jeudi 12 septembre 2013

A quoi reconnaît-on un vieux croûton ?

 

Facile me direz-vous, c'est quelqu'un de vieux et d'un tantinet croûton. 

 

Hé bien non, pas nécessairement, c'est un piège ! 

 

Un vieux croûton peut très bien être quelqu'un qui, à en croire l'année de naissance qui figure sur sa carte d'identité, son absence relative de rides et la persistance de quelques mèches de cheveux sur son craîne, est encore relativement jeune. 

 

Car, en réalité, en fait de vieux croûton, tout est question d'état d'esprit !

 

Et je vous prie de croire que je sais de quoi je parle puisque j'ai passé le week-end dernier, du vendredi 20h au dimanche 22h, à Deauville, avec un prototype du genre tout juste âgé de 27 ans. 

 

Ne vous emballez pas, il ne s'agissait pas d'un séjour improvisé à la mer en compagnie d'un bel inconnu rencontré 2 heures plus tôt à la station vélib de Saint Lazare, qui aurait peu à peu viré au cauchemar (le séjour, pas le bel inconnu).

 

Et c'est d'ailleurs assez dommage car cet article aurait incroyablement gagné en saveur, mais enfin, c'est comme ça...

 

Non, c'était tout à fait différent parce que :


1) ce week-end, je ne l'ai pas passé en tête-à-tête avec Florian mais en compagnie également d'une petite dizaine d'autres personnes, elles aussi été recrutées pour occuper le rôle des "amis qu'on invite un week-end à la mer",


 2) Florian, je ne le connais pas de la veille, mais plutôt de pas mal d'années avant. 

 

Pour être tout à fait exacte, il s'agit en fait d'un ami de mon frère, pas le boulet qui est parti avec nous lors de notre dernier séjour de ski, mais un autre, qui est d'ailleurs aussi parti avec nous au cours de précédents séjours de ski. 

 

On ne peut pas dire qu'alors, déjà, il se soit montré d'une normalité parfaitement présidentielle - temps de réveil d'environ 45 minutes, bugs des connections neuronales sur le télésiège, besoin compulsif d'ordinateur au retour des pistes, etc. - mais il arrivait encore à communiquer sans trop de mal avec son entourage et même, de temps en temps, à rire, jouer aux cartes ou aller boire des verres en discutant avec le reste du groupe. 

 

Mais beaucoup de chanteurs/poètes/physiciens l'ont dit : le temps peut faire évoluer les choses, et pas toujours en bien. 

 

Là, cela faisait quelques bons 10 mois que je n'avais pas revu Florian.

 

Et, bizarrement, j'ai tout de suite senti que tout ce temps passé loin de moi ne lui avait guère été profitable...

 

J'en ai eu une première intuition lorsqu'il est arrivé à la station de RER où nous avions rendez-vous, avec plus d'une demie heure de retard par rapport à l'heure fixée, et où il ne lui est visiblement pas venu à l'esprit de s'excuser. 

 

Bon, bon, passons me suis-je dit, Florian est peut-être éreinté par son travail, préoccupé par l'organisation du week-end, ou tout simplement soucieux pour la route, je peux comprendre (mais tout juste).

 

Stoïque, sans même lui lancer une remarque vipérine au sujet de son retard, je l'ai donc suivi dans le RER chargé de nous conduire jusqu'à la maison de ses parents où nous devions récupérer la voiture pour le trajet jusqu'à Deauville.

 

Je m'attendais déjà à une petite conversation mondaine du meilleur ton (Ca va, pas trop fatigué de ta semaine ? / Non mais ça fait du bien d'être en week-end / Tu m'étonnes Jean-Paul !), quand je l'ai vu tout à coup sortir son Le Point de son cartable (Tiens, il va caler sa valise avec ?) avant de se plonger dans sa lecture.

 

Là, je n'ai pas pu m'empêcher de me demander si, par hasard, ma présence ne l'ennuyait pas...

 

Et puis je me suis tout à coup rappelé, d'une, que personne ne s'ennuie jamais en ma compagnie, et de deux, que vu qu'il m'avait invitée, c'était juste impossible. 

 

J'ai eu confirmation de son intérêt pour l'être humain que je suis lorsque, un quart d'heure plus tard, après avoir sorti son paquet de M&M's, il m'a demandé tout en m'en proposant : 

 

Et toi, sinon, le travail, ça va bien ? 

 

Evidemment, je m'étais déjà presque endormie en regardant le magnifique paysage de HLM délabrées qui s'offrait à moi (encore une chance que j'aie été près de la fenêtre), et, en m'entendant ainsi interpellée, j'ai violemment sursauté, manquant à peu de choses de me cogner à la fenêtre. J'étais prête à me jeter sur la sonnette d'alarme tout en composant le 17 sur mon téléphone portable d'une main, lorsque j'ai réalisé que ce n'était que Florian qui me posait une question. 

 

Euh... oui... mon travail, tout va bien... En ce moment je... ai-je commencé à bafouiller en essayant péniblement de retrouver mes esprits. 

 

Ah, excuse-moi, texto d'Aurélie qui nous attend à la maison, je lui réponds ! m'a-t-il lancé sans attendre la fin de mon brillant exposé. 

 

Et heureusement, une fois qu'il a eu fini de répondre au texto d'Aurélie, Florian avait déjà totalement oublié qu'il venait de me poser une question, m'évitant élégamment de patiner davantage sur ma situation professionnelle. 

 

Eteignant son téléphone, il a rouvert son magazine pour entamer la lecture d'un article apparemment assez exaltant consacré aux demeures de charme de Saint Tropez.

 

Mais n'allez pas croire pour autant qu'il ne s'est pas donné la peine, par la suite, de renouer le dialogue avec moi du restant du trajet en RER, non, ce serait une grave erreur !

 

A peine quelques minutes plus tard, Florian m'a montré les photos des villas photographiées et m'a demandé laquelle des deux piscines je préférais.

 

Piscine.jpg

Ecoute Florian, celle-là me paraît très bien...

 

A suivre...

6 commentaires:

  1. Les croûtons, c'est bon seulement dans la soupe à l'oignon.

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  2. Soit il est très timide, soit tu n'as pas saisi la métaphore ambiguë de la piscine. Je n'ose imaginer qu'il soit réellement tel que tu le décris.

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  3. On peut aussi le voir comme quelqu'un de si bon qu'il est prêt à apprendre la patience aux autres au détriment de sa propre image, non ?

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  4. J'espère que le séjour à Deauville valait la peine... La prochaine fois, viens chez moi, je n'ai pas trop de peine à te faire la conversation. Et si j'ai les critères physiques du vieux croûton, j'espère que je n'en pas les critères moraux !!!

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  5. Un vieux croûton peut être savoureux, comme le fait justement remarquer Albane... Pour ma part, étant donné le portrait que tu nous brosses, si j'avais opté pour vieux croûton, cela aurait été sans "vieux" et sans "rout"... Je crois même que je serais allée jusqu'à rajouter jeune, prétentieux et pas élevé !

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  6. J'essaie de l'éduquer petit à petit sur le choix des amis, mais j'ai bien peur que ce ne soit pas inné chez lui, malheureusement (pour moi).

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