehors d'un rottweiler amnésique, c'est son image. 

 

Bien souvent, sans avoir rien fait pour cela, les gens qui me croisent pour la première fois pensent que je suis très douce, très compréhensive, très gentille. 

 

J'ai parfois même l'impression que, parmi eux, certains me regardent un peu comme si j'étais un ange égaré du paradis qui chercherait patiemment la porte magique par laquelle y revenir. 

 

Je ne me fais pas d'illusion, tout cela est uniquement dû à mes cheveux blonds (les anges ont toujours les cheveux blonds). 

 

D'ailleurs, s'il vous est déjà arrivé de parcourir quelques article de ce blog, vous aurez compris que je suis à peu près tout le contraire : autoritaire, directive, impatiente, malveillante et j'en passe... 

 

Evidemment, les gens qui me croisent à plusieurs reprises finissent par s'en rendre vaguement compte. 

 

Le mari de mon amie Cora - blonde comme moi - nous avait comme ça un beau jour déclaré qu'à la faculté, nous devions passer l'une et l'autre pour des filles très parfaites et comme il faut - sous-entendu, que nous n'étions quand même pas tout à fait - avant d'ajouter : surtout Ginger...

 

Mais au-delà de cette tromperie de fond sur ma personne, il m'arrive, de temps en temps, de ne pas réaliser parfaitement l'image que je renvoie.

 

La dernière en date ? 

 

Eh bien elle est justement liée à Cora, cette amie qui, vous vous en souvenez peut-être, avait attendu l'avant-veille d'une virée à Bruges programmée depuis 3 mois pour se décommander en alléguant sa grossesse de 4 mois dont elle avait omis de me faire part jusqu'alors (manque de temps sans doute). 

 

Depuis, quelques mois ont passé, le petit Louis est né, et Cora et son mari m'ont conviée, ainsi qu'Emma, l'autre amie avec laquelle nous devions nous rendre à Bruges, ainsi que Philippe, sa récente conquête Meetic, à venir faire la connaissance du baby et accessoirement profiter du barbecue. 

 

Nous avons admiré le petit Louis - sans même avoir besoin de trop nous forcer vu comme il est mignon - puis nous l'avons assez vite laissé dormir (le barbecue ne le tentait visiblement pas plus que ça), et nous avons discuté comme de vrais adultes. 

 

Nous avons discuté de tout, de rien, des voisins qui font un boucan monstrueux et des différentes façons de les inviter à davantage de discrétion (coups de téléphone, coups dans le mur, déchets dans le jardin), des accusations fantaisistes de harcèlement moral au travail (s'en prendre gratuitement au physique de son employé n'est pas harceler, c'est juste l'inviter à davantage de lucidité), du coin totalement perdu de Haute Savoie où Philippe et moi avons découvert que nous passions chacun régulièrement des vacances (mais pas ensemble), des différentes façons d'envisager un séjour de ski (sportive, alcoolique, fromagère)... 

 

Bref, une très bonne soirée au cours de laquelle nous avons soigneusement évité d'évoquer les sujets qui fâchent, tels le formalisme kantien, le nouveau seuil de la dette publique, ou encore le championnat du monde handisport de natation. 

 

Bien sûr, j'ai envoyé le lendemain un bref message à Cora pour la remercier et, quelques jours plus tard, elle m'a répondu en retour : 

 

"Ca nous a fait bien plaisir de te voir aussi, comme d'habitude ! Tu me fais trop rire ! J'espère à très vite, je t'embrasse".

 

Je dois avouer que j'ai quelque peu buté sur le "Tu me fais trop rire !".

 

N'ayant ni le souvenir d'avoir passé mon temps à amuser la galerie (je n'ai même pas sorti la blague de la Portugaise qui guide son mari pour garer la voiture), ni celui de m'être méchamment ridiculisée au cours la soirée (je ne me suis pas pris les pieds dans le barbecue en cherchant à attraper des coccinelles), aucune explication logique ne m'est venue à l'esprit. 

 

Pragmatique, j'en suis restée au fait que Cora avait plutôt eu l'air de bien apprécier ma compagnie puisqu'elle allait jusqu'à émettre le souhait que l'on se revoie "très vite"...

 

...et que, pour le reste, on est parfois surpris du décalage entre la façon dont on se voit et l'impression que l'on fait aux gens...

 

clown tristeclown-gai-copie-1.jpeg 

Vous, tel que vous vous voyez.                Vous, tel que les autres vous voient.

6 commentaires:

  1. Je vois tout à fait ce dont tu parles. Le Grand Blond et moi-même en faisons régulièrement les frais. L'impression de n'avoir absolument rien dit de drôle et en face être perçus comme des clowns. Très étrange ...

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  2. Lorsque je t'ai vue l'été dernier, tu étais bien telle que je me l'imaginais (surtout que j'ai été aidée par la photo que tu m'as envoyée). Je rejoins Cora qui te trouve drôle. On peut être amusant sans être un pitre, non ? C'est plus fin, plus délicat, plus à ton avantage aussi !

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  3. Tu es trop sévère avec toi Ginger, tu pourrais remplacer tous les défauts que tu t'attribues par celui-ci. Laisse tes lecteurs t'idéaliser !

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  4. Très bon article, mercibravomerci ! Je ne connaissais pas la blague de la portugaise, en plus.

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  5. Ginger, tu me fais toujours bien rire, même sans nez rouge : continue !

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  6. C'est très gentil So ! Effectivement, j'aime autant qu'on trouve ma compagnie divertissante ; c'est paraît-il très mauvais - sur le plan amical au moins - d'inspirer aux gens trop de tristesse...

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